jeudi 1 juin 2023

Boob et la Phase

Stephan Pain·vendredi 22 juillet 2016

L’article “La Phase” est devenu très long. Aussi, voici une annexe afin de le compléter. 

Le mot phase est une traduction possible du mot Tur du Coran. C’est aussi un mot bien connu des Gadz’arts, puisque c’est le nom donné à la frappe du pied qui marque le tempo d’accompagnement des chants dans les monômes.
Dans le monôme, nous sommes rangés par ordre de taille. Du plus petit au plus grand. Le premier prend le surnom de pomp’s et porte sa main droite sur son coeur, tandis que tout le monde la pose sur l’épaule de celui qui le précède. Pomp’s est l’abréviation de pompier et fait référence à un récit de l’histoire de l’école. Avant que je ne m’écroule de fatigue, je tapais donc la Phase au milieu de mes camarades. Ainsi, tous les soirs, je posais ma main sur l’épaule de Boob. Boob avait choisi ce surnom car son nom est Boubakeur (version maghrébine de Abou Bakr). Sa famille est 20 – 128. Ses deux numéros ont donc été sous mes yeux pendant un long moment, inscrits en énorme à la craie blanche dans son dos. Il y a quelques jours, je suis tombé “par hasard” sur ce verset. Quelque chose attira mon attention. Ce n’est que par la suite que je me rappelais de Boob et que j’établissais le lien avec l’article la Phase. Le voici:
  • 20.128.Cela ne leur a-t-il pas servi de direction (yahdi), que Nous ayons fait périr avant eux tant de générations (l-qurūni) dans les demeures desquelles ils marchent (maintenant)? Voilà bien là des leçons pour les doués d’intelligence!
C’est ainsi qu’il faut, en effet, se servir de son intelligence pour exploiter toutes les informations que contiennent ce verset. Il s’agit de la traduction habituelle. Le vocabulaire ne pose pas ici de problème particulier. Toutefois, j’ai mis le mot maintenant entre parenthèse car cette précision temporelle n’est pas contenu dans le texte en arabe. Il s’agit d’une déduction à partir du contexte. En effet, en s’aidant du passage de cette sourate, on comprend que cette remarque peut s’adresser avant tout au lecteur contemporain. Nous verrons par la suite qu’elle a été valable à tout lecteur du Coran depuis 1400 ans.
Dans ce verset, il est question des différentes cités qui furent frappées par la malédiction divine à titre d’exemple durant la Révélation. Dans le Coran, nous connaissons la cité d’Iram (des ‘Ad), d’Al Hijr (des Thamud), de Sodome ( avec Lot), de Madyan (avec Chou’ayb). Ninive (Jonas) ne fut pas détruite. Quant à Noé, paix sur lui, ce ne fut pas une cité en particulier qui fut touchée. Si l’on s’en tient aux histoires du Coran, ce verset peut donc se référer à quatre cités. Nous savons que Sodome a été complétement détruite et qu’il n’en reste que des ruines visibles pour témoigner le long d’une route caravanière. Nous savons que Iram est une cité perdue. Elle n’est plus habitée depuis presque 2000 ans. Aucun lecteur du Coran n’a pu marcher dans les demeures de ses anciens habitants. Il en va de même pour Al Hijr puisqu’elle n’a été redécouverte archéologiquement qu’au début du 20ème siècle. Il ne reste donc que Madyan.
Certains pourraient argumenter que Madyan est une cité disparue aussi et qu’il ne s’agit ici que de compléter l’article la Phase où je prétends démontrer que Madyan est en réalité Sichem/Naplouse. C’est là où il faut se servir de son intelligence. Tout d’abord, nous nous accordons sur le fait que Sichem a toujours été peuplée, malgré les multiples invasions, et autres changements de gouvernance. Ceci étant dit, intéressons-nous à la sourate 20 dans son ensemble. Depuis le verset 9 jusqu’au 97, il est question de l’histoire de Moïse, paix sur lui. Si vous analysez en détail cette histoire, vous vous rendrez compte qu’elle traite de la naissance du prophète 39 – 40, jusqu’à l’épisode du veau d’or 83 – 97, en passant par le buisson ardent 9 – 37, la fuite à Madyan 40 , le face à face avec Pharaon 42 – 73, l’exode 77, la traversée de la mer 77 – 78, la manne et les cailles 80. Il y a un épisode qui se fait remarquer par son absence et son importance: la révélation de la Torah au mont Sinaï (Tur). Il n’en est fait aucune mention. Or, la Torah est une lumière et une guidance, hooda (5.44). C’est après cet épisode que Dieu va nommer les hébreux, les allatheena hadoo, ceux qui sont guidés (lire ceci). Revenons au verset 128. Le début mentionne une guidance (yahdi de la racine hd).
La sourate 20 est un long chemin qui part du pied du mont Sinaï lorsque le ministère de Moïse, paix sur lui, débute, pour y revenir et qu’il s’y achève. Les passages de l’enfance, qui sont hors ministère, ne sont cités qu’au titre de souvenirs dans un “dialogue” entre Dieu et lui, versets 39 – 40. Le verset 20.128 est une invitation à réfléchir au lien indissoluble entre le mont où la guidance a été révélée, et la cité prospère au passé mouvementé, mais qui est resté peuplée malgré tout pendant plus de 4 millénaires.
  • wa t teeni wa z zaitoun wa turi sinin wa hadha l baladi l amin
Pour des explications sur la sourate 95, lire ceci.
Pour se servir de son intelligence aussi avec le verset 20.54.