mercredi 4 décembre 2024

Go down Moses!

Dernières modifications le 7 janvier 2018·17 minutes de lecture


Go down Moses!
Way down in Egypt land.

 

400 ans d’esclavage. Après son abolition aux états-unis, cette chanson va connaitre un grand succès alors que le jazz prend son essor. Le refrain s’inspire de la déclaration de Dieu sur le mont Sinaï du livre de l’Exode. Il établit un parallèle entre les afro-américains et les hébreux. Certains commentateurs se sont étonnés du mot “down”. L’explication en serait qu’au moment où ces paroles sont prononcés Moise, paix sur lui, doit descendre du mont. Ce n’est pas faux. Mais “way down” indique que toute la route se dirige vers le bas. Or, le mont Sinaï est habituellement situé au sud de la péninsule à laquelle on a donné ce nom entre les deux bras de la mer rouge. Pour aller en Égypte, il faut donc monter…

La péninsule du Sinaï est mal nommée

Lors de mes recherches, je suis tombé sur de très intéressantes théories sur la sortie d’Égypte. En se basant uniquement sur la Bible, plusieurs théories présentent la traversée du golfe d’Aqaba vers son milieu dans un endroit très particulier présentant un haut fond. Ensuite, on en déduit que le mont serait djabal al Lawz, une montagne du nord-ouest de l’Arabie. Une recherche internet vous éclairera sur le sujet. Il est à noter que le site est farouchement gardé par les autorités arabes qui sont bien conscientes des enjeux.

En ce qui concerne le Coran, personne n’a mené de véritables investigations. Et contrairement à ce que beaucoup seraient tentés d’argumenter, il n’y a pas besoin de parler couramment l’arabe pour arriver à une solution construite. Les versets sont clairs et ne prêtent pas à équivoque sur le sens des mots. Tout l’enjeu ici est de réunir l’intégralité de tous les versets traitant du sujet et de faire fonctionner ses méninges en ne négligeant aucune possibilité. Bien évidemment, vu que je travaille dessus depuis 3 ans maintenant, les mécanismes de compréhension sont bien huilés, et la découverte d’un verset clef suffit à verrouiller l’hypothèse.

Voici les versets qui donnent des indices sur la traversée de la mer à sec:

26.52 Et Nous révélâmes à Moïse [ceci]: «Pars de nuit avec Mes serviteurs, car vous serez poursuivis».
26.53 Puis, Pharaon envoya des rassembleurs [dire] dans les villes:
26.54 « Il ne s’agit que d’une bande peu nombreuse,
26.55 mais ils nous irritent,
26.56 tandis que nous sommes tous vigilants».
26.57 Ainsi, Nous les fîmes donc sortir des jardins, des sources,
26.58 des trésors et d’un lieu de séjour agréable.
26.59 Il en fut ainsi! Et Nous les donnâmes en héritage aux enfants d’Israël.

A l’époque de _amsès II, l’empire égyptien s’étendait jusqu’aux frontières de l’Assyrie. Des garnisons étaient postées dans les villes côtières afin de contrôler les populations locales qui devaient s’acquitter d’un impôt au Pharaon. Tandis que les montagnes étaient peuplés de bergers semi-nomades. Des fouilles effectuées à Jaffa (Tel Aviv) entre 1955 et 1974 par l’archéologue municipal Jacob Kaplan ont révélé des traces de l’antique cité, l’occupation humaine s’échelonnant du néolithique à la période actuelle. Les indices d’une présence égyptienne se remarquent en particulier par les fragments d’un portail de pierre marqué au nom de _amsès II.
Source http://bible.archeologie.free.fr/missionapotres.html . Les rassembleurs envoyés par Pharaon se rendent donc dans les villes de Canaan où il fait bon vivre. L’armée égyptienne fut entièrement coulée dans la mer. Les villes furent débarrassées de l’autorité impériale et préparée ainsi à passer sous l’emprise de la nation des enfants d’Israel. Le traumatisme de l’événement a laissé plusieurs générations de répit afin que la nouvelle nation grandisse et prenne suffisamment d’importance dans la région pour ne pas disparaître de la page de l’histoire en peu de temps. Nous retrouvons un passage similaire dans la sourate 44:

23. «Voyage de nuit avec Mes serviteurs; vous serez poursuivis.
24. Laisse la mer calme; [telle que tu l’as franchie] ce sont, des armées [vouées] à la noyade».
25. Que de jardins et de sources ils laissèrent [derrière eux]
26. que de champs et de superbes résidences,
27. que de délices au sein desquels ils se réjouissaient.
28. Il en fut ainsi et Nous fîmes qu’un autre peuple en hérita.
29. Ni le ciel ni la terre ne les pleurèrent et ils n’eurent aucun délai.

