12 avril 2012: conversion à l’Islam à 1h49
12 avril 2025: entrée dans Pessa’h à la tombée de la nuit
Thaqalayn: Les deux Poids
Toute personne qui a cheminé dans l’Islam a forcément croisé la route de la polémique au sujet des hadiths « ath-thaqalayn ». Il existe un grand nombre de sites dédiés, certains en français, qui traitent du sujet. Généralement ce sont d’avantage les Shias qui axent leur paroles dans cette direction. C’est en janvier 2014 que je prenais connaissance du sujet. https://www.stephanpain.com/2014/01/24/les-deux-poids/ Une information apparemment anodine était rapportée à la même période: deux baleines liées l’une à l’autre s’étaient échouées sur une plage nommée « ojo de liebre ». La maladie de l’oeil de lièvre consiste à ne plus pouvoir fermer les yeux. Le Signe me semblait plutôt simple à comprendre.
Le hadith tel que rapporté par les Shias dit ceci:
Je suis sur le point d’être rappelé (par Allah) et de répondre (à ce rappel). Je vous laisse les Thaqalayn (les deux Poids): le Livre d’Allah et ma Famille, les Gens de ma Maison (Ahl-ul-Bayt). Celui Qui est Doux (Allah) m’a informé qu’ils ne se sépareront pas jusqu’à ce qu’ils reviennent vers moi près du Bassin (jusqu’au Jour du Jugement). Regardez donc bien comment vous les traiterez après moi. Je vous rappelle Allah par les Gens de ma Maison!
Comprenons-bien l’importance de de hadith. D’abord parce qu’il s’agit de la dernière parole d’importance du Prophète, paix sur lui, et ensuite par le poids de son contenu. Après avoir pris connaissance de son existence, il est difficile de faire comme si l’on avait rien vu. Les Shias dénoncent les Sunnis comme rapportant une version alternative de ce hadith, les Gens de la Maison remplacés par « Ma Sunnah ». En réalité, ceux qui rapportent cette version sont minoritaires dans l’Islam sunnite, car si les savants sunnites ne contestent pas cette phrase, ils leur suffit d’expliquer que la Maison décrite n’est pas composée des descendants physiques du Prophète, paix sur lui, mais de ses descendants spirituels. Ainsi les gardiens de la Tradition prophétique endossent la responsabilité de faire parti des Gens de la Maison. A cela les Shias pourront toujours répliquer que les Imams qu’ils suivent sont les véritables gardiens. Chacun campe sur ses positions. Il ne semble pas y avoir d’issue. A vrai dire, ce n’est pas tant la rigueur de la définition des Gens de la Maison qui peut guider vers tel ou tel groupe, mais bien l’affinité doctrinale avec un groupe qui va influer sur le sens que l’on donne à cette expression. Pour la grande majorité, l’Islam est reçu en héritage, et personne ne se sent suffisamment armé pour tourner le dos à son milieu d’origine et adopter les rites de l’équipe d’en-face.
Qu’il s’agisse de suivre un groupe de gens certes, mais quelle est la nature de sa composition? S’agit-il d’un groupe déterminé par l’hérédité comme le revendique les Shias, ou bien par le mérite de la conformité à la Sunnah et la responsabilité de sa transmission? D’ailleurs, cela ne se limite pas à un seul groupe, puisque l’époque moderne a vu l’émergence d’une troisième voie: al Hikma, la Sagesse. Ainsi ceux qui exerceraient un regard critique sur les traditions transmises en explorant de nouvelles interprétations du corpus appartiendraient à un groupe de gens de sagesse. On pourra y trouver par exemple les coranistes, ou d’autres courants qui refusent le littéralisme comme les néo-mutazilites. Et tout cela sans compter sur un courant qui commence à gagner en importance sur l’internet occidental, à savoir les apostats « prosélytes ». Cela peut sembler être un oxymore, mais lorsque l’on considère l’énergie dépensée pour débattre du sujet de l’Islam afin de le combattre, cela prend tout son sens. Même s’ils se revendiquent en dehors de l’Islam, paradoxalement la vie de certains semblent se définir à partir de lui. Si bien que l’individu lambda, cherchant son chemin, pourra prêter une oreille attentive à ce groupe comme à tous les autres.
Il est quasi impossible qu’un farouche gardien de la Sunnah puisse parvenir jusqu’ici. L’internet de la pensée religieuse en dehors du cadre établi est l’équivalent du Dajjal. Il est parfois compliqué d’expliquer à un musulman orthodoxe (tout est relatif) l’intérêt qu’il y a de confronter son point de vue sur la religion avec des critiques acerbes. Nous percevons très bien que face à certaines idées, la tâche du savant interrogé va être non pas de mettre en perspective ses connaissances, mais bien de les asséner comme des dogmes. Et malheur à ceux qui contestent certains points. Je ne vais pas m’étendre. La problématique est connue de tous.
Loi-de-feu
Le Coran est clair: si le problème semble insoluble, alors dirige-toi vers les gens du rappel. Étant donné que la définition des gens du rappel donnée par les savants musulmans est le groupe qu’ils constituent eux-mêmes, nous allons donc perdre à ce point de l’article un bon nombre de gens. Mais je suis taquin. Puisque vous êtes ici, nous allons nous diriger vers les gardiens de la Torah/biblistes et leur emprunter leur Livre.
