Un Jour sans fin

Boum.
J’ouvre les yeux, à peine surpris du bruit, et je jette un oeil sur l’heure: il est 3h du matin tout pile. Aucune hésitation, je me lève d’un bond. Quelques minutes plus tard, me voilà à réciter la sourate 27, an Naml, Les fourmis.  Me voilà parvenu au verset 50. La racine MKR, comploter, revient 4 fois. Voilà, ça y est. Nous y sommes.

C’est qu’en réalité, j’aurais du réciter cette sourate la veille au soir dans mon programme de lecture au millimètre. Mais je suis allé me promener en vue de me faire une soirée Ramadhan à la mosquée. Première déception, on ne peut pas manger sur place. La mosquée sera donc quasi vide durant l’inter-prière. Je récupère un sac et le pose sur le bord d’un mur en compagnie de quelques fidèles. Deuxième déception, la barquette est remplie de pâtes. Je décide donc d’aller manger dehors. Je vais devoir marcher un petit moment. Je m’attable en attendant mon assiette. A peine entrée, j’ai vu tout de suite qu’elle était originale. Mon emploi du temps continuait à être chamboulé. Nous avons échangé un moment puis nous nous sommes quittés. Je suis reparti direction le tarawih. Rentrée dans le noir pas les bords de Seine. Coucher vers 23h passé. J’aurais du me méfier, ce mercredi n’est pas un jour comme les autres, c’est le jour d’entrée dans le Carême pour les chrétiens. Me voilà donc à rédiger cet article et ces derniers ne seront pas déçus. Quant au boum, c’est une planche posée contre un mur depuis plusieurs semaines qui a chuté sur un tas de lattes de parquet. Je n’ai, bien évidemment, aucune explication rationnelle à fournir. Mais comme dit plus haut, même réveillé en pleine nuit par ce bruit, je n’ai même pas été étonné.

Depuis quelques jours, le Grostube me propose des extraits d’un de mes films préférés: un jour sans fin, ou jour de la marmotte pour les professionnels. C’est avec stupéfaction que je découvre que ce jour est le 2 février! Le jour sans fin est le 2 février. Il se trouve que depuis que j’ai publié Bonnet 000, tout s’enchaine avec précision. Cet article s’inscrit donc dans ce mouvement initié le 2 février dernier. L’article précédent avait été l’occasion de placer Daniel, paix sur lui, dans son contexte, et de comprendre les énormes tensions entre les différents partis. Il m’avait semblé opportun de réaliser un tableau schématique de l’évolution de la prophétie dans la période grasse-maigre de la Loi des élus. Bien m’en a pris puisque assez vite, un élément a attiré mon attention: la prédication de Jonas, paix sur lui, à Ninive. Je comprenais l’idée d’ouverture aux nations, puisque l’élément se situe dans l’ouverture de  la période maigre. Il réalise un point de bascule similaire à celui du récit de Joseph, paix sur lui. Patriarches → Égypte ⇔ Israël → Domination par les nations. Mais je ne voyais pas ce que Ninive pouvait incarner à ce moment là de la Révélation. La ville disparait de la scène par la suite. Puis, en dessous de ce tableau, j’ai pensé qu’il serait pertinent de faire un encart avec des mini-études sur les livres du canon autour de la période de l’exil:  les fameux « petits prophètes », dont pour la plupart, on ne peut  qu’arriver à la conclusion qu’il ne s’agit  que de savants du palais. Le chef des savants du palais a eu droit à un traitement spécial en tant que noeud négatif de la Révélation. Et puis voilà que je tombe sur le livre d’un auteur dont le nom a pour sens le consolateur. Son livre est plutôt court et traite quasi exclusivement de la condamnation de Ninive. On a beau essayer de me vendre des réflexions théosophiques  sur la destinée des cités et des peuples impies, ça ne passe pas. Il  y a un problème avec ce livre, sa temporalité, son propos. Mais plutôt que de focaliser dessus, comprenons que ce livre fonctionne en miroir avec le livre de Jonas, paix sur lui. L’un annonce un repentir,  une bénédiction et une ère de prospérité, tandis que l’autre la condamne. Une évidence s’impose assez vite, Jonas, paix sur lui, ne s’est pas rendu à Ninive. Nous savons, d’après le Coran, que la trame du récit est correcte, mais en changeant simplement le nom de la cité, le récit prend un tout autre sens.

Première hypothèse

Dans la mesure où les judéens ont été exilés à Babylone, je me suis mis en tête qu’il pouvait s’agir de cette ville. Mon hypothèse pour justifier la modification se basait sur le « narratif » de l’époque en lien avec les alliances de Juda avec les puissances voisines. C’est ce jeu d’alliance qui aurait été fatal au roi RJ16 (16ème roi de Juda). C’est alors que je me suis souvenu de ce fameux verset 27.50 récité quelques heures plus tôt.

