הַצְלֶלְפּֽוֹנִי
Hatselelponi aurait pu rester un nom cité dans la Bible parmi bien d’autres. Aujourd’hui, nous allons redonner du sens à ce prénom injustement délaissé par les biblistes. Tout d’abord il commence par un ha, ce n’est pas simplement pas courant, c’est exceptionnel. Cela confère à ce prénom une certaine hauteur. Il se distingue clairement de tous les autres. Poni peut signifier « se tourner vers Moi ». Dans le contexte d’un prénom théophore, il s’agit d’un serviteur qui tourne sa face vers l’Éternel. Or, le prénom est traduit généralement ainsi: « l’ombre qui se tourne vers Moi ». Et c’est là que les questions commencent. Car le thème de la lumière est récurrent dans la Révélation. L’ombre semble être un concept négatif, une absence de lumière divine. Eh bien, pas exactement. Nous allons le voir.
Tsel, צֵל, 6738, provient de tsalal et désigne une ombre. Le mot tse’el, צֶאֶל, 6628 qui dérive également de Tsalal, désigne des idoles, des objets façonnés de main d’homme afin de reproduire des divinités. Tselem possède le même sens, צֶלֶם Strong 6754, images, idoles (de divinités), ressemblance, simple, vide, image, simulacre, ombre au figuré comme on le trouve ici:
Ps 39.6: Oui, les mortels s’avancent comme une ombre/Certainement l’homme se promène parmi ce qui n’a que l’apparence (bə-ṣe-lem);
Il s’agite vainement; Il amasse, et il ne sait qui recueillera.
Dans le Psaume, le mot ombre est utilisé dans la traduction pour décrire une image déformée, quelque chose qui a l’apparence mais qui ne serait qu’un faux semblant. Sens que l’on retrouve dans les idoles qui sont des reproductions vaines. Si ce sens apparait clairement comme négatif, l’ombre dans les écritures peut aussi être protectrice (Gn 19.8). Dans le Coran, des versets utilisant ẓullatun, ẓll, rapportent le miracle de la couverture des croyants au mont Sinaï. Là il s’agit d’avantage d’une menace. Quant à la racine ẓlm, elle prend un sens strictement négatif.
Nous percevons que tout ce qui tourne autour des racines commençant par Tsal possède un sens ambivalent. Ce qui peut poser problème en exégèse comme nous allons le voir de suite. Car en effet, la racine tselem se retrouve en très bonne place dans la Bible:
Gn 1.26 Dieu dit: « Faisons l’homme à notre image bəṣalmênū, à notre ressemblance kiḏmūṯênū,
Tsalme est donc un nom dérivé de tselem. Toutes les traductions rendent le mot image. L’Homme serait donc à l’image de Dieu. Mais ce choix de traduction ne signifie pas pour autant que la compréhension est figée. Que signifie réellement être à l’image de Dieu? Cette compréhension va conditionner tout le rapport entre la créature et son Créateur. Il y a peu de temps je mentionnais la compréhension du concept tohu bohu qui va conditionner la vision de la Création, et donc les fondements de l’âme de chacun. Définir le tohu bohu comme un chaos s’oppose à l’idée qu’il soit un vide préparatoire, une page vierge. Le concept de révolution permanente découle de l’idée que l’ordre nait du chaos. Le passé est considéré constamment comme un chaos dont il faut s’extraire. Lorsque je discute avec des athées ou des agnostiques, une affirmation revient systématiquement: si un Créateur existe pourquoi devrait-il nous communiquer une Révélation? Pourquoi y-a-t-il des dogmes? Pourquoi enfermer sa créature dans des dogmes? Le concept du tohu bohu fait parti des dogmes. Refuser la compréhension admise par l’écrasante majorité des gens du Livre de ce concept, de ce dogme, et voilà que la créature en quête de vérité arpente un chemin différent. Il est tout à fait envisageable que cette créature parvienne à destination, mais à quel prix! S’éloigner du chemin aussi précocement implique un grand égarement. Refermons cette parenthèse et revenons au dogme fondateur de la création d’Adam à « l’image » de Dieu. Rassurons-nous, tout ne se joue pas sur un seul mot. Dans cette phrase, un autre mot vient appuyer Tsalme: kidmutenu, כִּדְמוּתֵ֑נוּ, sur la racine damah, ressembler. Maintenant allons dans le Coran.
Qu 15.26
Nous créâmes l’homme d’une argile crissante ṣalṣālin,
extraite d’une boue ḥama-in malléable masnūnin.