Dt 33.2
Et il dit: « Le Seigneur est venu au Sinaï,
et il a jailli de Séir pour eux,
il a resplendi depuis la montagne de Paran,
et il est venu avec dix milliers de saints; (guidés) de sa (main) droite, (avec) la Loi-de-feu pour eux. »
La Loi et le Feu sont les deux Poids.
Ainsi, tout croyant devrait s’attacher aux Gens de la Maison du Feu de l’Esprit. La question qui vient immanquablement à toute intelligence naturelle ou artificielle à ce point de lecture est de se demander comment on peut identifier ce groupe. Ce n’est pas le but de cet article, du moins pas pour l’instant. Nous allons plutôt faire parler le Coran, car il a beaucoup de choses à nous dire.
Nous approchons de Pessah et de Pâque. Il s’agit de commémorer la sortie d’Égypte pour les uns et le renouvellement de cette sortie par la Passion pour les autres. Je rappelle au passage que le nom de ce site est Pessa’h Seni, qui signifie la Seconde Pâque. Le nom de la Parasha qui traite de Pessah est Bo. Bo signifie ‘va’. C’est un verbe de mouvement. Le mouvement est à la base du peuple d’Israël. La sourate al Isra, qui rapporte l’histoire globale de ce peuple, contient dans son nom et dans son verset d’introduction cette notion de mouvement. Tout ce qui tourne autour de ce premier verset est un sujet qui revient régulièrement dans les articles. Or, quelle ne fut pas ma surprise, lorsque je me dirigeais dans le Coran pour trouver le verbe équivalent à Bo: 935: בּוֹא et que je le trouvais tout simplement là à attendre que l’on veuille bien s’intéresser à lui: بَاءَ: bāa. Ce qui est surprenant est son sens. Il y a bien une idée de déplacement, mais selon la traduction fournie, et ce pour toutes les occurrences, bāa désigne une installation, un placement, c’est à dire l’arrêt du mouvement. Il est aussi traduire par encourir ou un synonyme. Si l’acte fondateur du peuple de la Torah est la sortie d’Égypte commandée par le Bo divin, on ne peut que s’étonner, que dans le Livre révélée à une communauté dont l’acte fondateur est l’hégire, Bo soit devenu un verbe d’établissement. Intrigué, je prenais chaque versets concernés et remplaçais par un verbe de mouvement. On peut ainsi redonner une impulsion de mouvement à quasiment tous les versets listés. Vous pouvez effectuer cet exercice grâce à cet outil en ligne: https://corpus.quran.com/qurandictionary.jsp?q=bwA#(7:74:8)
De Bo à Bāa
Nous avons alors:
• faire venir (la colère sur)
2.61; 2.90; 3.112; 8.16 traduits par « Et ils ont encouru la colère d’Allah » (singulier pour 8.16). On peut facilement introduire le mouvement par le verbe « faire venir » et ainsi cela décrit le mouvement de la colère qui tombe sur l’injuste. Il en va de même pour le verset 3.162.
• venir reposer sur
Quant au verset 5.29, traduit par chargé, il peut aussi décrire le mouvement des péchés qui viennent reposer sur le meurtrier d’Abel.
• envoyer (au Paradis)
Les versets 29.58/39.74 peuvent ainsi décrire le mouvement de déplacement au Paradis. Le Paradis n’est pas un endroit statique.
• envoyer (à la Maison)
Le verset 22.26, l’envoi d’Abraham, paix sur lui, à l’emplacement de la Maison.
• 16:41: venue des bienfaits de ce monde. Et les bienfaits n’ont pas vocation à durer nécessairement.
• Verset 10.87
Traduction usuelle:
87. Et Nous révélâmes à Moïse et à son frère: « Prenez pour votre peuple des maisons en Égypte, faîtes de vos maisons un lieu de prière et soyez assidus dans la prière. Et fais la bonne annonce aux croyants ».
Avant de se pencher sur le texte original, constatons que le peu de sens ici car il s’agirait de loger les hébreux en Égypte. Outre le verbe Baa qui est ici au dual et qui a pour sujet les deux prophètes, le mot peuple est ici au dual. Mais plus important, il comporte un préfixe « li », tandis que Égypte comporte un « bi ». Nous aurions dons bien un mouvement d’un point de départ à un point d’arrivée. Une traduction signifiante serait donc:
87. Et Nous révélâmes à Moïse et à son frère: « Venez (vous deux) vers votre (à vous deux) peuple depuis (les) maisons d’Égypte, faîtes (votre peuple) de vos maisons un lieu de prière et soyez assidus dans la prière. Et fais la bonne annonce aux croyants ».
Il s’agit donc bien d’un mouvement des deux hommes vers leur peuple, leur signifiant de quitter leur maison, c’est à dire de devenir en quelque sorte des « sans domicile fixe ». Cela symbolise leur entrée effective en ministère et qu’ils sont déjà considérés comme en exode. Le peuple change de statut également: bien que n’ayant pas encore reçu l’ordre de quitter leur maison, ces dernières sont néanmoins devenues à partir de ce moment là des espaces de prière et n’avoir plus aucun rôle avec la vie d’ici-bas (en dehors des besoins vitaux). Il s’agit d’une phase intermédiaire avant de lâcher prise totalement. Enfin la deuxième partie du verset semble être l’ordre que les deux prophètes, paix sur eux, doivent donner à leur peuple alors qu’ils entrent en contact avec lui.
