mercredi 24 avril 2024

Coeur de Bray

Des yeux clairs. Un visage fin. De la lumière en émane. De la grâce. Elle est belle. Ils sont hypnotisés. Les émotions refont surface. Les uns vocifèrent. Ils reconnaissent l’incarnation de leur ennemie. Les autres complimentent. Voilà celle qui va les sauver. L’indifférence n’est pas de mise. Il faut choisir son camp. Beauté, foi, force de vie. Un cocktail détonnant. Pas Molotov pour l’instant. Et moi, je suis là. J’ai à faire. Il faut que j’écrive. La date est juste. Le propos doit l’être tout autant.
O temps, suspends ton vol.
Et revenons en arrière. Ils sont opprimés. Leurs fils sont massacrés par les soldats. Le pouvoir en a décidé ainsi. Sur cette terre, ils sont les damnés. Voilà trop longtemps que cela dure. Mais le Créateur a un plan. Il veille sur les siens. Il veut leur donner la terre à l’ouest du Jourdain. Son choix s’est porté sur quelqu’un pour sauver les damnés. Il l’a placé dans une position favorable, avec toutes les facultés nécessaires. Le Créateur va apporter toute son aide, tous ses miracles. Sa guidance. Pour aller jusqu’au bout.
15. Il entra dans la ville à un moment d’inattention de ses habitants; il y trouva deux hommes qui se battaient, l’un était de ses partisans et l’autre de ses adversaires. L’homme de son parti l’appela au secours contre son ennemi. Moïse lui donna un coup de poing qui l’acheva. Et dit: «Cela est l’œuvre du Diable. C’est vraiment un ennemi, un égareur évident». 16. Il dit: «Seigneur, je me suis fait du tort à moi-même; pardonne-moi». Et Il lui pardonna. C’est Lui vraiment le Pardonneur, le Miséricordieux! 17. Il dit: «Seigneur, grâce aux bienfaits dont tu m’as comblé, jamais je ne soutiendrai les criminels». 18. Le lendemain matin, il se trouva en ville, craintif et regardant autour de lui, quand voilà que celui qui lui avait demandé secours la veille, l’appelait à grands cris. Moïse lui dit: «Tu es certes un provocateur déclaré». 19. Quand il voulut porter un coup à leur ennemi commun, il dit: «Ô Moïse, veux-tu me tuer comme tu as tué un homme hier? Tu ne veux être qu’un tyran sur terre; et tu ne veux pas être parmi les bienfaiteurs». 20. Et c’est alors qu’un homme vint du bout de la ville en courant et dit: «Ô Moïse, les notables sont en train de se concerter à ton sujet pour te tuer. Quitte (la ville). C’est le conseil que je te donne». 21. Il sortit de là, craintif, regardant autour de lui. Il dit: «Seigneur, sauve-moi de [ce] peuple injuste!»
La situation des enfants d’Israël en terre d’Egypte était terrible. Sous les ordres de Pharaon, leurs premiers nés étaient tués et eux-mêmes servaient comme esclaves. Nous sommes bien loin de celle des palestiniens actuelles. Certes, les israéliens sont des colonisateurs occidentaux, mais rien de comparable avec l’histoire biblique. Ceci étant dit, poursuivons. Moïse, paix sur lui, de par son enfance, est un favorisé. Bible et Coran sont muets au sujet de sa vie entre le berceau et la vie d’adulte, mais nous savons qu’il n’est pas astreint aux taches de son peuple et qu’il demeure libre de ses déplacements. Malgré son statut, il ne renie pas ses origines et lorsqu’il lui parait être confronté à une injustice envers un de ses frères, il n’hésite pas à intervenir de manière violente. Moïse n’est donc pas un lâche et il est un redoutable combattant.
Mais il se repent de son geste. “Cela est l’œuvre du Diable.” Il est essentiel de tirer un enseignement prophétique: la violence n’est pas la solution. Même si les siens sont victimes des pires persécutions. Le Coran dit: Et quiconque observe [strictement] ses devoirs envers Dieu, Dieu lui donnera une issue favorable et lui accordera Ses dons par [des moyens] qu’il ne soupçonnait pas. Et quiconque place sa confiance en Dieu, Dieu lui suffit. Ses commandements s’accompliront toujours et Il a assigné une mesure précise à chaque chose. (Coran 65:3)
Bien que regrettant son geste et ayant identifié l’homme qu’il a aidé comme un provocateur, de nouveau confronté à une situation identique avec ce même homme, il se prépare à commettre la même erreur. C’est ainsi. Tout humain est faillible. Les prophètes sont des humains comme les autres. Ce n’est que que par la grâce d’Allah qu’il choisit la fuite. Il choisit de quitter le pays définitivement et sans se retourner. Il aurait très bien pu trouver des partisans, prendre le maquis, fomenter des attaques contre l’oppresseur. Il avait la force physique et l’étoffe d’un meneur d’hommes. La situation à la Mecque était similaire. Les premiers musulmans étaient persécutés pour leur foi. Ils ont tenu bon, jusqu’à que l’ordre vienne de partir en exil à Médine.