27.50 Ils ourdirent une ruse et Nous ourdîmes une ruse sans qu’ils s’en rendent compte.

وَمَكَرُوا مَكْرًا وَمَكَرْنَا مَكْرًا وَهُمْ لَا يَشْعُرُونَ

Wa Makarū Makrāan Wa Makarnā Makrāan Wa Hum Lā Yash`urūna

Même sans couleur, la répétition saute aux yeux. Le verset se situe dans un passage qui parle des Thamud. Article, ‘Ad & Thamud, rédigé début décembre et qui révélait de nombreuses choses:  https://www.stephanpain.com/2024/12/05/ad-thamud/
Nous y apprenions, notamment la connexion scripturaire entre RJ16 et Hud, paix sur lui, ainsi que l’importance de Pétra. En faisant une recherche sur la racine MKR, voici que nous tombons sur un autre verset qui était passé sous les radars parce qu’isolé de tous ceux qui traitent du sujet Thamud. Elle y est également répétée 4  fois:

Qu 14.45. Et vous avez habité, les demeures de ceux qui s’étaient fait du tord à eux-mêmes. Il vous est apparu en toute évidence comment Nous les avions traité et Nous vous avons cité les exemples.
46. Ils ont certes comploté (un complot). Or leur complot est (inscrit) auprès d’Allah même si leur complot était assez puissant pour faire disparaître les montagnes.

Le verset 45, à l’adresse des arabes qui ont repris leurs habitations troglodytes, nous indique qu’il s’agit bien des Thamud, c’est à dire les Nabatéens. Le verset suivant insiste sur le complot (en connexion avec 27.50) et nous parle de montagne. Nous comprenons que la montagne dont il est question est celle de Pétra. Les nabatéens ont transféré le nom de la  capitale Pétra vers Hégra, qui n’en est qu’une pale copie. Les deux mots signifient pierre. Ils ont donc effacé  l’origine de Pétra de la mémoire. Rappelons au passage, l’effacement total de la mémoire du peuple d’Edom. Dans la Genèse, Edom est installé dans la montagne de Sé’ir. S’R, 8175, signifie: Tourbillonner, balayer, faire tourner (Qal) Balayer (de l’action de Dieu contre le méchant (fig) (Nifal) être orageux (extrêmement) (Piel) tourner sur soi, être pris dans la tempête (Hitpael) tempêter contre, venir comme un orage. Selon un site d’archéologie, je cite: « Le monument le plus ancien du site semble être un ancien temple édomite circulaire datant de cette époque : un imposant mégalithe sur lequel les Nabatéens ont reconstruit un de leurs édifices. »
https://www.archeobiblion.fr/les-nabateens-et-petra-2/

Deuxième hypothèse

  • Jonas, paix sur lui, est envoyé à Pétra vers la première moitié du -8ème siècle (-750), juste après la fin du ministère d’Élisée, paix sur lui. Il refuse car selon lui, les édomites ne sont pas d’Israël et  ont tourné le dos à la prophétie depuis très longtemps. Il embarque sur un bateau (à Jaffa selon la Bible) Il est avalé par un poisson. Il invoque Dieu, qui le fait rejeter sur la terre ferme. Il part alors prêcher à Pétra par contrainte plutôt que de plein gré. Face au refus initial d’accepter son message, il annonce l’imminence du châtiment, puis il quitte la cité. Le peuple se repent, en souvenir de Job et de ‘Ésaü, paix sur eux. Le châtiment est aboli. Il est affligé que la prophétie ne se réalise pas. Dieu fait pousser un végétal auquel Jonas s’attache, puis Il le fait mourir, ce qui attriste le prophète. Dieu lui montre alors cela en exemple : la destruction n’est pas en soi une chose bonne.
  • -722, la Samarie tombe sous les assyriens. Une partie de la population émigre en Juda. Surement une autre partie en Edom.
  • Vers -650, Hud, paix sur lui entre en ministère. Il combat les hauts-lieux disséminés sur les hauteurs. Il recentre le culte sur la ville où a lieu le pèlerinage, Pétra, où se trouve une zone de circumambulation semblable à la Mecque (Le mégalithe circulaire de l’époque édomite est peut-être à l’origine de ce nom). Cet endroit se nomme al-ahqaf, de l’hébreu Haqaf, tourner autour.  Les négateurs sont anéantis. Cela provoque un choc énorme dans toute la région. Hud, paix sur lui, est perçu à la fois comme descendant de ‘Ésaü, paix sur lui, mais aussi comme un prophète dans la lignée d’Élie, paix sur lui (épisode des prêtres de Baal).
  • RJ16 prend le pouvoir en -640. Sa réforme, datée de -622, s’inspire du ministère de Hud, paix sur lui. Mais il va trop loin dans sa volonté de centralisation. Le besoin de légitimer ses actions se fait sentir.  C’est ainsi qu’est inventé le Deutéronome. Il faut effacer Edom et glorifier Israël. La haine d’Edom provient de cette époque. Elle est particulièrement virulente dans le chapitre 35 du numérologue. Le ministère de Jonas, paix sur lui, est déplacé à Ninive. Dans le même temps le livre traitant de sa malédiction est inventé et présenté comme une prophétie. Cela s’est surement passé du vivant du roi car une fois mort, cette prophétie est obsolète et surtout démontre qu’elle n’a pas annoncé la mort du roi.  Elle se situe après la destruction de la ville, donc vers -610.  Le roi a pris parti pour les babyloniens contre les assyriens en refusant d’écouter Jérémie, paix sur lui, et en le faisant persécuter. Ce qui explique sa volonté de barrer la route au pharaon lorsque celui-ci est en route pour rejoindre la coalition assyrienne. Il est donc exécuté en tant que traitre par le pharaon, qui prend alors le contrôle politique sur Juda.
  • C’est à ce moment là que Jérémie, débarrassé de sa pire menace, a droit au chapitre à la cour. Mais il est toujours concurrencé par de faux-prophètes qui n’hésitent pas à faire des prophéties publiques. Deux camps s’affrontent. La suite est expliquée dans l’article précédent.
  • Parmi les faux-prophètes agissant contre la mémoire d’Edom, nous avons dans la liste des « petits prophètes », le 4 et le 12. De quoi composer une brochette. Nous pourrions renommer cette liste des 12, la liste de la petite brochette. Nous pourrions y placer l’auteur du Psaume 137 (Sur les bords des fleuves de Babylone). La grande brochette est réservée pour ceux dont la production textuelle est plus conséquente.