• 12:56: Joseph, paix sur lui, est autorisé à aller où il veut.
• Nous avons le verset 10.93 traduit ainsi:
10.93. Certes, Nous avons établi les Enfants d’Israël dans un endroit honorable…
que nous traduirions d’avantage ainsi:
93. Certes, Nous avons fait venir les Enfants d’Israël dans un endroit honorable…
L’ennui ici est que le mot pour endroit est mubawwa-a, construit sur la racine baa. C’est d’ailleurs le seul verset où nous trouvons deux formes de la racine baa. C’est le seul qui parle des enfants d’Israël nommément. ṣid’qin traduit par honorable est généralement traduit par vérité ou juste. Il y a donc ici une subtilité. Le mouvement contenu dans le nom Israël aurait-il réellement pris fin au moment de l’installation en Canaan? La réponse est non. Poursuivons la lecture:
et leur avons attribué comme nourriture de bons aliments.
Le sujet est réduit sur la question de la nourriture mais le texte coranique ne l’indique pas. Il est question du « rizq ». Et si l’on considère l’aspect spirituel des choses, cette subsistance serait d’avantage les enseignements prophétiques, qui sont de bonnes choses comme le précise la fin de cette partie. Poursuivons:
Par la suite, ils n’ont divergé qu’au moment où leur vint la science.
qui confirme que cette subsistance est liée à la science et non à la nourriture.
Maintenant, il faut se rappeler de la sourate Sad et de ce que Dieu enseigne à Salomon, paix sur lui, sur son trône: il est itinérant. La royauté en Israël est une royauté de mouvement. voir: https://www.stephanpain.com/2018/01/26/hijaboun-habibi/
La subsistance dont il est question ici se reçoit également en exil, comme nous l’avons vu avec le prophète Daniel, paix sur lui, prophète à Babylone. La divergence dont il est question ici est celle provoquée au moment de la première Venue du Messie. Ainsi, nous pouvons redéfinir le sens de mubawwa-a en décrivant une ‘dynamique de mouvement’. Le verset se traduit:
93. Certes, Nous avons fait aller les Enfants d’Israël dans une dynamique de mouvement de (ancré dans la) vérité, et leur avons attribué comme subsistance de bonnes choses. Par la suite, ils n’ont divergé qu’au moment où leur vint la science. Ton Seigneur décidera entre eux, au Jour de la Résurrection sur ce qui les divisait.
C’est la diaspora qui est le véritable moteur du peuple d’Israël. Cette compréhension va totalement à l’envers des enseignements traditionnels qui placent une prééminence à ceux qui résident en Terre Promise. Pourtant les faits sont là. Il suffit de connaitre l’histoire. Mais poursuivons la lecture:
94. Et si tu es en doute sur ce que Nous avons fait descendre vers toi, interroge alors ceux qui lisent le Livre révélé avant toi. La vérité certes t’est venue de ton Seigneur: ne sois donc point de ceux qui doutent.
95. Et ne sois point de ceux qui traitent de mensonge les versets d’Allah. Tu serais alors du nombre des perdants.
96. Ceux contre qui la parole de ton Seigneur se réalisera ne croiront pas,
97. même si tous les signes leur parvenaient, jusqu’à ce qu’ils voient le châtiment douloureux.
Les versets 96 et 97 sont une sorte de mise en abyme en ce moment même.
Sur les 16 occurrences, nous avons vu que nous pouvons faire de Baa un verbe de mouvement 14 fois. Voici les deux dernières.
• 7.74
7.74. Et rappelez-vous quand Il vous (Thamud) fit succéder aux Aad et vous installa sur la terre. Vous avez édifié des palais dans ses plaines, et taillé en maisons les montagnes. Rappelez-vous donc les bienfaits d’Allah et ne répandez pas la corruption sur la terre « comme des fauteurs de trouble ».
Le verset concerne les Thamud et il ne pose pas spécialement de problème. Si le verbe Baa n’était présent qu’à cet endroit, il ne serait pas pertinent de faire varier le sens de « installa ». Par le poids du Bo de la Torah et de toutes les autres occurrences, je vais donc me permettre d’introduire du mouvement dans ce verset. Ainsi, il est dit que les Thamud auraient été déplacés sur la terre. Historiquement nous savons que les Nabatéens ont investi le pays d’Edom quelques temps après que les édomites ont émigré vers l’ouest à une époque autour de la date de l’exil de Juda à Babylone, soit vers -600. Nous avons déterminé par ailleurs, qu’après la venue du châtiment annoncé par Salih, paix sur lui, les Thamud ont fui leurs demeures, notamment Pétra et sa région qui n’a plus jamais été habitée (sinon par des familles/individus isolés et non par des sociétés organisées).
