jeudi 28 mars 2024

La parabole des vignerons

Un bout de rocher qui attise toutes les convoitises, toutes les passions. Tant de sang versé en vain. Tout cela ne cacherait-il pas tout simplement le rejet du message divin et l’orgueil triomphant de certains hommes?

Tout d’abord, citons un texte essentiel qui a traversé les siècles.

Psaumes 118:

20 Voici la porte de l’Éternel : C’est par elle qu’entrent les justes.

21 Je te loue, parce que tu m’as exaucé, Parce que tu m’as sauvé.

22 La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient Est devenue la principale de l’angle.

23 C’est de l’Éternel que cela est venu : C’est un prodige à nos yeux.

Mathieu 21:

42 Jésus leur dit: N’avez-vous jamais lu dans les Écritures (Psaumes 118.22): La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient Est devenue la principale de l’angle; C’est du Seigneur que cela est venu, Et c’est un prodige à nos yeux?

43 C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits.

44 Celui qui tombera sur cette pierre s’y brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé.

Quant au Coran, il mentionne la répétition de cette mise en garde:

5.78. Ceux des Enfants d’Israël qui n’avaient pas cru ont été maudits par la bouche de David et de Jésus fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient et transgressaient.

Au début du ministère de Muhammad, la paix sur lui, les premiers musulmans n’avaient pas encore pris la Mecque et fait de la Kaaba la maison de Dieu. Elle n’était qu’un temple polythéiste. Les prosternations se faisaient donc, selon la tradition officielle, en direction de Jérusalem et plus précisément en direction du mont du Temple qui n’est alors qu’un endroit en friche. Un rocher affleure la surface du mont. Sur ce rocher était bâti le Temple de Salomon que les juifs veulent rebâtir. C’est l’endroit le plus saint du judaïsme. La franc-maçonnerie, qui n’a pourtant apparemment aucune aspiration religieuse, partage étrangement ce même désir. Les temples maçonniques, de par le monde, en sont des évocations notamment avec la présence des deux colonnes Joakim et Boaz.

Tablier maçon:

Saint des saints pour les juifs

Le rocher sur le mont Sion est considéré comme une porte d’accès à Dieu pour les juifs, l’endroit du sacrifice d’Isaac. mais aussi pour les musulmans puisque Muhammad y accomplit son voyage nocturne selon le fameux hadith « miraj ». Au niveau de l’aspect c’est un rocher sans forme particulière. C’est ainsi que Dieu  désire l’autel des sacrifices du Temple:

20.25  Si tu m’élèves un autel de pierre, tu ne le bâtiras point en pierres taillées;

L’étoile de David est le symbole de l’Alliance entre Dieu et son peuple. Deux triangles imbriqués. Il est propre aux juifs et non aux samaritains. Le triangle pointe en bas symbolise le peuple, l’humilité, l’eau et la transmission du savoir des cieux à la terre.  Le triangle pointe en haut symbolise Dieu lui-même, la force, le feu et l’ascension des hommes vers Dieu.

Le hadith « miraj » est un écho au récit de l’échelle de Jacob. Ce hadith vient légitimer l’esplanade des mosquées de Jérusalem comme lieu saint. Il y a un parallèle entre Jacob et Muhammad. Jacob a marqué d’une pierre l’emplacement où il a fait son rêve, à quelques kilomètres de Jérusalem. L’emplacement de cette pierre est incertain. Il aurait nommé le lieu Béthel, mais l’archéologie et la géographie n’apportent aucune piste probante. Si bien, qu’en définitive, ce hadith « miraj » est un bienfait pour ceux qui aspirent à reconstruire le Temple à cet emplacement précis. Il vient aussi mettre un terme à la polémique, face aux hommes, entre juifs et samaritains sur les lieux saints des enfants d’Israël et par voie de conséquence sur la légitimité de la possession de la Torah. Comprenez bien tout l’intérêt qu’ont les rabbins de reconnaitre l’Islam, tout en restant le peuple élu. Ismaël a été béni par Dieu. Il est impossible d’effacer cela des textes bibliques. Ismaël est destiné à servir Israël, selon leur compréhension.