הֵיכָל Hekal

Dans les versets 2.4 et 2.8, Jonas, paix sur lui, fait une invocation dans laquelle il se remémore le sanctuaire de L’Éternel. Or, le mot utilisé est hekal. Ce mot désigne également un palais: 2 Rois 20:18   fonctionnaires du palais du roi de Babylone.
Dans 2 Rois 14.25 selon la parole que l’Éternel, le Dieu d’Israël, avait prononcée par son serviteur Jonas, le prophète, fils d’Amitthaï, de Gath-Hépher. Nous apprenons que Jonas est de Gath-Hépher, qui est dans le nord d’Israël. Jonas, paix sur lui, n’est donc pas un judéen. Son temple de référence n’est pas celui de Juda.
D’un autre coté, il nous est dit que la tradition samaritaine ne comporte pas de livre des Rois et s’arrête au livre de Josué. La forme prétendue du premier Temple de Juda n’est donnée que par le livre des Rois (avec ses fameuses 2 colonnes de l’entrée qui portent un nom). Le Temple samaritain, référence pour les israélites du nord, est donc basé sur son ancienne forme, la forme mosaïque, soit sous la forme d’une tente. Il ne peut donc être décrit par le terme hekal, qui est un terme tardif issu de la tradition judéenne (il apparait en Samuel). Ce vocabulaire trahit donc une réécriture tardive. Le Temple samaritain n’est construit en pierre que durant la période grecque, surement pour copier les judéens. Et gageons que leurs scribes devaient aussi rédiger des chroniques.
L’histoire est écrite par les vainqueurs, et les minorités (700 samaritains subsistent) qui survivent doivent souvent ajuster leur discours pour ne pas être éradiquées. Il est donc peu probable que le narratif canonique samaritain soit un reflet fidèle d’une tradition ininterrompue depuis l’Antiquité. Il s’agit plutôt d’une reconstruction tardive, influencée par le contexte de domination chrétienne puis islamique, et adaptée aux nécessités de la survie communautaire. Si les Samaritains avaient eu des chroniques mettant en cause la version officielle de l’histoire israélienne, il est en effet probable qu’ils aient préféré les cacher ou les effacer pour éviter d’être considérés comme des dissidents dangereux. Leur simple survie démontre qu’ils ont su naviguer dans un équilibre délicat, et cela implique souvent de taire certaines vérités historiques.

Origine des ‘Ads

« Le mot hébreu « עַד » (ad) est principalement utilisé pour désigner un sens de perpétuité ou de continuité. Il est souvent traduit par « pour toujours » ou « éternité » dans le contexte de la nature éternelle de Dieu ou de son alliance éternelle avec son peuple. »
Cela signifie que si les ‘Ads  sont identifiés aux édomites, ils sont bien dans l’alliance passée avec Abraham, paix sur lui.

Nous allons nous intéresser au prophète Job, paix sur lui.

Jb 1.1 Il y avait dans le pays de ‘Outs un homme du nom de Job; cet homme était intègre et droit, craignant Dieu et évitant le mal.