Nous comprenons que la conquête de Canaan par les armes est un mythe inventé plusieurs siècles après afin de bâtir des fondations d’une nation courageuse et combative plutôt que pieuse. Nous ne sommes pas encore dans le concept de peuple élu au milieu des nations, cela viendra beaucoup plus tard. Comme je l’ai souvent prétendu, il s’agirait plus de monolâtrie que de strict monothéisme.
Une conclusion s’impose: si les garnisons postées en Canaan se sont lancés à la poursuite des enfants d’Israël avant qu’ils arrivent au bord de la mer, c’est qu’ils étaient du même coté qu’eux du rivage. La traversée de la mer rouge se situe donc bien dans le golfe d’Aqaba. Ce que l’on nomme aujourd’hui péninsule du Sinaï n’a rien à voir avec cette histoire. C’est un territoire qui faisait parti de l’Égypte. Le mont Sinaï ne s’y situe donc pas. Il peut donc être à l’est du golfe d’Aqaba ou bien au nord de la péninsule.

Pour la suite, vous pouvez vous rendre ici: La Phase. Tous les versets autour du mont sont cités. La Bible et le Coran sont en accord sur un point: l’épisode du buisson ardent et de la révélation des Tables se situent au même endroit. Moise revient donc au même point. Or, nous savons que la cité de Madyan est proche du mont grâce au verset:

28.29 Puis, lorsque Moïse eut accompli la période convenue (8 ans de service à Madyan) et qu’il se mit en route avec sa famille, il vit un feu (le buisson ardent) du côté du Mont.

Dans la Bible, cette proximité apparaît ici:

Ex 3.1 Moïse faisait paître le troupeau de Jéthro, son beau-père, sacrificateur de Madian; et il mena le troupeau derrière le désert, et vint à la montagne de Dieu, à Horeb (autre nom du Sinai).
3.2 L’ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson. Moïse regarda; et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait point.

Je ne vais pas m’appesantir d’avantage sur le lien entre Madyan et Sinaï. Je vous renvoie à l’article la Phase. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est plutôt l’histoire de Moise au moment où la période des 40 ans d’errance pour les enfants d’Israël s’est achevée et qu’ils s’apprêtent enfin à entrer en Canaan (selon la Bible). Bien que l’histoire de Moise soit racontée tout au long du Coran, étrangement, cette période est totalement absente. Nous ne pouvons apparemment nous appuyer que sur la Bible. Celle-ci raconte qu’il a grimpé au sommet du mont Nebo pour contempler la Terre Promise et qu’il mourut là. Le livre du Deutéronome, donc la Torah, s’achève sur ce triste passage.
Nous avions des doutes sur l’authenticité du Deutéronome, nous allons voir que l’histoire de Moise est toute autre.
Tout d’abord, un verset a attiré mon attention:

7.145. Et Nous écrivîmes pour lui (Moise), sur les tablettes, une exhortation concernant toute chose, et un exposé détaillé de toute chose. «Prends-les donc fermement et commande à ton peuple d’en adopter le meilleur.
Bientôt Je vous (Moise et son peuple) ferai voir la demeure des pervers.

Il est possible d’avancer que la demeure des pervers puisse se rapporter aux ennemis tels que les Philistins abondamment combattus dans la Bible. Mais, le mot pervers me semble renvoyer à une ville précise qui incarne la perversion et qui est visible sur les routes caravanières. Je n’en dis pas plus. Gardez cette information pour plus tard. Mon hypothèse est que la demeure des pervers est visible depuis le mont Nebo. Nous ne pouvons pas conclure pour l’instant mais cette information semble effacée de la Bible.

La vache rousse

Poursuivons sur un épisode qui a donné son nom à la sourate la plus longue du Coran: al Baqara, la vache:

2.67. (Et rappelez-vous) lorsque Moïse dit à son peuple: «Certes Allah vous ordonne d’immoler une vache». Ils dirent: «Nous prends-tu en moquerie?» «Qu’Allah me garde d’être du nombre des ignorants» dit-il.
68. – Ils dirent: «Demande pour nous à ton Seigneur qu’Il nous précise ce qu’elle doit être». – Il dit: «Certes Allah dit que c’est bien une vache, ni vieille ni vierge, d’un âge moyen, entre les deux. Faites donc ce qu’on vous commande».
69. – Ils dirent: «Demande donc pour nous à ton Seigneur qu’Il nous précise sa couleur». – Il dit: «Allah dit que c’est une vache safran (jaune orangé, pareil à la feuille morte), de couleur vive et plaisante à voir».
70. – Ils dirent: «Demande pour nous à ton Seigneur qu’Il nous précise ce qu’elle est car pour nous, les vaches se confondent. Mais, nous y serions certainement bien guidés, si Allah le veut».
71. – Il dit: «Allah dit que c’est bien une vache qui n’a pas été asservie à labourer la terre ni à arroser le champ, indemne d’infirmité et dont la couleur est unie». – Ils dirent: «Te voilà enfin, tu nous as apporté la vérité!» Ils l’immolèrent alors mais il s’en fallut qu’ils ne l’eussent pas fait.