Le Temple est donc le coffret qui abrite le saint des saints, le lien direct avec le ciel, et dont les juifs, ou plutôt ses grands prêtres, ont la garde, qu’ils se transmettent de manière héréditaire.

Les Architectes

Le sens du verset des Psaumes: « 20 Voici la porte de l’Éternel : C’est par elle qu’entrent les justes. » viendrait confirmer, dans une certaine compréhension, que le rocher incarne cette porte, et qu’il est là par la volonté de Dieu: « 23 C’est de l’Éternel que cela est venu : C’est un prodige à nos yeux. »

Mais nous voilà avec un verset énigmatique:« 22 La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle. »

Ce même verset fut repris 1000 ans plus tard par Jésus lorsqu’il s’adressa aux sacrificateurs et pharisiens. Il ajouta une précision: « 44 Celui qui tombera sur cette pierre s’y brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. »

Il s’agit d’une précision quant à sa forme: pointue vers le haut, et plate sur le dessous. Il décrivait ainsi la forme d’un pyramidion (la pierre qui coiffe la pyramide).

Ceux qui bâtissaient sont les Architectes, les ancêtres spirituels des Francs-maçons. Moîse les a combattu en Égypte. Ils infiltrèrent la pensée des enfants d’Israël du temps de Salomon. Le Psaume décrit ce phénomène.

« 43 C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits.« 

Jésus conclut sa citation des Psaumes par cette prophétie. Il est donc normal, qu’à la lumière de ceci, ceux qui se disent ses disciples, se donnent pour tâche de l’accomplir et de livrer le royaume de Dieu à une autre nation que la nation juive. C’est ce que fait Paul. Constatant le peu de succès que rencontre la prédication de l’évangile auprès des juifs, il a donc la preuve que le royaume doit être enlevé. Il amorce la rupture entre les nations en s’appuyant sur l’obéissance à la Loi.

Car il faut en effet, replacer ce passage dans son contexte. Il s’agit de la conclusion de la parabole des vignerons.

MATTHIEU 21 :

33 « Écoutez une autre parabole. Il y avait un propriétaire qui planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour ; puis il la donna en fermage à des vignerons et partit en voyage. 34 Quand le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour recevoir les fruits qui lui revenaient. 35 Mais les vignerons saisirent ces serviteurs ; l’un, ils le rouèrent de coups ; un autre, ils le tuèrent ; un autre, ils le lapidèrent. 36 Il envoya encore d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers ; ils les traitèrent de même. 37 Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils. 38 Mais les vignerons, voyant le fils, se dirent entre eux : C’est l’héritier. Venez ! Tuons–le et emparons–nous de l’héritage. 39 Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. 40 Eh bien ! lorsque viendra le maître de la vigne, que fera–t–il à ces vignerons–là ? » 41 Ils lui répondirent : « Il fera périr misérablement ces misérables, et il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons, qui lui remettront les fruits en temps voulu. » 42 Jésus leur dit : « N’avez–vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c’est là l’œuvre du Seigneur : Quelle merveille à nos yeux. 43 Aussi je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. 44 Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera. » 45 En entendant ses paraboles, les grands prêtres et les Pharisiens comprirent que c’était d’eux qu’il parlait. 46 Ils cherchaient à l’arrêter, mais ils eurent peur des foules, car elles le tenaient pour un prophète.

Selon les chrétiens, le propriétaire est Dieu, la vigne est la parole divine, les vignerons sont les enfants d’Israël, les serviteurs sont les prophètes.