L’objectif de cette étude autour du verbe Baa est de démontrer que son utilisation dans ce verset n’est pas juste descriptif. Les Thamud ne sont pas juste un peuple parmi d’autres qui serviraient d’exemple pour illustrer l’autorité divine. Nous avons vu que les ‘Ads étaient les édomites et leur place crucial au sein de la Révélation. Il est clair que la répétition du récit des Thamud tout au long du Coran indique qu’il s’agit d’un peuple dont le destin est étroitement lié au déroulé de la Révélation. Ne pas le prendre en compte est donc une erreur théologique fondamentale. Cette erreur nous allons la réparer. Le verbe Bo/Baa indique que comme Israël et Edom, le mouvement fait parti du destin des Thamud. Le premier mouvement consiste à récupérer Pétra, qui, si on le comprend bien, est encore à ce moment là malgré le châtiment infligé aux injustes parmi les ‘Ads, toujours sacrée par l’Éternel. Il s’agit pour ce peuple de réinvestir des lieux destinés au culte monothéiste et à se rapprocher d’Israël.
600 ans plus tard, nous voilà à la période messianique. Jean, paix sur lui, mène son ministère au Jourdain en itinérance. Il va être exécuté par un roi d’Israël tel que rapporté dans les évangiles. Là où cela devient intéressant, c’est lorsque l’on apprend que ce même roi était marié avec la fille du roi nabatéen. Il semblerait que cette alliance n’était pas uniquement politique/économique. Elle aurait pu avoir une dimension religieuse. C’est là où nous rentrons dans la spéculation. Il est fort possible que cette alliance entre Israël et le nouvel Edom ait été désavoué par la caste des prêtres. Toujours est-il que le roi répudie la princesse nabatéenne et consolide sa lignée hérodienne. La raison officielle invoquée fut la passion amoureuse. Le thème fut repris consciencieusement dans les évangiles. Pas besoin d’être un expert pour comprendre que ce changement d’alliance doit être considéré sous un autre angle. On nous dit qu’à ce changement d’alliance est directement connectée la condamnation du prophète, paix sur lui. Effectivement, cela a du sens. Enfin, nous apprenons que le roi nabatéen a déclaré la guerre au roi israélien et a remporté la victoire. Quand on considère l’emprise de Rome sur ses possessions et ses territoires vassaux, on ne peut que s’étonner de la liberté militaire accordé à ces deux rois. Le premier siècle de notre ère correspond également au pic de la civilisation nabatéenne. C’est à cette époque qu’ils ont entrepris les travaux que nous connaissons. Considérant toutes ces informations, si l’histoire officielle nous présente le royaume nabatéen comme un royaume polythéiste comme bien d’autres, il est fort possible que la venue messianique, qui se situe à une distance raisonnable (considérons que Damas par exemple est autant éloigné que Pétra) ait eu un impact sur le noyau croyant de la population. Dans les siècles qui ont suivi la foi chrétienne a pu se développer sans pour autant être rapportée à sa juste valeur dans l’histoire officielle car elle ne représentait pas un enjeu. Lorsque Salih, paix sur lui, entre en ministère, il y a suffisamment de croyants pour que cela soit significatif et être rapporté dans le Coran. Nous sommes en 363, le tremblement de terre détruit Pétra. La ville et sa région sont désertées. Si nous le comprenons bien, depuis 3 siècles à ce moment là, la civilisation nabatéenne s’est étendue vers le sud. Une nouvelle cité, nommée Hégra à notre époque, a vu le jour. Nous discernons donc un mouvement lent, suivi d’un mouvement brutal. L’impulsion vers le sud nous amène donc vers Yathrib!
Selon les sources rabbiniques de cette ville, les tribus Banū Aws et Banu Khazraj seraient venu du Yémen. Je pense que le temps est venu de mettre en doute cette affirmation et de comprendre que ces deux tribus sont en réalité en provenance du nord, et donc sont des tribus nabatéennes. Elles nous sont présentées comme polythéistes. Là aussi, des doutes se font. Les religions sont un peu comme les nuages radioactifs et les pandémies: elles ne connaissent pas les frontières. Tout porte à croire que ces deux tribus étaient porteuses en leur sein de la foi chrétienne. La question qui se pose est: pourquoi cela n’apparait-il pas dans les textes de la tradition? La réponse va se faire au fur et à mesure de la lecture. Tout d’abord, ce que l’on peut percevoir est que cette foi n’est pas forcément affichée au grand jour à l’époque. La raison est simple: la persécution. Si ces deux tribus proviennent de la Nabatée sous domination totale romaine depuis +106, elles ont du être persécutées par le pouvoir romain de l’époque. On pourrait se dire que la situation a changé avec le temps. Oui, c’est vrai, mais à condition de ne pas être considérés comme hérétique par le pouvoir centralisé. Car si la foi de ces nabatéens était anti-trinitaire (très répandue durant de nombreux siècles), ils avaient toute raison de se cacher de Rome. Deuxièmement, les tribus juives de Yathrib qui devaient exercer le pouvoir, n’auraient pas non plus accepté cette foi déviante à leurs yeux. En conclusion, il ne faut pas forcément s’appuyer sur ce qui est dit sur ces deux tribus. Ce que l’on peut constater néanmoins, est qu’une partie des gens de Yathrib ont accepté la nouvelle foi et qu’ils ont fait bon accueil au Prophète, paix sur lui.
9.100. Les tout premiers [croyants] parmi les émigrés muhājirīna et les Aides anṣāri et ceux qui les ont suivis dans un beau comportement, Allah les agrée, et ils l’agréent. Il a préparé pour eux des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, et ils y demeureront éternellement. Voilà l’énorme succès!