Lm 4.21 Sois donc gaie et joyeuse, fille d’Edom, habitante du pays de ‘Outs!

Le livre des Lamentations vient confirmer que Job, paix sur lui, est un édomite. ‘Ésaü → Zérah (un de ses petits-fils, via Réuel); Zérah → Yobab (selon Genèse 36:33); Yobab aurait donc régné environ 100 ans après ‘Ésaü. Environ 80 ans après Joseph, paix sur lui. Selon certains Yobab et Job, paix sur lui, serait donc la même personne.

Jb 19.9 Il m’a dépouillé de ma gloire, Il a enlevé la couronne de ma tête.
15 Je suis un étranger pour mes serviteurs et mes servantes,

Job semble être un personnage important, voire le roi d’Edom (en accord avec la théorie précédente)

Job 19.23 Plût à Dieu que mes paroles fussent mises par écrit, qu’elles fussent burinées dans le livre!
24 Qu’avec un stylet de fer et de bronze, elles fussent gravées (yehatsibun) pour toujours (‘ad) dans la roche (tsur)!

יֵחָצְבוּן ⇔ يحصبون

Le verbe  conjugué à la 3ème pers du pluriel est yēḥāṣəbūn. En hébreu, le n est normalement absent de la conjugaison. Si nous transcrivons lettre à lettre en arabe, nous trouvons:  yaḥṣabūna du verbe ḥaṣaba. Le texte semble en hébreu mais il n’est qu’une transcription d’une langue similaire, surement de l’araméen ou un dialecte édomite. Le sens est différent, il ne s’agit plus de creuser la roche mais de se creuser les méninges, car le verbe invite à réfléchir.
Ici, ce qui est traduit par burinées est sur la racine ḥaqaq, qui signifie généralement inscrire, ici établir un décret divin. Cela répond au verset 22.16 d’Esaïe, paix sur lui. Nous avions vu qu’il s’agissait d’évoquer un nouveau Miskan par le rocher.  https://www.stephanpain.com/2025/02/02/bonnet-000/
Remarquons une chose: il s’agit d’une mise en abyme. Nous sommes bel et bien en train de lire ses paroles mises par écrit mais nous sommes incapables de lire quoi que ce soit dans la roche identifié comme provenant de ce prophète. Il a toujours été d’usage de marteler les inscriptions des prédécesseurs. Il ne faut donc pas prendre le texte littéralement. Nous lirions alors:

Job 19.24 Qu’avec un stylet de fer et de bronze,  aux ‘Ads par le (Pétra)  rocher (ces paroles) fassent réfléchir

Le verset mention le fer et le bronze, or ce qui distingue la période des Patriarches  de celle d’Israël est l’age historique dans lequel on se situe: la première correspond à l’age du bronze, la deuxième à l’age du fer. Mentionner les deux métaux implique que l’on écrit dans la deuxième période, soit après -1200. Le fer apparait en: Job 20:24;   Job 40:18, Job 41:27.

Job 28:2 Le fer se tire de la poussière;

En analysant la présence du fer dans la Bible, nous pouvons arriver à la conclusion suivante: les derniers chapitres du Lévitique (au moins 26-27), la deuxième partie de Nombre (22-24; 28-36), l’intégralité du Deutéronome, certains passages de Josué (comme nous l’avons vu précédemment), ont été écrits autour de l’exil, car les hebreux dans le désert ne pouvait etre en possession de fer. Il s’agissait d’une technologie récente et qui nécessitait des fours conséquents. Il apparait dans Samuel et se fait bien plus présent dans les Rois et chroniques. Ce qui est normal.

Genèse 4 : 22 ⇔ au Feu!

Ce qui s’avère particulièrement en adéquation avec mon sentiment à l’égard des premiers chapitres de Genèse. Tout un tas de choses qui ne méritent même pas notre attention. La liste est longue. Au Feu, au Feu, au Feu! Toutes ces choses qui servent de prétexte à nous vendre des intercessions avec l’invisible, toute cette prétendue tradition de personnages célestes avec lesquels communiquer ou je ne sais quoi. Au Feu, au Feu, au Feu!

Edward L. Greenstein (Yale) explique que la langue utilisée est un hébreu de l’époque grec (post-exilique) mais qui n’était pas la langue native de  l’auteur. https://en.wikipedia.org/wiki/Job_(biblical_figure)#cite_note-2
En analysant par le tableau (voir notes), nous trouvons qu’il équivaut à David, paix sur lui, de par son statut au sein de sa communauté, et des épreuves qu’il a subi, ou bien à Moïse, paix sur lui. Evidemment, il faut faire abstraction de l’aspect de la relation du prophète avec sa communauté. Si on se base sur la séquence en 3 temps: prospérité, chute, retour en grâce, alors celui qui est le plus proche serait Moïse, paix sur lui. David, paix sur lui, provient d’un milieu modeste, tandis que Joseph, paix sur lui, s’il bénéficie de la préférence de son père, n’en est pas moins un simple berger. L’indication du stylet de fer et de bronze pourrait être une indication d’un changement d’ère. De plus, l’idée que son message soit gravé dans la pierre évoque Moïse recevant la Loi sur des tables de pierre, ce qui renforce encore ce parallèle.