Les Evangiles témoignent du fait qu’il est l’heure de rendre les comptes. Le fils vient récolter le fruit de la parole et il va être tué. Les juifs vont donc subir la colère de Dieu par la suite (destruction du Temple, exil, nombreux morts durant les deux guerres).

Une parenthèse ici: celui qui cherche une justification au fait de prendre Jésus pour le fils de Dieu trouve ici un texte idéal.

En réalité, il s’agirait d’une vision simpliste due à une méconnaissance de la loi juive en vigueur à l’époque. Voici un extrait explicite (pour l’explication complète voir les notes):

« Il y a également une raison en lien avec la loi qui explique pourquoi le maître envoya son fils en dernier recours. Car après la troisième année, si les fruits n’avaient pas été rendus, le propriétaire se devait de prendre des actions légales. À cet effet, il lui fallait une personne dont on reconnaissait le droit d’engager une poursuite judiciaire. Or un serviteur ou un esclave ne pouvait pas avoir cette fonction. Seul le fils, étant l’héritier, avait le droit de représenter son père dans une cour de justice.

Nul preuve de filiation divine donc. La parabole est très ancrée dans le concret des hommes qui l’entendent, et ne nécessite pas une interprétation trop spirituelle. Ils la comprennent donc immédiatement et y réagissent avec hostilité.

Mais alors, si ce n’est pas Jésus, qui est donc cette pierre angulaire et pourquoi citer les Psaumes?

Les Psaumes ne sont pas une prophétie annonçant la venue du messie et décrivant sa fonction. Les Psaumes décrivent la mauvaise interprétation qui a été faite du rêve de Jacob. Jacob a rêvé d’une échelle montant jusqu’à Dieu. Ceux qui ont interprété les textes parmi les juifs, ont cru que c’était la possession de la pierre qui les connectaient au ciel. Il fallait donc bâtir un Temple par dessus. C’est vraisemblablement lors du premier exil à Babylone, au moment même où la Torah était figée par écrit, que cette forme de pensée a contaminé l’élite des judéens (et non d’Israël comme j’ai pu l’écrire précédemment). Tous ceux qui se sont opposé à cette conception ont été déclaré mécréants ou associateurs, notamment les tribus du nord, surnommées samaritaines.

En réalité, la pierre angulaire était Abraham et ses deux fils, Ismaël et Isaac ou plutôt par extension Jacob (Israël) son fils. Le rêve de l’échelle traduit l’appartenance de Jacob à ce triangle et le fait qu’il incarne l’origine des enfants d’Israël. Le lien filial était le ciment de la transmission des commandements divins. La piété était ce qui rayonnait de cette pierre angulaire et non le pouvoir terrestre.

Ceux dont la forme de pensée était analogue aux Architectes parmi les enfants d’Israël, ont donc refusé cette pierre vivante et en ont fait une pierre minérale sur laquelle il pouvait construire un Temple et laisser libre cours à leurs talents et compétences pour briller au sein de la société des croyants.

Ils n’ont donc pas fait fructifier la vigne du point de vue spirituel. Il y avait une échéance. La venue de Jésus marquait la fin de la période de cet égarement. La fin du Temple physique. Ce qui ne signifie pas la disparition du sionisme physique comme en atteste l’actualité.

Mais sa venue a marqué le début d’une nouvelle forme d’égarement. Celui des Architectes de la pensée. Ce sont eux qui, symboliquement, se sont accaparé du rocher informe de Dieu pour placer au centre du pyramidion l’oeil de la connaissance. Dans leur vision, c’est donc la connaissance qui dirige le monde. Comprenez bien que cette connaissance ne s’enferme pas dans des dogmes, les franc-maçons puisent dans toutes les traditions. Cette conception a évolué jusqu’à un symbolisme moderne où l’humanité est une pyramide à 13 niveaux et où la plupart d’entre nous sont condamnés aux niveaux inférieurs. Tandis que la pierre triangulaire et sa lumière vient coiffer le tout. (voir le dollar ou les plastrons des maçons)

Les Architectes de notre ère se construisent donc en opposition au judaïsme antique et donc au sionisme physique. Ils s’approprient l’interprétation chrétienne qui est donné à ses versets. En effet, selon l’exégèse classique, c’est Jésus qui est assimilé à la pierre d’angle. Il est la lumière du monde. Il vient apporter la connaissance.

