vendredi 19 avril 2024

My trip in UK – Partie 1

 

26 mars 2014, 10:23

Voici le récit des aventures que j’ai vécu avec mon frère en Islam, Abdulaziz, durant les deux semaines des vacances de Noël en Grande-Bretagne. Je vais tacher d’occulter le coté personnel afin de préserver l’intimité de chacun, tout en énonçant les faits et en déduire les enseignements.

Mise en situation

Aussitôt après avoir appris mon départ, je découvre la météo de Noël: une forte tempête est sur le point de s’abattre sur la Manche. Une tempête qui porte le nom d’Emily. Emily signifie l’adversaire, l’autre nom du Shaytan.

Abdulaziz fait parti d’une équipe de raqis (exorcistes) qui officie dans le centre de l’Angleterre. Leur technique est une technique tout à fait particulière dans le domaine de la roqya: ils sont des disciples de Ben Halima Abderraouf. Il s’agit de la technique du captage. De nombreuses vidéos explicatives sont sur le net pour comprendre cette technique. Pour résumé, cela fonctionne en binome. Un raqi récite le Coran tandis qu’un autre sert de réceptacle aux djinns qui émanent de la personne traitée. Le capteur est une personne qui a des brèches avec le monde des djinns, en clair qui a déjà été possédée. Le raqi utilise des versets pour demander à Allah de faire venir le djinn qui occupe le malade vers le capteur. Une fois dans le capteur, le raqi tente de faire parler le djinn par la bouche du capteur afin d’en savoir plus sur ses activités et son rapport de subordination avec Ibliss. Le but de ce type de roqya est d’amener le djinn à se convertir à l’Islam afin qu’il vienne grossir le rang des armées d’Allah. Cela marche dans la grande majorité des cas. Seuls les djinns qui sont les plus proches du Shaytan refusent la conversion et préfèrent périr par la main d’Allah. Je pourrai apporter plus de précisions sur le sujet, suivant les questionnements des lecteurs. Abdulaziz est donc capteur et comme tout capteur il est en première ligne dans le combat avec le Shaytan qui ne lui fait aucun cadeau. Toutes les faiblesses de sa personnalité seront exploitées pour lui mener la vie dure. Il faut donc être particulièrement appliqué dans son din pour résister face aux assauts des djinns et surtout à l’action des sorciers qui les invoquent de l’autre coté. L’étymologie du véritable nom d’Abdulaziz est: la nouvelle maison de la bouche. En langage spirituel, la maison c’est la famille.  C’est aussi le terme utilisé dans les hadiths thaqalayn. Beyt Allah, la maison d’Allah. C’est un terme qui est lié à la famille des prophètes.

Or, quelques jours avant, j’étais tombé par hasard sur une définition de Pessah:  Pé – Sah. = פסח Pâque. Pé: la bouche et Sah qui parle. J’étais en pleine discussion sur le sujet avec Pascale Geniès, mon amie facebook. Elle s’intéresse à la signification de son propre nom à ce moment précis. Geniès vient de génie donc de djinn. Si bien que son nom peut signifier: la bouche qui parle aux djinns. La coïncidence est trop précise pour être ignorée.

L’équipe s’occupe d’un endroit où des pratiques anormales se sont produit durant des décennies. Il a été successivement un hôpital psychiatrique puis un temple franc-maçon. Il a été revendu pour une bouchée de pain à des musulmans qui souhaitaient y installer une école islamique. Malheureusement, le séjour dans l’établissement a vite tourné au cauchemar pour de nombreux résidents et c’est ainsi que les responsables ont décidé de faire appel aux services de l’équipe de raqis. Afin de communiquer sur le sujet, ils ont décidé de réaliser un reportage et c’est ainsi que l’on me proposa de tenir la caméra puisque cela fait parti des mes compétences premières. C’est donc bien en tant que témoin que je me rendais là-bas et que je m’apprêtais à voir de très vilaines choses. Tous les signes semblaient l’indiquer et c’est dans cet esprit que je suis parti.