Nous retrouvons cet épisode dans la Torah (Nombres):

19.1 L’Éternel parla à Moïse et à Aaron, et dit:
19.2 Voici ce qui est ordonné par la loi que l’Éternel a prescrite, en disant: Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils t’amènent une vache rousse, sans tache, sans défaut corporel, et qui n’ait point porté le joug.
19.3 Vous la remettrez au sacrificateur Éléazar, qui la fera sortir du camp, et on l’égorgera devant lui.

Le rite de la vache rousse est à la fois atypique et primordial dans la loi mosaïque. Les rabbins affirment que de toute la Torah, ce rite était le seul qui était incompris de Salomon, paix sur lui. Ceux-là se sont perdus dans des interprétations de nature généralement ésotérique sur ce sujet qui a été largement débattu au cours des siècles.
De nos jours, des vaches rousses sans aucun défaut sont élevées en vue de l’érection du fameux troisième Temple et de la venue du Messie qui y serait associée. Il n’y a qu’à faire une recherche sur les mots « vaches rousses » pour réaliser l’engouement suscité.

Le Coran, si il relate abondamment l’histoire de Moise, paix sur lui, ne fait aucune mention des lois sacrificielles de la Torah pourtant centrales dans le culte ancien. Ce passage semble complètement détaché de son contexte, alors que replacé dans Nombres, il reprend une dimension de prescription solennelle. Nous découvrons que les prescriptions très ordonnées de la Torah sont une “mise au propre” des ordres donnés au coup par coup par Dieu par l’intermédiaire de son prophète. Cela explique la réaction curieuse des gens avant que ces rites ne fassent parti de leur quotidien. La rédaction rigoureuse de la Torah lui donne un caractère intemporel, si bien qu’un élément échappe à notre sagacité: la vache ne doit pas avoir travaillé au champ. Dans le Coran, ce détail prend une toute autre dimension, car il fait parti d’un grand nombre de précisions demandées. C’est alors que nous réalisons que si le peuple a une telle réaction, c’est qu’il a le choix entre un grand nombre de vaches, dont certaines ont porté le joug. Or, l’errance sur terre implique que les enfants d’Israël ne pouvait pas cultiver la terre! Lorsque cet épisode a lieu, ils sont devenu sédentaires. Ils vivent en Terre promise et suivent le rythme des saisons.
Moise a donc vécu en Terre promise au milieu de son peuple!

Voilà la terrible vérité. Ce n’est pas pour rien si la sourate s’appelle al Baqara. L’importance de cette vache est immense. Et ce n’est pas tout. Voici un autre épisode de la Torah:

Lévitique 2.1 Lorsque quelqu’un fera à l’Éternel une offrande en don, son offrande sera de fleur de farine; il versera de l’huile dessus, et il y ajoutera de l’encens.

Le chapitre 2 du Lévitique traite des offrandes végétales. Le hic c’est que l’action est censé se dérouler sur le mont au milieu du désert avec un peuple de nomades sans terre. On pourrait se dire qu’ils les ont amenés d’Égypte. Oui, sauf qu’il est question de prémices: 

2.14 Si tu fais à l’Éternel une offrande des prémices, tu présenteras des épis nouveaux,

Offrir des prémices n’est pas un rite de nomades.
De nouveau, c’est un verset du Coran qui vient trancher la question. Lorsque ils sont errants sur la terre, les hébreux se nourrissent grâce à la manne et les cailles:

2.61 Et quand vous avez dit : « Ô Moïse, nous ne pouvons plus endurer de n’avoir qu’une seule nourriture. Invoque donc pour nous ton Seigneur pour qu’Il produise pour nous de ce qui pousse de la terre, de ses légumes, de ses concombres, de son ail, de ses lentilles et de ses oignons ». Il dit : « Voulez-vous échanger ce qui est inférieur pour ce qui est meilleur ? Descendez en Égypte (ihbitoo misran), vous y trouverez certainement ce que vous demandez ».