Les Architectes sont à l’origine de cette nouvelle religion basé sur ce symbole: le christianisme. On peut ressentir leur influence dans l’évangile de Jean et dans les textes gnostiques des premiers siècles. Si l’église a semblé condamner la gnose en apparence, elle ne le faisait que dans sa forme la plus extrême, comme celle de Marcion et sa théorie du mauvais démiurge de l’Ancien Testament. La gnose est l’essence du christianisme. J’en veux pour preuve les nombreux « mystères » de la foi. 

Le christianisme est la matrice idéologique des courants de pensée comme la démocratie, le capitalisme et son évolution ultime: le marxisme moderne. Marxisme qui vise à étendre sa puissante emprise sur le monde en écrasant tous ses adversaires.

Dans les faits, cette idéologie incarne toutes les valeurs fondatrices du christianisme en les sublimant, tout en éradiquant toute forme de transcendance. Le christianisme contenait en son sein les fondements de sa propre sécularisation.

Mais les textes demeurent. Ismaël est béni.

En rappelant ce verset des psaumes au moment où il condamne les enfants d’Israël, Jésus prophétise que l’autre peuple issue de la pierre angulaire va recevoir la Révélation. Ismaël est la véritable nation qui devait recevoir le royaume de Dieu.

Voilà pourquoi cette obsession à la détruire de l’extérieur par la maçonnerie et de l’intérieur par un sionisme physique exerçant une emprise dématérialisée, une nouvelle forme beaucoup plus insidieuse.

Il est tout à fait possible que la période actuelle indique que le Coran et la Sagesse soient transmis à une nouvelle nation qui en rendra les fruits. Car voici ce que j’écrivais il y a quelques jours:

L’élection a eu lieu. La pouvoir doit changer de main. Mais les anciens qui détiennent le pouvoir, ne veulent pas le laisser échapper.

Ils crient au mensonge.

Ils crient dans la maison d’Allah.

Dans la parabole, le propriétaire, Dieu (ël), est parti en voyage. Un voyage où il a laissé son peuple dans l’obscurité. Un voyage nocturne: al isra.

Il nomma alors son peuple Israël. Ce nom, comme en atteste le Coran, perdurera jusqu’à… ce moment même pour disparaitre.

Charlie (שארלי) marquait la fin de ce voyage. Grâce à une anagramme (Israël: ישראל) et à 12 morts symbolisant les 12 tribus.

Vous savez si vous me lisez que la récitation de la Torah est divisée en parashas. La semaine du 7 Janvier était celle de la parasha vaye’hi, celle où Jacob/Israël meurt.

Notes:

Il est intéressant de noter que l’évangile de Jean ne comporte pas cette parabole, ni celle des noces. En effet, la théologie johannique fait dire à Jésus: « Le salut vient des juifs » dans la rencontre imaginaire avec la samaritaine. Le royaume ne peut donc pas changer de nation. Affirmation absente des synoptiques.

Parasha vaye’hi

http://fr.wikipedia.org/wiki/Vaye%27hi

Anagramme:

https://translate.google.fr/#iw/fr/%D7%A9%D7%90%D7%A8%D7%9C%D7%99%0A%D7%99%D7%A9%D7%A8%D7%90%D7%9C

Texte chrétien sur la parabole, explication de la loi juive sur la propriété: http://www.entretienschretiens.com/La%20parabole%20des%20mauvais%20vignerons%20-%20Mt%2021%2833-46%29.htm

L’échelle de Jacob

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_de_Jacob_%28Bible%29