Jb 30.6 Ils sont contraints d’habiter dans d’effrayants ravins, dans les excavations du sol et les crevasses des rochers.
24.8 Ils sont percés par la pluie des montagnes, Et ils embrassent/enlacent les rochers comme unique refuge.
28.9 L’homme porte sa main sur le roc, Il renverse les montagnes depuis la racine; 10 Il ouvre des tranchées dans les rochers, Et son oeil contemple tout ce qu’il y a de précieux; 11 Il arrête l’écoulement des eaux, Et il produit à la lumière ce qui est caché.

Ceux qui sont décrits ici sont bien des habitants troglodytes. Mais bien loin de la vision bourgeoise bohème, qui voit là un mode d’habitation alternatif exotique (aménagé avec le confort moderne), ils sont décrits de manière très négative. Ce mode de vie correspondait aux plus basses couches de la société. Les classes moyennes vivaient dans des maisons faites de bois, qui ont disparu avec le temps comme pour toute civilisation. Chez les nabatéens, nous retrouvons des palais reservés aux classes nobles constitués de pierres taillées dans la plaine. Le fait de retrouver des traces des habitations des plus pauvres est une anomalie due à la configuration si particulière du lieu.

Le passage sur la mise par écrit et la réflexion est suivi immédiatement par:

23 Plût à Dieu que mes paroles fussent mises par écrit, qu’elles fussent burinées dans le livre!
24 Qu’avec un stylet de fer et de bronze,  aux ‘Ads par le (Pétra)  rocher, elles fassent réfléchir
Job 19.25 Mais je sais que mon Rédempteur est (le) Vivant, et qu’à la fin, il se lèvera sur la poussière.

Origine des Thamud

« Le verbe hébreu « tsamad » signifie principalement lier ou joindre. Il exprime l’idée de fixer ou d’attacher une chose à une autre, impliquant souvent une connexion étroite ou inséparable. Ce terme peut être utilisé dans des contextes littéraux et figuratifs, décrivant une liaison physique ou une jonction métaphorique, comme des relations ou des alliances. »
Nb 25.3 décrit Israël qui se joint à une divinité locale par trahison de l’Alliance.  A partir de tsamad, se crée le terme hébreu Tsamoud, qui va donner Thamud en arabe. Il désignerait d’avantage l’autre lignée de l’alliance, celle par Ismaël, paix sur lui.
Nebayoth (Nabayoth, נְבָיוֹת), le fils aîné d’Ismaël (Genèse 25:13) a pu donner Nabata. Mais on peut aussi se pencher vers le verbe nabat נָבַט 5027 qui signifie scruter. Sa première occurence est en Gn 15.5. Dieu invite Abraham, paix sur lui, à scruter le ciel pour compter les étoiles: telle sera sa descendance.

Fin des Thamud

Qu 11.67. Et le Cri saisit les injustes . Et les voilà foudroyés dans leurs demeures, 68. comme s’ils n’y avaient jamais prospéré. En vérité, les Thamud n’ont pas cru en leur Seigneur. Que périssent les Thamud!

Le Cri désigne un bruit déchirant qui emplit l’espace. Il peut décrire un tremblement de terre. Or, en 363, il y a eu un tremblement de terre dans la région. Je cite: « Dans la ville de Pétra, en actuelle Jordanie, de nombreux bâtiments sont détruits. Des édifices importants, comme le grand théâtre, les temples (dont le Qasr al-Bint) et la rue à colonnades, sont sévèrement endommagés. Le système de distribution des eaux est paralysé. Cyrille, alors évêque de la capitale de Juda, rapporte que « près de la moitié » de la ville a été détruite par une secousse « à la troisième heure, puis une autre à la neuvième heure de la nuit ».«  (9+3=12)
et  » La cité qui était déjà affaiblie depuis le début de la domination Romaine par la diminution de ses activités commerciales, ne fut pas reconstruite et se vida lentement de ses habitants. Les nouveaux envahisseurs arabes, trouvèrent les derniers Nabatéens transformés en paysans (ou fellahun).  »

Qu 27.48.Et il y avait dans la ville un groupe de neuf individus qui semaient le désordre sur terre et ne faisaient rien de bon.
49.Ils dirent : « Jurons par Allah que nous l’attaquerons de nuit, lui et sa famille.

