samedi 20 avril 2024

Jo Jones

5 juin 2013, 16:57

Voici un texte écrit en Février 2012, soit deux mois avant ma conversion à l’Islam. Les premières personnes réellement croyantes qui ont croisé ma vie étaient toutes musiciennes. C’est donc derrière le viseur de mon appareil que j’apprenais humblement les rudiments de la spiritualité.

La transmission de la spiritualité aux États-Unis d’Amérique au vingtième siècle.

Plusieurs d’entre vous, dont moi, se sont posé cette question. Si le cycle originel est ainsi placé (voir le cycle centré sur l’Arabie), qu’en est-il du continent le plus éloigné? Après l’arrivée des premiers migrants, la vie sur le continent nord américain est demeurée plutôt vide de spiritualité. Cow boys, hors-la-loi, chercheurs d’or en tout genre…

Une partie du pays s’est adonné sans aucun scrupule à la traite des noirs tandis que l’autre partie achevait le génocide des peuples aborigènes. Le vingtième siècle marque un tournant dans l’histoire de ce vaste pays. La transmission de la spiritualité ne pouvait se faire qu’au travers d’un peuple opprimé.

Laissez-moi vous conter une histoire qui se déroule au début du siècle dernier du coté de New Orleans.

Un jour, un jeune délinquant noir, promis à un sombre destin dans la rue, est accueilli par une famille juive d’origine russe: les Karnofsky. Guidés par leur spiritualité, ils vont trouver un moyen de la transmettre à ce jeune homme sans le contraindre à des impératifs religieux, et lui offrir un cornet à piston.

Ce jeune homme s’appelle Louis Armstrong.

Le jazz dans sa forme populaire était né.

Je ne vais pas ici vous raconter toute l’histoire de cette musique sacrée. Il ne tient qu’à vous de vous imprégner de la vie de ces hommes et de ces femmes possédés par le divin. Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Count Basie, Charlie Parker, Charles Mingus, Billie Holliday…

Des vies sonnantes et trébuchantes. Des âmes pures dans un pays ségrégationniste les oppressant jusqu’au plus profond de leurs entrailles. Vouer sa vie à un peuple qui vous hait, voilà bien la pire des malédictions. Cracher sa haine, cracher ses tripes. Des types comme Mingus, vous leur devez le respect. Il n’a jamais abandonné, même au fond du trou!

Vous attendez un cycle? Vous avez raison. Qui mieux que Miles Davis peut le clôturer? Le 30 mars 1974, Miles joue sur la scène du Carnegie Hall de New York. Il met à mort le jazz qui l’a fait naitre. Il meurt artistiquement pendant 7 ans et revient en 1981. Tout en lui a changé radicalement. Un nouveau cycle commence pour le jazz. L’électro vient se mêler au jeu. Il meurt à Los Angeles, mais est enterré à New-York.

La vie du jazz? J’ai bien vite compris qu’il était difficile de la placer en un lieu. Qu’il était impossible d’y mettre un nom. Comment attribuer à un seul de ces personnages la vie du jazz à lui tout seul?

Et j’ai alors compris.

La vie du jazz est à la télévision, dans chaque foyer. En 1956, Norman Granz, producteur, organise la première émission d’une longue série avec comme invité et présentateur Nat King Cole.

Jazz at the Philarmonic.

Je vous laisse en compagnie du batteur Jo Jones et je vous laisse deviner ce qui vit en lui.

Jo est le diminutif de jones, forme de John dont l’équivalent est Jean: Dieu fait grâce. Ici Jo est la partie qui signifie Dieu.(yo)

Voici l’image que vous pouvez voir à 18s du début. Remarquez les caractères hébraïques sur le mur ainsi que la forme hexagonale. Que font-ils dans cette émission américaine de 1956? Et puis, il y a une surprise sur la droite de l’image, je vous laisse regarder la séquence pendant quelques secondes. J’y vois comme un doigt qui pointe sur la solution.

Note sur la révélation: Mon père, que je ne connais uniquement depuis mes 27 ans, était de passage chez moi en cette fin de mois de Janvier. Assez rare pour être signalé. Ma récente découverte de Dieu ne l’emballait pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Or, mon père est un fan de jazz et un trompettiste. Lorsque j’ai commencé à ressentir ce cycle de transmission lié au jazz sur le continent américain, j’ai suscité son intérêt. Nous cherchions alors ensemble ce que pouvait bien être la « vie » de ce cycle. Tout à coup, je me rappelais d’un DVD que l’on m’avait offert quelques années plutôt et qui prenait la poussière sur mon étagère. Au même moment le soleil transperça les nuages pour venir m’éclairer. Je me précipitais sur le DVD. Nous le regardons ensemble. Tout devient limpide.

Et je vois le doigt. Mon coeur s’est arrêté de battre l’espace d’une seconde…