Ces gens qui habitent Yathrib et adhérent à la foi des mecquois émigrés sont nommés les Ansars, que l’on peut traduire par les Aides. Cette racine est populaire dans le Coran:
Qu 3.52. Puis, quand Jésus ressentit de l’incrédulité de leur part, il dit : « Qui sont mes alliés anṣārī dans la voie d’Allah? » Les apôtres ḥawāriyūna dirent : « Nous sommes les alliés anṣāru d’Allah. Nous croyons en Allah. Et sois témoin que nous Lui sommes soumis.
Il semblerait que le noyau spirituel de ces gens provient d’une racine profondément ancrée dans la voie des hawariyun. Ces mêmes hawariyun ont reçu le Feu. Poussés par le Bo divin, ils sont arrivés à Yathrib vers la fin du 4ème siècle. Comme on peut le comprendre, ils étaient parmi ceux qui avaient entendu et retenu la prophétie de la venue d’Ahmad, paix sur lui. Ils ont donc reconnu celui qu’ils attendaient. Ceci afin que se réalise la prophétie la plus importante de la Passion, c’est à dire l’accomplissement du Psaume 22 jusqu’à ses ultimes versets:
Ps 22.31 La descendance Le servira; on parlera du Seigneur à la génération.
32 Ils viendront יָ֭בֹאוּ yāḇō’ū et proclameront sa justice: ils diront au peuple à naître ce qu’il a fait.
Le processus décrit au verset 31 se répète de manière continue jusqu’au moment où le décret de naissance est émis.
C’est ainsi que Yathrib est devenu le point de rencontre entre le Feu en provenance du nord et de la Loi venue du sud.
Yathrib est, si on le comprend bien, Tsion/Sion (le lieu aride).
Replaçons une nouvelle fois le Psaume 84 (dans une toute nouvelle traduction: 16/04):
1 Combien sont aimables tes Tabernacles Yah des armées!
2 Elle se languit, puis s’accomplit, mon âme, dans les Parvis de Yah, mon coeur et ma chair crient vers le Dieu vivant;
3 Comme l’oiseau, elle trouve une maison et un nid libre pour elle-même afin de déposer ses rejetons: à Tes autels Yah Tsebaot, mon Roi et mon Dieu.
4 Heureux ceux qui habitent dans ta maison: ils te loueront encore.
Rocher investi de l’Esprit, 5 homme béni, sa force vient de Toi;
les voies du Salut sont dans leurs cœurs.6 Lorsqu’ils traversent la vallée de Baka (Bakkah),
ils/Il la transforme·nt en Source,
tout comme les bénédictions/par des tendresses Il couvre·nt Moreh.
7 Ils progressent, de force en force,
ils/il se présente·nt devant Dieu à Sion.
8 Éternel, Dieu des armées, écoute ma prière! Prête l’oreille, Dieu de Jacob!
Rocher investi de l’Esprit, 9 notre bouclier, vois, ô Dieu;
et regarde la face de ton Messie.
10 Assurément, un jour dans tes parvis vaut mieux que mille [autres]; je préfère circumambuler en silence autour de la maison de mon Seigneur, plutôt que le long du cercle des gens de l’iniquité.
11 Comme le soleil et un bouclier de parade, Yah Elohim la grâce illuminante et la gloire donnera.
Yah ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité.
12 Yah Tsebaot! Heureux l’homme qui se confie en toi!
Dans les versets 6 et 7, points centraux, il y a une utilisation curieuse du singulier par trois fois alors que l’on attend du pluriel. Les hommes semblent fusionner en une seule entité qui elle-même fusionne avec Dieu dans les trois lieux sacrés distincts. Voilà pourquoi je propose une interprétation alternative où Berakot (bénédictions) devient beRakot (par des tendresses rak-kō-wṯ). Dans 11, le soleil est comparé à la grâce dans sa fonction illuminante et non au Créateur comme toutes les traductions l’affirment. De même, le bouclier est un bouclier de parade accompagnant celui qui reçoit la gloire. La personne peut être montée dessus et portée à la vue de tous et non protégée par lui. Admirez le chiasme de ce Psaume.
Voici les trois Cités saintes encadrées par les deux Rochers messianiques: Makkah, Sichem et Yathrib.
La place centrale, comme nous pouvons le constater, est occupée par Moreh. C’est aussi la seule qui soit inconnue des mécréants et la seule qui n’est pas officiellement un lieu de pèlerinage à part pour quelques centaines de Samaritains soumis au bon-vouloir des autorités israéliennes. C’est un trésor caché.
Tout ce que je dis n’est que de la déduction tirée de ce texte et du travail en amont.
Arrivé à ce point de lecture, certains pourraient émettre un avis critique et faire remarquer que tout ce qui précède dans mes travaux concernant la connexion entre les communautés devient caduque car la prophétie de la connexion entre la Loi et le Feu du Deutéronome s’est accomplie à Yathrib/Sion. En conséquence de quoi, la communauté musulmane renfermerait donc en son sein à la fois la Loi et le Feu. C’est vrai. Mais cette fusion n’a été qu’éphémère. La preuve? Elle est fort simple: le changement de nom de Yathrib en Médine. Au moment où le changement de nom s’est opéré, la bénédiction de la fusion de la Loi et du Feu a pris fin. Yathrib est un nom théophore, c’est à dire qu’il contient la bénédiction du nom divin qu’il contient. Médine, en arabe, n’est qu’un nom commun.