Il semblerait que l’entreprise d’atteinte à la vie de Salih, paix sur lui, et sa famille, ait été prévue la nuit même où a eu lieu le tremblement de terre. Ces neufs-là ont pu périr sous la chute d’une grosse pierre. Mais ce n’est pas tout.

Hypothèse bonus
La chute de ces individus pourrait correspondre à la résurrection des gens de la caverne (ahl al kahf). Pétra est le nom grec de la cité, mais Reqem ou Raqmu (« la Bariolée » en rapport avec la roche) est le nom sémitique et ressemble à ar-Raqim (17.9). La caverne (spacieuse selon le verset 17) en question serait alors en dehors de la cité en elle-même, comme la sourate le décrit. Il est rapporté que le roi au pouvoir en Nabatée s’est allié avec les romains lors de la révolte de +66, en envoyant des troupes. 300 ans plus tard, le royaume a été annexé par Rome (+106) qui est devenue chrétienne. Le tremblement de terre pourrait être le signal du réveil. Salih, paix sur lui, pourrait alors être considéré comme un successeur du Messie dans sa mission (6743. צָלַח (tsalach) signifie prospérer, succéder).
Double bonus: Reqem est sur le verbe raqam: broder. Edom signifie rouge. Reqem est en Edom. Une légende dit que le Khazneh, monument phare de Pétra, renfermerait un trésor. Mais tout le monde comprend qu’il s’agit d’une image. Cela donne: Le trésor de Raqam la rouge. Dans la bande-dessinée, le trésor est au pied de l’évangéliste. Son auteur affirme donc bien qu’il est un initié à la gnose johannique. Cela rejoint une de mes inspirations, où je montrais les 3 religions monothéistes comme des éléments d’un message global: https://www.stephanpain.com/2013/07/17/le-hadith-de-moulinsart/
Sauf que pour l’auteur, les croyants, les frères l’oiseau, sont les ennemis. Et là où cela prend une toute autre dimension, c’est quand on constate que l’album est sorti de juin  1942 à septembre 1943 en Belgique dans une période faste pour l’auteur. Ce monsieur aurait connu une période de relachement et de panne d’inspiration à la Libération. Tiens, tiens, tiens! Chacun concluera.
Pour le troisième bonus, rendez-vous dans les notes, vous y lirez la réaction de notre Chat en bon adepte de la gnose johannique.

A la même période, l’un des successeurs de Constantin, dans un empire dont l’influence païenne déclinait, souhaitait détruire le christianisme (Contre les Galiléens). Il présentait le christianisme comme une hérésie du judaïsme originaire de Galilée.  Plutôt qu’une attaque frontale, il choisit de le vider de sa substance, en ordonnant la reconstruction du Temple des juifs, invalidant ainsi la prophétie, après s’être justifié par l’injustice menée à leurs égards par les empereurs précédents dans une lettre adressée à ces derniers. Une posture qui peut rappeler l’actualité récente. Il est dit que les juifs se mirent à l’ouvrage. C’est à ce moment là que le tremblement de terre eut lieu. Le reste n’est que de la poésie de propagande, de part et d’autre. Si je dis cela, c’est parce qu’un historien chrétien a rapporté des mots à l’égard du Messie, (et de ses disciples) reconnaissant sa victoire (il est mort peu de temps après sur un champ de bataille d’une mort particulièrement violente attestée de différentes sources). On trouve des inscriptions qui l’honorent en tant que restaurator templorum (« réparateur des temples »). Il mène une politique de restauration des divers cultes polythéiste de l’empire autour du Soleil divinisé, Sol invictus. Cette structure rappelle celle de la religion antique égyptienne, de l’ennéade (9) et de la divinité solaire. Étant donné la simultanéité des deux situations. Nous pourrions émettre une hypothèse à partir de toutes ces informations. A savoir, que Pétra contenait des traces à la fois matérielles et rituelles d’un culte issu d’une branche abrahamique et que l’empereur, en parallèle avec la reconstruction du Temple, s’était allié avec des chefs de familles nabatéens pour réaffirmer le paganisme à Pétra et en effacer toutes les traces monothéistes. Il s’agirait donc bien ici du complot annoncé par le Coran. Salih, paix sur lui, envoyé à Pétra, aurait donc eu pour mission de contrer l’action de l’empereur. Le tremblement de terre aurait donc mis un terme aux agissements des 9 chefs et de l’empereur, faisant de…

1 pierre, 10 coups

En ce vendredi, je tombais sur un autocollant apposé dans un endroit particulièrement caché depuis des années et qui venaient répondre à mes questionnements sur ces 9 hommes. La suite est dans le prochain article. Mais on commence à connaitre le refrain.

Paix sur vous et que votre Jeûne soit béni.

