vendredi 29 mars 2024

Recette de poireau

12 mars 2014, 14:56

La situation était en train de s’enliser. Entre revirements, déchirements, excès d’allégresse, s’était installé une sorte de relation virtuelle. Il fallait à tout prix y mettre un terme. En langage populaire: « Ça passe ou ça casse. » Tranquillement mais surement, je décidais donc, en ce dimanche matin, de partir voir à quoi ressemblait la « bête ».

5 heures de route devant moi. Assez pour ne pas débarquer à l’improviste, mais propice à une certaine spontanéité. Vous savez comment sont les femmes. Après avoir changé  dix fois de tenue, elles finissent par tout jeter sur le lit de désespoir et s’habiller comme elles l’imaginaient au tout début. Quant à moi, je me suis contenté de remplir un sac en poussant une pile de linge et en conservant ce que j’avais sur le dos en allant à la prière du matin. Vous savez comment sont les hommes. Me voilà donc dans la voiture. J’essaie de ne pas trop fantasmer. Garder la tête froide est la clef. Je démarre et me dirige vers la porte du parking. Il y a un sac en plastique au milieu du passage, je tente de l’éviter, peine perdue. Je suis sur le point de sortir lorsque mon intuition me pousse à m’enquérir de la nature exacte de l’objet à terre. A coté du sac en plastique, il y a des poireaux. Immédiatement, je comprends qu’il s’agit d’un signe. Je réfléchis quelque peu. Selon moi le poireau est lié à l’idée de lenteur. Assez logique lorsque l’on considère le temps qu’il m’a fallu pour me décider à provoquer la rencontre. Néanmoins, lors d’un arrêt sur la route, je consulte internet pour découvrir les multiples sens donnés au mot poireau. Je ne trouve rien de réellement probant qui puisse m’aiguiller dans la compréhension de ce signe. Le temps passe puis nous nous rencontrons. J’oublie totalement l’épisode du poireau. D’autant plus que cela ne lui évoque rien à elle non plus.

Faire la rencontre d’une personne qu’Allah a choisi comme étant la personne idéale pour vous est une expérience déroutante. Surtout lorsque l’acceptation de cette situation est comprise comme telle de part et d’autre. Il y a elle, il y a moi, et il y a Allah. Au fond, je ne suis pas surpris, cette rencontre est dans le prolongement de notre relation téléphonique. Passé l’instant de la surprise de la découverte physique, assez vite la nature profonde de nos deux caractères reprend le dessus. Ceux-ci sont très particuliers, c’est le moins que l’on puisse dire. Que de djihad pour chacun de nous deux, mais surtout, dans le contexte qui nous préoccupe, que de djihad à faire pour s’apprivoiser l’un l’autre. Force est de constater qu’Allah est un chef d’orchestre parfait. Comment aurais-je pu rencontrer cette femme autrement que par son entremise? Si proche mais si différente, je constate à quel point nous sommes complémentaires, mais aussi à quel point nos modes de communications sont si éloignés à l’heure actuelle. Le temps doit faire son oeuvre. Si seulement nos caractères le laissent agir.

Je reconnais volontiers mes failles innombrables propres à ruiner une vie de couple. Je consens au travail à fournir. Je n’ai d’autre preuve que la présentation du travail déjà accompli. Allah sait ce qu’il y a dans les coeurs et cette rencontre n’est pas le fruit du hasard. Par contre, si sa prière de consultation a reçu une réponse immédiate et catégorique, la mienne n’a toujours pas reçu la sienne et aucun signe ne vient me donner de piste. Pendant les deux jours, j’ai l’impression d’être livré à moi-même. Curieuse impression pour quelqu’un qui pourrait se plaindre d’avoir le Créateur sur le dos tout le temps.