• 59.9 tabawwaū :
Il serait question des premiers émigrés vers Yathrib. Ils n’auraient pas subi l’expulsion et seraient venu de leur plein gré. Ils reçoivent les expulsés parmi eux et les aident. Ces derniers sont décrits dans le verset précédent. Le verbe Baa pourrait donc décrire un mouvement vers leurs nouvelles demeures conjugué à leur venue vers la foi (mouvement physique et spirituel). Le récit qui fait consensus dans la littérature islamique indique que même si ce mouvement a été spontané pour eux, ils ne doivent pas faire de distinction avec ceux qui l’ont opéré sous la contrainte.
Seulement, ce narratif se heurte à la tournure du verset avec l’utilisation de tabawwaū et de dar. Pour désigner les maisons d’habitations, le mot employé est généralement bayt. Lorsque Dar est employé, surtout avec un article (17 occurrences), il désigne d’au-delà: la Demeure éternelle ou bien la demeure de l’enfer. Il y a deux exceptions, le verset 17.5 où dar est au pluriel et ce verset. Dans notre passage sur terre, nous ne pouvons nous établir dans cette Demeure, mais bien s’inscrire dans un chemin qui y mène, et ce chemin est celui de la foi. C’est ce qui est décrit ici:
9. Et ceux qui se sont dirigés vers la Demeure éternelle et dans (le chemin de) la foi avant eux, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent.
Cela change tout. Car cela signifie que ce n’est pas seulement le mouvement d’émigration qui a apporté la Vérité depuis Makkah, mais qu’elle préexistait au travers d’un groupe sur place. Et ce groupe était les Ansars.
Abordons la dernière occurrence de Baa et donc l’étude de tout un passage :
• 3:121:5 tubawwi-u
3.121. Lorsqu’un matin, tu (Muhammad) quittas ta famille, pour assigner aux croyants les postes de combat
et Allah est Audient et Omniscient.
122. Quand deux de vos groupes songèrent à fléchir! Alors qu’Allah est leur allié à tous deux! Car, c’est en Allah que les croyants doivent placer leur confiance.
Sans surprise, Baa est interprété comme un verbe d’établissement. Il s’agit du champ de bataille et d’indiquer à chacun l’endroit dont il ne doit pas bouger. Nous voilà confronté au mot clef de tout ce passage: lilqitali: combat. De son interprétation va découler celle du passage en entier. Qatal et Baa ont ceci de commun qu’il définisse une action qui peut prendre fin. Bo/Ba, le déplacement prend fin à l’arrivée à destination, le combat entre deux partis prend fin à la mort. Le verbe Qetal n’est pas beaucoup utilisé dans la Bible mais il est systématiquement traduit et interprété par tuer, en miroir avec Bo pour sa version coranique. La vie sur terre n’est qu’un passage et nous sommes tous des voyageurs. La fin de la route/combat signifie donc la mort. Ce qui est valable pour le matériel l’est pour l’immatériel.
Arrivé à ce point de l’article, on comprend que tout va se mettre en mouvement.
Yathrib est en proie à des querelles politiques insolubles. Plutôt que de prendre le pouvoir et d’imposer des règles précises, c’est à dire d’exercer un diktat, il s’agit d’avantage de faire entrer la société tribale dans une nouvelle dimension politique propre à l’intégrer au sein du concert des nations. Ce n’est qu’à ce prix que l’empire islamique peut éclore. Le but ici est d’obtenir une nouvelle constitution: ce que l’on connait sous le nom de constitution de (Médine) Yathrib.
- quitter la famille
- impulser une nouvelle dynamique politique
- bousculer les modes de pensée anciens
- mener un combat politique contre les opposants
- désignation des représentants (par des votes)
42.38. (ceux qui ont cru) qui répondent à l’appel de leur Seigneur, accomplissent la Salat, se consultent entre eux à propos de leurs affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons,
Voici une traduction alternative:
3.121 Et quand un matin tu quittas ton (mode de pensée de) clan pour impulser aux croyants une dynamique (propre à faire évoluer) leurs fondements (idéologiques) en vue d’un engagement (constitutionnel).
122 et que les deux partis désignés parmi vous perdaient courage alors Allah était leur protecteur et Celui en qui les croyants plaçaient leur confiance.
Fort de cette traduction, nous pouvons entrer dans une sorte de mise en abyme où il s’agirait de revisiter les textes de la Révélation en bousculant les dogmes et en impulsant un mouvement de libération de l’esprit (sous l’autorité de l’Esprit).