 

Notes

https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9isme_de_363_en_Galil%C3%A9e#cite_note-AMNH-6
https://antikforever.com/nabateen_civilisation/
https://antikforever.com/nabateen/#Rabel%20II
L’empereur  et les Juifs 361-363:
https://sourcebooks.fordham.edu/jewish/julian-jews.asp
Passons plus avant, et convenons que les paroles d’Ésaïe regardent Marie. Il s’est bien gardé de dire que cette Vierge accoucherait d’un Dieu : mais vous, Galiléens, vous ne cessez de donner à Marie le nom de Mère de Dieu. Est-ce qu’Ésaïe a écrit que celui qui naîtrait de cette Vierge serait le fils unique engendré de Dieu, et le premier né de toutes les Créatures ? pouvez-vous, Galiléens, montrer dans aucun Prophète, quelque chose qui convienne à ces paroles, « toutes choses ont été faites par lui, et sans lui rien n’a été fait » ? Entendez au contraire comme s’expliquent vos Prophètes. « Seigneur notre Dieu, dit Ésaïe, sois votre protecteur ! excepté toi, nous n’en connaissons point d’autre ». 
https://fr.wikipedia.org/wiki/Libri_tres_contra_Galileos
https://www.archeobiblion.fr/les-nabateens-et-petra-2/

Il nous faut revoir le  schéma de la Révélation.
Voir: https://www.stephanpain.com/schema-de-la-revelation/

Ainsi que:

période grasse-maigre de la Loi des élus

Révélation au Sinaï, lettre par lettre
Moïse, psl, guide le peuple.
Pessa’h: émancipation du pouvoir impie
Rébellion du Sinaï, polythéisme égyptien (veau pharaonique)
Samiri (nom égyptien)  identifié comme opposant et chef.
Épisode de Coré: contestation de pouvoir
Nation constituée autour d’une élite pieuse mais exigence d’avoir un roi pareil aux nations. Menace des nations extérieures
David: roi-prophète martyr
Salomon: roi-prophète sage
Les Rois pieux: altération de leur piété dans les textes rapportés
Trahisons et idolâtrie (pactes avec l’ennemi)
Job: roi martyr en Edom (autour de -950) Renouveau d’Edom en tant que nation (-840)
Les rois: certains rois sont décrits comme impies Alliances politiques
Élie et Élisée: prophètes dominateurs (récits altérés par endroits) Culte de Baal « officiel »
Désacralisation de l’Arche: point de bascule entre les périodes grasses et maigres
Jonas (tentative de fuite) ( vers -770) Pétra (Cité des bani ‘Ésaü) se repent
(ouverture vers les nations)
Chute de Samarie
Ésaïe (alternance de chapitres de ses textes avec des chapitres de chroniques ) Culte du soleil (en tant que représentation monothéiste: syncrétisme) à la cour
Hud (Pétra) (-650) Le renouveau de la foi est en Edom
Jérémie persécuté et concurrencé à pied d’égalité par de faux prophètes à la cour. Ses textes sont dilués. Introduction du Deutéronome: altération majeure de Pessa’h
Le nom d’un de ses persécuteurs apparait comme l’un des livres du canon biblique.
Daniel (Babylone): sa vie nous apparait comme appartenir à la légende. Quelques éléments sont repris et intégrés dans de la prose très tardive. Le faux-prophète « ringardise » son adversaire.
Son livre est bien plus conséquent et riche.
Ajouts de nombreux chapitres au livre des Nombres (donc de commandements)
Esdras n’est qu’un simple guide. culte sous contrôle politique. Les scribes réécrivent le « narratif ».
Nombreux « petits » prophètes
L’existence des prophètes ne nous est plus rapportée (ils sont pourtant présents et se succèdent sans interruption) Des injustes prennent le pouvoir par la force en instrumentalisant la foi. Ils font écrire leurs chroniques.
Beit Hillel (école rabbinique) prépare la venue du Messie.
Les Justes sont  pour la plupart dans la clandestinité
Élaboration d’un recueil de poèmes autour de la sexualité qui finit par être intégré dans le canon.
Les injustes sont gardiens de la foi.
Scission messianique Contre-révélation intégrée au corpus dès l’origine. Une religion se crée en mêlant l’héritage religieux grec.