Loin de moi l’idée d’étaler ma vie personnelle sur internet et de donner des détails intimes. Ce texte est rédigé dans un but précis et vous allez comprendre ce qu’Allah attend de moi. Depuis maintenant deux ans que la lumière d’Allah m’accompagne, j’ai fais ce que je pensais être bien et ce qu’Il me demandait de faire. La Vérité était le centre de ma quête. Passé les tâtonnements du début, j’ai réalisé que la connaissance ou bien l’acceptation de qui j’étais, n’était pas une nécessité pour tous ceux que je rencontrais. A force de patience, j’ai appris à prendre ma place de manière naturelle, en suivant une progression planifiée. Je n’avais qu’à faire confiance et à faire abstraction de ce que pense les autres de ce que je fais ou qui je suis. Amis proches ou total inconnus ne faisant que passer, aucune distinction. Allah guide qui Il veut. J’ai du me résoudre à l’accepter même si je devais en souffrir.

Toutefois, partager sa vie, fonder une famille avec une femme est l’acte d’engagement ultime après celui de témoigner de la vérité de l’Islam. Un tel acte ne peut supporter une part d’ombre et une par une j’ai fait tomber les barrières de la connaissance. Au bout d’un moment, il était donc inévitable que j’aborde le sujet de ma situation vis-à-vis d’Allah. Bien sur, j’étais bien conscient qu’il était impossible qu’elle accepte qui j’étais facilement. Cela aurait été d’ailleurs de très mauvais signe. Un croyant ne peut reconnaitre un prophète que si Allah lui fournit les Signes et que le croyant les interprète convenablement. Parce que ma vie pouvait paraitre incohérente sans cette composante, je n’avais donc pas d’autre choix que de me déclarer lors de nos conversations téléphoniques.Le sujet est donc revenu lors de notre rencontre physique. Mais cette fois, je comprenais qu’il n’y avait pas de compromis à faire. Nous étions allé trop loin dans le processus pour demeurer dans le flou à ce sujet. De toutes les manières, ma mission pour Allah est au coeur de ma vie et je n’ai pas pour ambition de mener une double vie « d’agent secret ».

J’amène donc une nouvelle fois le sujet. La tension est à son comble et il est aisé de comprendre pourquoi: elle est une croyante. S’imaginer construire sa vie avec un homme qui vit dans le mensonge est tout simplement inconcevable. Ou pire, s’il est dans une sorte de folie. A vrai dire, si je suis convaincu de qui je suis, je ne saurais dire si quelqu’un sur cette terre l’est tout autant que moi. Combien le sont? Aucune idée.

Le ton monte. Et puis, elle me lance: « Regarde ce livre sur la fin des temps, le messie fait parti des gens de la maison, il doit donc porter la marque de la prophétie,un grain de beauté avec une touffe de poil, entre les épaules comme le prophète, sallallah alayhi wa salam. »

Je réponds: »L’emplacement entre les épaules lui est spécifique, généralement les prophètes ont la marque sur la main droite. Cette marque dont tu parles, cela s’appelle un poireau, je la porte sur le bord de chacune de mes épaules. »

Le poireau de mon épaule droite a perdu un grand nombre de ses poils. Force est de reconnaitre que c’est un endroit soumis aux frottements.

Notes:

Il est rapporté par Ibn Sa’d, El Hakem, Baïhaqi et Abou Nou’aïm selon ‘Aïcha (qu’Allah l’agrée) qui a dit : « Il y avait un juif qui vivait à La Mecque et qui commerçait avec elle, lorsque ce fut la nuit de la naissance du Messager d’Allah (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), il demanda au cours d’une assemblée de Qouraïch : « Avez-vous eu une naissance au cours de cette nuit ? » Le groupe répondit : « Par Allah, nous n’en savons rien. » Il dit : « Retenez bien ce que je vais vous dire, cette nuit le prophète de cette ultime communauté est né, entre ses épaules il y un signe ressemblant à des poils serrés comme la crinière d’un cheval, il ne va pas téter pendant deux nuits car un ‘Ifrit parmi les Djinn est entré dans son doigt et s’est installé dans sa bouche l’empêchant de téter. »

http://www.tidjaniya.com/naissance-prophetique.phpLe plat préféré du prophète Muhammad, saws, était l’épaule d’agneau. (relaté dans des hadiths)