Le combat par les armes n’est qu’un aspect du combat entre deux parties. Les guerres économiques ou culturelles ou territoriales ont été de toutes les époques et de tous les peuples. Lorsqu’un conflit implique des régimes organisés régis par des codes législatifs et que tous les recours diplomatiques ont été explorés, celui-ci peut donc déboucher à terme sur une déclaration de guerre. La guerre n’est donc qu’un moyen utilisé après un long processus. D’ailleurs avant une bataille, l’issue peut être décidée après le combat entre quelques représentants de chaque armée comme nous pouvons le voir dans le récit de David, paix sur lui, et Goliath. Le mot combat est également utilisé à l’échelle individuelle pour décrire le fait de faire face à une injustice ou à une maladie (combat judiciaire, combat médical). Dans la tradition islamique, il est rapporté un grand nombre de bataille par les armes. Si nous apportons de la nuance, nous pouvons explorer l’idée d’un champ de bataille comme un endroit où les croyants s’assoient afin de débattre avec leurs contradicteurs. Cela ne signifie pas pour autant que cela se fasse dans la paix et la sérénité. Il faut parfois puiser au fond de soi pour supporter la pression d’une confrontation verbale.
Si des règles régissent la guerre, d’autres doivent régir le débat. Dans le contexte de la cohabitation entre les émigrés et les locaux, l’enjeu est énorme. Deux groupes parmi les musulmans sont ainsi désignés pour prendre part à l’évènement. Il semblerait que les choses se déroulent très mal au début et ils finissent par perdre espoir. Peut-être avaient-ils du mal à comprendre qu’ils avaient autant à apprendre des croyants de Yathrib qu’ils avaient à leur apprendre. Deux visions complémentaires de la foi nécessitent une grande patience et une grande écoute de part et d’autres. Sans compter tous ceux qui ne sont présents que pour perturber le débat car ainsi s’établit leur stratégie. Il était donc normal de débuter cette assise tôt le matin car la journée promettait d’être longue. Je vous propose de poursuivre uniquement avec la version alternative d’un combat verbal/intellectuel/spirituel:
123. Allah vous a donné la victoire, à Badr, alors que vous étiez humiliés. Craignez Allah donc. Afin que vous soyez reconnaissants!
124. lorsque tu disais aux croyants: « Ne vous suffit-il pas que votre Seigneur vous fasse descendre en aide trois milliers d’Anges? »
125. Mais oui! Si vous êtes endurants et pieux, et qu’ils viennent à vous immédiatement, votre Seigneur vous enverra en renfort cinq mille Anges marqués distinctement .
126. Et Allah ne le fit que (pour vous annoncer) une bonne nouvelle, et pour que vos cœurs s’en rassurent. La victoire ne peut venir que d’Allah, le Puissant, le Sage;
127. pour anéantir une partie des mécréants ou pour les humilier (par la défaite) et qu’ils en retournent donc en échec.
Le mot traduit par « marqués distinctement » est مُسَوِّمِينَ: musawwimīna. La forme passive de سَوَّمَ est سُوِّمَ (suwwima). Le participe passif de cette forme est مُسَوَّم (musawwam), ce qui signifie « marqué » ou « étiqueté ». Au pluriel masculin accusatif, cela devient مُسَوَّمِينَ (musawwāmīn) En arabe, مُسَوِّم (musawwi’m) est le participe actif, signifiant « celui qui marque » ou « celui qui laisse des marques ». Au pluriel masculin accusatif, il devient مُسَوِّمِينَ (musawwi’mīn), ce qui signifie « les marqueurs » ou « ceux qui laissent des marques ». Dans le verset 125, les Anges font donc l’action de laisser des marques.
En effet, le verbe « marquer » en arabe (مَسَّ، سَمَّ، سَأَمَّ) peut être utilisé dans un sens figuré pour décrire un changement d’état d’esprit, un impact émotionnel ou une transformation spirituelle. Les anges sont donc « marquants » dans le sens où ils laissent une empreinte spirituelle ou intellectuelle dans les cœurs et les esprits, en les guidant vers une meilleure compréhension des écritures et la diffusion de la vérité au sein de cette rencontre interconfessionnelle.
Dans la même dynamique, nous pouvons interpréter alternativement le verset 124. Au lieu de décrire la descente des anges, il s’agirait d’avantage de décrire leur action en présence de l’assemblée: les anges seraient chargés de descendre des versets sur tous les croyants présents. Ainsi le Prophète, paix sur lui, ne serait pas, pour cette unique fois, le seul à recevoir la Révélation de l’ange Gabriel, paix sur lui. Ce principe est décrit dans la Bible à divers moments comme par exemple celui où Moïse, paix sur lui, désigne les 70 anciens et qu’ils se mettent à prophétiser.
Nb 11.24 Moïse sortit, et rapporta au peuple les paroles de l’Éternel. Il assembla soixante-dix hommes des anciens du peuple, et les plaça autour de la tente. 25 L’Éternel descendit dans la nuée, et parla à Moïse; il prit de l’esprit qui était sur lui, et le mit sur les soixante-dix anciens. Et dès que l’esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent; mais ils ne continuèrent pas.
Ce ou ces versets viendraient répondre directement à une question soulevée par leurs interlocuteurs.
Ainsi, ces versets pouvaient contenir une bonne nouvelle pour l’assemblée des croyants ainsi qu’une humiliation pour les partisans du mensonge. A ce passage, nous pouvons relier le début de la sourate al anfal, 8. Nous allons nous concentrer sur un verset en particulier, le 12 qui pourrait se traduire:
8.12. Et ton Seigneur révéla aux Anges : « Je suis avec vous: affermissez donc les croyants. Je vais insuffler la crainte dans les cœurs des mécréants. Détruisez donc ce qui est sur leurs cous (le joug du péché) et frappez-les sur tous les bouts des doigts (entravez les mauvaises actions commises en conséquence).