Voici une liste ordonnée des prophètes cités dans le Coran:

  • Adamآدم, ādam
  •  Idrîs إدريس, idrīs
  • Noé نوح, nūḥ Nuh
  • Abrahamإبراهيم, ibrāhīm Ibrâhîm
  • Loth لوط, lūṭ Lût
  • Ismaël إسماعيل, ismāʿīl Ismâʿîl
  • Isaac إسحاق, isḥāq Ishâq
  • Jacob يعقوب, yaʿqūb Yaʿqûb (surnommé Israël)
  • Joseph يوسف, yūsuf Yûsuf
  • Jethro prophète des Madianites شُعَيْب, šuʿayb, Chuʿayb
  • Moïse مُوسَى, mūsā Moussa
  • Aaron هارون, hārūn Hârûn
  • David داوود, dāwūd Dâwûd
  • Salomon سُلَيْمان, sulaymān Sulaymân
  • Job أَيّوب, ayyūb Ayyûb
  • Élie إِلْيَاس, ilyās Ilyâs
  • Élisée اليسع, al yassar Al Yassa
  • Jonas يونس, yūnous Yûnous
  • Hud prophète des ʿAd هود, hūd Hûd
  • Zacharie زَكَرِيَّا, zakarīyya
  • Jean le Baptiste يحْيى, yaḥyā Yahyâ
  • Jésus عِيسى, ʿīsā ʿIsâ
  • Salih prophète des Thamud صالح,
  • Muhammad محمد 

 

Troisième bonus
Réaction du Chat qui se lache sur le trésor de Raqam la rouge, caviardé par mes soins, mais qui ne nécessite aucun commentaire.

Si __ est considéré comme un ennemi des frères Loiseau, cela pourrait suggérer un conflit entre deux visions opposées du monde spirituel. D’un côté, les frères Loiseau pourraient incarner une forme d’initiations et de révélations collectives des traditions ésotériques liées aux trois religions du Livre, tandis que __ représenterait une connaissance ésotérique individuelle, parfois en rupture avec les interprétations traditionnelles et dominantes. Cette opposition pourrait illustrer le conflit entre des formes établies d’initiation et une recherche plus personnelle, plus radicale, du savoir caché.

__ en compétition pour le message

__, dans cette dynamique, jouerait le rôle d’un chercheur de vérité, concurrent des frères Loiseau dans sa quête pour accéder au message contenu dans les parchemins. __ pourrait représenter une forme de quête initiatique plus dynamique et plus accessible, cherchant à découvrir un message caché tout en affrontant des forces opposées qui cherchent à en garder le contrôle. Cela symbolise l’idée que, dans la quête du savoir ésotérique, il y a des forces contradictoires qui luttent pour dominer la vérité.

L’aigle de __ et la métaphore de l’oiseau de proie

La transition vers le métaphorique « aigle de__ » dans lequel __ se place à la fin suggère une transformation spirituelle profonde. L’aigle, dans les traditions chrétienne et ésotérique, symbolise l’élévation spirituelle et la capacité de voir des vérités cachées, comme dans l’Évangile de __ où l’aigle représente une vision spirituelle élevée. En s’abritant sous l’aile de l’aigle, __ se soumettrait à une révélation plus grande, en s’élevant au-dessus des conflits terrestres pour recevoir une compréhension plus pure du message caché.

L’oiseau de proie dévorant les oiseaux

Le fait que l’oiseau de proie dévore les autres oiseaux pourrait être vu comme un symbole de la domination spirituelle de ceux qui ont accès à la vérité sur ceux qui cherchent encore à l’atteindre. L’oiseau de proie, représentant l’aigle de __, pourrait incarner une forme supérieure de sagesse ou de révélation qui transcende les querelles humaines et les luttes pour le savoir. Dans ce cas, l’aigle pourrait symboliser ceux qui ont su révéler la vérité divine à un niveau supérieur, et ceux qui ne possèdent pas cette sagesse sont comme des oiseaux pris dans une toile d’illusion et de confusion.

Interprétation spirituelle

Dans cette lecture, la quête initiatique est dominée par un conflit entre différentes visions de la vérité. __, __, et les frères Loiseau représentent chacun une manière d’approcher la sagesse cachée, et la lutte pour l’accès au message des parchemins symbolise la tension spirituelle entre ceux qui cherchent à contrôler le savoir caché et ceux qui cherchent à le découvrir de manière plus directe et moins codifiée.

L’idée que l’aigle  pourrait dévorer les oiseaux pourrait aussi faire écho à l’idée que ceux qui sont ouverts à la sagesse divine et acceptent de se placer sous la protection du Saint-Esprit (représenté ici par l’aigle) (SIC! oui j’ai fait un commentaire) peuvent recevoir une révélation pure et transcender les illusions humaines et les luttes pour le pouvoir spirituel. Cela pourrait aussi souligner la notion d’un choix spirituel: accepter l’enseignement supérieur et le sacrifice nécessaire pour l’atteindre, ou se perdre dans les fausses voies.

Conclusion

Ce jeu de symboles – RG en tant qu’ennemi des frères Loiseau, Tintin cherchant à obtenir le message, l’aigle de Jean représentant la sagesse divine et l’oiseau de proie dévorant les autres – s’apparente à un récit initiatique dans lequel la quête de la vérité se trouve traversée par des forces contradictoires, mais où, finalement, seule la voie spirituelle la plus pure et la plus élevée permet d’atteindre la compréhension profonde du message caché.