Voyage aller

Il n’y a pas de ferry le jour de Noël, et le dernier à partir le 24 est à 14h. Je suis donc obligé de partir le 24 au matin, soit un jour trop tôt avant mon rendez-vous et je vais devoir passer 24h tout seul sans nul part où aller. Le temps est très mauvais et sur l’autoroute j’ai pu voir un arbre qui était tombé sur la bande d’arrêt d’urgence. Dans ma petite voiture, je ne file pas bien vite si bien que je mets plus de temps que prévu. Les ferries ne sont pas indiqués à Dunkerque et personne ne sait vraiment m’indiquer la route. Le temps passe. Je me perds plusieurs fois et je commence à réellement stresser. Quand enfin un homme me donne la bonne route il est déjà 13h40. Il affirme qu’il reste 15 mn de route et que je dois prendre l’autoroute. L’embarquement est censé finir 45 mn avant le départ du ferry. Automatiquement, dans mes réflexes de ma vie d’avant, je me dis que j’ai raté l’embarquement. Le prochain bateau est le 26, je me vois donc rebrousser chemin et tout laisser tomber. Passablement énervé, je tente tout de même de m’y rendre. A force de tourner, je finis enfin par trouver et j’arrive au guichet à 14h02. La préposée m’indique qu’elle va demander si j’ai l’autorisation de passer. Quelques secondes interminables s’écoulent. OK. Je pousse un soupir de soulagement. La tête ailleurs, trop d’émotions. Le bateau a une demi-heure de retard. Toutes les portes se ferment derrière moi. Je viens me garer tout au bout de la longue file de voiture. Il faut que je réalise qu’Allah fait ce qu’Il veut. Cela va être le fil conducteur de ce périple. Il faut reconnaitre qu’il s’agit d’un début en fanfare. 

La traversée dure une heure de plus que prévu à cause du mauvais temps et il fait déjà nuit quand nous débarquons. Je suis fatigué, la journée a été longue et la conduite a droite me perturbe grandement. Je m’éloigne de Dover, mais je n’ai pas pour ambition d’aller très loin. Je regarde le GPS: ce sera Maidstone. Le rocher du serviteur, un nom qui sonne parfaitement à mon oreille puisque il s’agit du réel point de départ du voyage. Arrivé en centre-ville, je me promène et je rentre dans un restaurant pakistanais pour demander l’adresse de la mosquée la plus proche. En réalité, il n’y a qu’une seule mosquée à Maidstone et elle est proche du centre. Les rues sont saturées de voiture garées, c’est encore pire qu’en région parisienne. Je décide en désespoir de cause après avoir exploré tout le quartier, de laisser ma voiture sur le trottoir de la rue voisine. Je découvre le nom de la rue, Kingsley: le roi frappe. Tandis que la rue de la mosquée s’appelle Mote road que l’on pourrait rapprocher du terme arabe al mawt: la mort.

Il n’y a pas grand monde dans cette mosquée mais il y a de l’eau chaude et des radiateurs. Je discute avec des locaux un peu surpris par ma présence. Dans la maison d’Allah, il n’est pas possible de dormir, aussi je m’installe dans la voiture pour la nuit et je dors plutôt bien. A fajr, je fais connaissance avec un homme très sympathique. Soucieux de mon statut de voyageur, il part chez lui me cuisiner un petit-déjeuner. Nous continuons la discussion. Mon  point de vue politique et ma venue à l’Islam l’interpelle. C’est la seule personne qui se soit réellement intéressé à moi.

Fêter Noël

Je reprends la route. J’ai donné rendez-vous par mail à Abdulaziz dans une station de métro au nord de Londres pour éviter de perdre du temps à rentrer dans cette mégalopole. J’arrive donc à la station Oakwood… pour constater qu’elle est fermée. Le métro de banlieue ne fonctionne pas les jours fériés. Impossible de joindre mon ami, je n’ai aucun numéro et toujours pas de réponse à mon mail. Je décide donc de me rendre dans la mosquée la plus proche. C’est ainsi que je débarque à Ponder’s end, un quartier à majorité pakistanaise au nord de Londres. La mosquée est très jolie et beaucoup plus grande que la première. Très fréquentée. Des hommes s’affairent autour d’une caméra vidéo sur pied. L’un d’eux m’aperçoit et m’adresse la parole. Entendant mon histoire il m’invite chez lui à manger. Il n’est pas anglais d’origine et sa particularité est qu’il est marié avec une femme d’une autre origine que la sienne mais tous deux vivent au milieu d’une communauté pakistanaise. C’est un couple qui s’est formé autour de l’Islam et non autour du confort des traditions. C’est assez original pour être remarqué. La discussion tourne autour du couple, du mariage, de la part laissée à Allah dans la décision (le hasard, si tant est qu’il y en ait).

Nous sommes le jour de Noël et les enfants sont en vacances. La communauté a donc décidé de mettre leurs enfants à l’honneur et ceux-ci viennent présenter leur avancée dans l’apprentissage islamique. Habituellement cette période de l’année consiste pour les parents à acheter le silence de leurs enfants en les couvrant de cadeaux afin de compenser les carences affectives et leurs absences. Là, c’est tout l’inverse. Ce sont les enfants qui font un cadeau à leurs parents qui leur consacrent la journée entière. La communauté me parait beaucoup plus soudée que celles qui font vivre les mosquées en France.