De même:
7. (Rappelez-vous), quand Allah vous promettait qu’une des deux bandes sera à vous. « Vous désiriez vous emparer de celle qui (arborait) des épines (constituant une barrière de protection à cause de son lourd passé), alors qu’Allah voulait par Ses paroles faire triompher la vérité et anéantir les fondements (mauvais) des mécréants 8 afin qu’Il fasse triompher la vérité et anéantir le faux, en dépit de la répulsion qu’en avaient les criminels.
En hébreu le terme nafal désigne une chute, nefel, un avortement. Nous avons ici une notion de séparation et de mort. Le verset d’introduction stipulerait donc que la rupture d’alliance entre le Créateur et ses créatures est sous son autorité et non sous celles des hommes. Il n’appartient donc à personne de juger de la légitimité de l’alliance avec une communauté ainsi que chacun de ses membres, à moins qu’il en soit averti clairement par l’intermédiaire du Prophète, paix sur lui. Ceci afin que les confrontations partent sur de bonnes bases et que certains ne considèrent pas qu’ils sont les seuls bien guidés à l’exclusion de tout autre qui ne vit pas sa foi de la même manière.
15. Ô vous qui croyez quand vous rencontrez les mécréants étant déterminés (à vous faire face), ne leur tournez point le dos.
16. Quiconque, ce jour-là, leur tourne le dos, – à moins que cela se résume à un combat par déformation/insultes (des mots), ou pour rallier un autre groupe, – celui-là encourt la colère d’Allah et son refuge sera l’Enfer. Et quelle mauvaise destination!
17. Ce n’est pas vous qui les avez combattus: mais c’est Allah qui les a combattus. Et lorsque tu accusais, ce n’est pas toi qui accusais: mais c’est Allah qui accusait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part! Allah est Audient et Omniscient.
Badr
Le mot Badr est proche de l’araméen « bedar ». L’équivalent hébreu est « bazar ». Le verbe hébreu « bazar » signifie principalement disperser. Il est souvent utilisé dans le contexte de la diffusion ou de la distribution à grande échelle. Ce terme peut s’appliquer aussi bien à la dispersion physique, comme la dispersion de personnes ou d’objets, qu’à la dispersion métaphorique, comme la diffusion d’idées ou d’influences. Le sens de l’hébreu « bazar » est lui-même proche de l’arabe « badhara » بَذَرَ . Toutes ces indices nous laissent à penser que Badr n’évoque pas un lieu mais un moment. Il s’agirait du nom donné à cette journée décisive: « les assises de Badr » destinée à diffuser la Parole dans l’Arabie. Le choix du mot Badr qui n’est pas arabe indique que l’assemblée était composée de gens de diverses langues. Cela correspond à l’image de carrefour qu’a Yathrib et ce que l’on a déduit plus haut. Nous retrouvons ce principe de diffusion à partir d’une assise centralisée ailleurs:
122. Les croyants n’ont pas à quitter tous leurs foyers. Pourquoi de chaque clan quelques hommes ne viendraient-il pas s’instruire dans la religion, pour pouvoir à leur retour, avertir leur peuple afin qu’ils soient sur leur garde.
123. Ô vous qui croyez! Combattez (verbalement) ceux des mécréants qui sont près de vous; et qu’ils trouvent de la solidité (et non de la dureté) en vous. Et sachez qu’Allah est avec les pieux.
Dans l’interprétation usuelle, ces deux versets ne sont pas liés, tandis que là, ils fonctionnent de concert: une fois venus s’instruire en religion auprès du noyau dur, les hommes repartent pour diffuser la Parole. Nous retrouvons ce principe ici abordé sous un autre angle:
3.159. C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux! Mais si tu étais rude, au coeur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah). Et consulte-les à propos des affaires; puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance.
Il ne s’agit pas de spiritualiser plus que de raisons la révélation coranique et de nier l’existence des combats. Mais réduire cette période à une succession de bataille comme on peut le voir dans les productions audiovisuelles sur le sujet (notamment une série qui a rencontré un franc succès il y a une quinzaine d’années) donne une image de la Révélation partiale et surtout réductrice pour beaucoup. Il y a eu des batailles par les armes décisives, certes, mais il y a eu surtout des moments où le combat a été remporté avec le coeur.
Il y a un temps pour tout.
Paix.
Notes
Bo
https://biblehub.com/hebrew/935.htm
Outil de dissection du Psaume 84:
https://biblehub.com/interlinear/psalms/84.htm
bedar
https://biblehub.com/hebrew/921.htm
bazar
https://biblehub.com/hebrew/967.htm
Le premier Bo de la Parasha Bo
https://biblehub.com/interlinear/exodus/10.htm
Gn 2.22 Le Bo de Eve vers Adam
https://biblehub.com/text/genesis/2-22.htm
Buisson d’épines pour se protéger:
https://www.lueur.org/bible/strong/sowkoh-h7755
nafal
https://biblehub.com/hebrew/5307.htm
https://en.wikipedia.org/wiki/Ansar_(Islam)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Concile_de_Constantinople_(360)
https://www.coran-en-ligne.com/Sourate-059-Al-Hashr-L-exode-francais.html