Ihbitoo misran est souvent traduit par “descendez dans les villes”. Ce n’est qu’une interprétation alternative. Partout ailleurs dans le Coran misr désigne l’Égypte. Pourquoi, alors que ce passage traite spécifiquement des enfants d’Israël durant l’Exode, ce mot prendrait-il un tout autre sens? C’est qu’en réalité, l’idée que l’action se passe au nord de l’Égypte, donc pas du tout en Arabie (ihbitoo est un verbe qui indique une descente physique, comme dans la chute du Paradis) bouscule tous les schémas établis. Cependant, il est toujours possible de fournir l’interprétation des villes ou bien de se servir du concept de montée spirituelle en Terre promise pour nier cela bouscule tous les schémas établis. Cependant, il est toujours possible de fournir l’interprétation des villes ou bien de se servir du concept de montée spirituelle en Terre promise pour nier cela (l’aliyah, le fait de revenir en Israël signifie littéralement ascension). Toutefois, il me semble que le concept d’ascension en terre sacrée est un concept étranger au Coran et n’a jamais été utilisé pour la Mecque. Voici d’ailleurs le même passage dans Nombres 11:

4 Le ramassis de gens qui se trouvait au milieu d’Israël éprouva des désirs. Les Israélites eux-mêmes recommencèrent à pleurer et dirent: «Qui nous donnera de la viande à manger? 5 Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Égypte et qui ne nous coûtaient rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des gousses d’ail. 6 Maintenant, notre gosier est desséché: plus rien! Nos yeux ne voient que de la manne.»
(Moise s’adresse à Dieu): 13 Où prendrai-je de la viande pour en donner à tout ce peuple?

Dans Exode, de même qu’il est dit qu’il y avait 600 000 hommes, ce dont tout le monde s’accorde à dire que c’est impossible, il est dit qu’ils emmenèrent des troupeaux considérables avec eux. Si on fait abstraction du fait d’emmener des bovins dans le désert alors que ce sont des animaux qui boivent des quantités énormes d’eau par jour, on peut légitimement se demander pourquoi le peuple ne se contente pas de demander la permission de manger les troupeaux. A ce moment là de l’histoire, la Torah n’a pas été révélée, il n’y a donc aucune prescription à suivre et les animaux ne sont pas sacrés. Il n’y a donc aucune raison de ne pas les manger.

Si Moise a vécu en Canaan dans la cité au pied du mont Sinaï. Il ne peut s’agir de Jérusalem qui est construite sur les hauteurs et qu’aucune montagne ne domine. Encore une fois, je vous renvoie à l’article “La Phase” pour la réunion de tous les versets contenant tous les indices.
“Go down Moses” prend une toute autre dimension. Celle d’un message porté par tout un peuple opprimé et qui contient l’indice confondant les coupables. La chanson a été maintes fois reprise et enseignée dans les écoles de par le monde. La version de Louis Armstrong s’achève par un solo de trompette.

Rappel: dans la nuit du 7 janvier 2015, il y a exactement 3 ans, je comprenais que le mont Garizim était le mont de la Révélation. Je postais alors, dans la soirée de cette journée qui a bouleversé la France, le verset 10 de la sourate At Tur (le mont Sinaï) :

et les montagnes se mettront en marche

en indiquant le lieu du mont Garizim. Une simple ligne avant de pouvoir rédiger un premier article quelques jours plus tard.
Lien. https://www.facebook.com/stephanpain/posts/10152966479607645?pnref=story
Voici l’article en question, qui est une sorte de mise en place de ce qui va suivre, et dont le titre est un clin d’oeil à l’actualité (Ch. hebdo):
https://www.stephanpain.com/2015/01/09/les-desseins-de-dieu/

 

Notes

Lévitique 11: le chapitre de la Torah sur les interdits alimentaires, central dans la Loi.
45 Car je suis l’Éternel, qui vous ai fait monter (alah) du pays d’Égypte, pour être votre Dieu, et pour que vous soyez saints; car je suis saint.

Citons ces deux passages:

26.189. Mais ils le traitèrent de menteur. Alors, le châtiment du jour de l’Ombre (yawmi ẓ-ẓullati : الظُّلَّةِ) les saisit. Ce fut le châtiment d’un jour terrible.

7.171 Et lorsque Nous avons brandi au-dessus d’eux le Mont, comme si c’eût été une ombrelle (ẓullatun : ظُلَّةٌ). Ils pensaient qu’il allait tomber sur eux. «Tenez fermement à ce que Nous vous donnons et rappelez-vous son contenu. Peut-être craindrez vous Allah»

Le jour de l’Ombre menant à la perte des gens de Madyan serait-il lié au Mont?