Bien entendu, je ne m’adresse pas ici à des personnes susceptibles de prendre les armes, de tuer des ennemis et de diriger une résistance. Mais, il est essentiel que chacun se rende compte de la portée de ses actes. Le principe du Colibri fonctionne dans les deux sens: en bien et en mal. Si bien, que ceux qui pensent faire le bien par leurs petites actions au quotidien comme prendre parti dans un conflit éloigné pour l’un ou l’autre camp, ne font en réalité que participer à leur échelle à ce conflit. Chaque mot d’hostilité à l’égard d’autrui est comme une goutte d’eau dans cet océan de violence. Il n’y a pas à prendre parti. Dieu donnera la victoire à qui de droit, par là où l’on s’y attendra le moins. La guerre, les agressions physiques ou verbales, la propagande, le trolling, l’information partiale journalistique, tout cela sont des moyens directs employés. En réalité, plus vous vous emploierez à combattre, plus vous perdrez. Vous ne faites que lutter contre vous-mêmes. Certains répondront que j’invite à la lâcheté. Non. J’invite au bien. Mais un bien dont vous maitrisez les paramètres. Un bien devant vos yeux. Un bien qui vous est évident. Et si vous vous trompez encore, même à courte distance, eh bien, qu’il en soit ainsi. Mais au moins, vous aurez essayé.
J’ai horreur de donner des leçons aux gens. A cause d’une histoire de paille et de poutre, il est très difficile de conseiller autrui. Pourtant, parfois, il faut savoir trouver les mots. Voilà plus de six ans que cette histoire a commencé. En revoyant mes publications au jour le jour, et en fouillant dans ma mémoire, je ne peux que constater qu’une grande colère m’habitait. Je suis heureux de voir qu’elle m’a lentement abandonné. Oh, bien sur, tout n’est pas fait, il m’arrive encore de me laisser gagner par la colère. Que voulez-vous.
Il y a de cela quelques mois, un jeune garçon m’a été confié. Un jeune plein de colère. Cela a été une terrible épreuve parfois. J’ai fait ce que j’ai pu. A croire que je n’avais pas les ressources nécessaires car il a fini par partir dans une dernière colère. La veille, il était avec moi dans le camion. Il y avait deux chariots. Il a tiré celui des produits frais et moi les produits secs. Nous avons rempli le camion puis je suis allé signer au bureau. En revenant, j’ai trouvé un objet de couleur vive par terre. Un camembert “Coeur de Bray” était tombé de son chariot. Je lui ai fait remarquer mais il n’y a pas prêté attention. Ce n’était pas mon cas, vous vous en doutiez bien.
En rentrant chez moi, je cherche la signification du mot Bray: https://fr.wikipedia.org/wiki/Pays_de_Bray Bray signifie boue. Il avait donc laissé tomber un cœur de boue par terre. J’ai alors tapé coeur de boue sur internet. Je suis tombé sur un site chrétien: https://www.topchretien.com/topmessages/texte/boue-au-fond-du-coeur/
Debout près d’une petite mare bien calme qui brille comme un miroir au soleil, je m’amuse à en troubler le fond avec le bout d’un bâton. Aussitôt, voilà des nuages de boue qui se lèvent dans l’eau agitée. Je n’ai plus sous les yeux qu’une mare d’eau sale dont je m’éloigne avec dégoût. Une demi-heure après, tout est calme de nouveau. La vase est retombée au fond, et j’ai devant moi un joli petit lac clair et pur. Cette mare m’a fait penser à ce que disait un collègue qui venait de piquer une violente colère : « Je me fâche vite quand on me provoque; mais çà ne dure jamais; un instant après c’est oublié. J’ai bon cœur, le fond est bon ! »
Le fond est bon? C’est comme la mare: même tranquille, le fond c’est de la vase, et troublée, toute la mare redevient boueuse!