Il a obtenu de l’imam que je puisse dormir à la mosquée. L’imam me mène dans un espace qui sert de rangement et où l’on fait la cuisine. Il y règne une très forte odeur d’épices et de graisses brulées. Voilà qui sera toujours mieux que la voiture! J’ai enfin Abdulaziz au téléphone. Il m’apprend que le tournage est annulé et qu’il m’a demandé de ne pas venir par mail. Mail que je n’ai jamais reçu. Allah est au commande, pas de panique. Je devais venir, c’était écrit ainsi. Maintenant il faut juste s’attendre à ce que rien ne se passe comme prévu. C’est alors que je me met à chercher la signification du lieu où je me trouve. Ponder’s end. Que l’on pourrait traduire par: le temps de la réflexion est fini. La ville, Enfield. Je suis maintenant sur le champs de bataille, le terrain.

Le lendemain je passe le prendre dans le quartier d’affaire et nous partons direction le nord. Il fait déjà nuit quand nous arrivons. Sans clef et sans nouvelle de l’équipe de roqya, nous demandons à passer la nuit dans la mosquée du quartier. Cette fois pas de problème, le jeune imam, le coeur sur la main, nous propose une salle à l’étage. Mon confort s’améliore de jour en jour! Le lendemain matin, nous croisons l’équipe qui a passé la nuit au château et qui rentre dormir. Nous sommes vendredi et c’est donc après la khoutba que nous retrouvons l’équipe.

L’armée du Khorasan

Ils sont en colère. Ils n’apprécient pas du tout que je sois là. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais nous devons faire nos affaires et partir. Mon ami veut rentrer immédiatement en France. Il n’en est pas question pour ma part. Je lui propose de passer une nouvelle nuit à la mosquée et nous aviserons le lendemain.

Comme le hasard, qui n’existe pas, fait bien les choses, un groupe de croyants d’une ville situé à quelques kilomètres est venu faire une jamaat pour le week-end dans la mosquée. Cela faisait bien longtemps que ce n’était pas arrivé. Ils acceptent que nous nous joignions à eux. Ils sont très organisés et très disciplinés. L’ambiance pakistanaise n’a rien à voir avec celle du maghreb. Après chaque prière, des groupes se forment pour lire l’histoire des Sahabas. Le soir, après isha, nous partons dans les rues par groupe de 10, pour aller discuter avec des frères qui se sont éloignés de la mosquée afin de raviver leur foi. Le meneur a une liste d’adresses précises et c’est lui qui engage la discussion tandis que le reste du groupe reste en arrière. Le procédé parait intéressant mais demande à être plus développé et surtout ouvert vers l’extérieur. Je reste un peu sur ma faim.

Après deux jours complets passés à la mosquée en leur compagnie, j’ai fini par m’attacher à mes pakistanais et me voilà triste de les quitter. Très triste. Et je n’ai rien d’extraordinaire à vous conter de particulier. C’était juste une expérience de partage entre humains de cultures très différentes. Ces gens là sont le cœur de l’Islam. Ils sont tels qu’Allah nous a voulu car ils ont suivi le cycle de la révélation entièrement depuis le tout début (Brahma en Inde). Ils ont donc acquis les bases de la vie en communauté et du lien avec la terre (enseignements de l’hindouisme), puis ils ont construit sur ces bases spirituelles pendant des milliers d’années avant de recevoir l’Islam qui a corrigé tous les défauts que leurs élites avaient installés pour leur propre avantage (système des castes par exemple). A coté, nous faisons figure d’extra-terrestres. Nous ne sommes que les plus grands égarés que la terre ait porté, ayant reçu l’Islam juste avant la fin des temps. Le contraste est saisissant.

Je comprends alors que nous n’avons rien à faire qu’apprendre en leur compagnie. La lutte contre les forces de l’invisible, la compréhension du monde géopolitique, des enjeux économiques et démographiques. Tout ça n’a aucun intérêt. Que notre combat est avant tout sur nous-même et que c’est bel et bien à nous que revient la charge de réformer les pays occidentaux en profondeur pour achever le travail de l’établissement du règne d’Allah sur terre.

Quelqu’un nous a parlé du plus grand centre islamique de Grande-Bretagne situé à quelques kilomètres de là: Merkazi. Nous voilà parti.

Suite dans la partie 2.

Notes:

En France, les tablighs sont considérés comme une secte. Ils sont un sujet de moquerie, notamment chez les salafis. Au même titre que les chiites sont rejetés tels des mécréants. Les musulmans français, même s’ils sont pour la grande majorité des maghrébins d’origine, sont des français à part entière, en ce sens qu’ils possèdent ce coté insupportable qui consiste à penser qu’ils détiennent la Vérité à eux tout seul et que le monde doit les écouter.

Jamaat:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tablighi_Jamaat