Dans l’article précédent, « le troisième jour », nous avons vu deux formes de l’argile. La première, tin, est la matière directement issue du sol afin de créer l’être humain. La deuxième, sijjil, est obtenue après la cuisson de cet argile par le Feu de l’Esprit. La traduction argile cuit est donc correcte, mais nécessite une compréhension d’un autre niveau pour accéder à son sens profond. Ce sens est atteignable investi de l’Esprit. Comprendre le mot sijjil pleinement, c’est incarner soi-même une Pierre d’argile cuit. Ici, l’argile n’est donc pas encore cuit, mais il ne provient pas non plus directement du sol. Il est dans un état intermédiaire. La traduction « crissante » provient certainement d’une recherche étymologique dans le lexique sémitique. Dans la Bible, le mot fait référence à un instrument de musique, צְלָצַל 6767 tselatsal, Traductions: cymbales , insecte , harpon , cliquetis; définition: bruissement, vrombissement, bourdonnement, lance, sauterelle, qui bruisse, donc nous avons une idée de bruit reprise ici. Le mot ṣalṣāl est basé sur le doublement d’une racine tronquée: ṣal. Si vous n’êtes pas familier de la bascule entre Bible et Coran, vous n’avez pas vu que le Sad ici est l’équivalent du Tsade de la racine Tselem hébraïque vue au-dessus. La racine ṣalṣāl ou ṣalal est une impasse en arabe. Le mot arabe provient directement de la Bible par doublement de la racine hébraïque. Le sens de cette racine est bien « ombre ». Or, l’ombre est une image bidimensionnelle. Même projetée sur une forme non-plane, elle ne contient pas d’information autre que dans les deux dimensions. Le « doublement » de l’ombre est un simple procédé géométrique afin de redonner du volume à un ensemble de données dans un plan. ṣalṣāl est donc un objet en volume créé à partir d’une ombre en deux dimensions. Nous retrouvons ce mot ailleurs dans le Coran:
55.14. Il a créé l’homme d’argile sonnante comme la poterie kal-fakhāri;
Une poterie est un objet géométrique obtenu par la rotation dans l’espace d’une courbe d’un plan. Un cylindre n’est pas un objet en volume quelconque, deux de ses dimensions sont dépendantes l’une de l’autre. Cela vient confirmer que ṣalṣāl décrit donc une entité qui est dans un état différent de la matière brute tin, c’est une forme façonnée à partir de l’argile qui n’a pas encore reçue le Souffle divin pour l’animer. ṣalṣāl est une ombre à laquelle Dieu a ajouté une dimension en la « faisant tourner » sur son tour de potier. Si je prends bien mon temps ici, c’est que l’enjeu est de taille. Nous avons donc ce schéma:
tin, argile ⇒ ṣalṣāl, poterie en argile ⇒ Adam ⇒ hijaratin min sijjil, Pierre d’argile cuit
Chaque flèche désigne un acte divin dans le processus. Aucune créature ne peut changer d’état par elle-même. La dernière étape, la cuisson par le Feu de l’Esprit ne se demande pas, ne se contrôle pas depuis sa condition d’Adam. Mais ce n’est pas, au fond, le plus important. Si le Créateur a pris la peine de décomposer ainsi le processus de création de l’être humain et de nous parler de cet état intermédiaire de ṣalṣāl juste avant de recevoir le Souffle, c’est afin de clarifier le doute que l’on peut avoir concernant le sens du mot Tselem/Tsalal/Tsel. Tselem se traduit par ombre et non image.
Gn 1.26 Dieu dit: « Faisons l’homme à notre ombre, comme les contours de notre forme extérieure.
L’Homme est obtenu par la transformation de l’ombre projetée du Créateur en un être volumique. Premièrement, cette transformation est un acte qui se produit dans la création. Deuxièmement, l’ombre ne contient que des informations concernant la forme extérieure du Créateur.
Il est par conséquent doublement impossible d’accéder aux informations de l’entité qui a produit cette ombre initiale. Il est donc impossible à l’Homme de devenir une divinité. Ceci est un dogme indépassable. Le chanter en boucle lors de l’eucharistie est donc improductif, voire néfaste. Vous me faites saigner les oreilles. C’est une accumulation de péchés immenses. Mais les péchés commis par ignorance sont couverts. Si vous êtes parvenus jusqu’ici, vous ne pouvez plus plaider l’ignorance.
L’autre conséquence, est que le Créateur ne peut donc pas s’incarner en un homme. Allez-vous vous incarner dans l’avatar de votre jeu en ligne pour utiliser une métaphore triviale mais néanmoins précise?
Sourate ash Shams, 91
1. Par le soleil et par sa clarté!
2. Et par la lune quand elle le suit!
3. Et par le jour quand il l’éclaire!
4. Et par la nuit quand elle l’enveloppe!
5. Et par le ciel et Celui qui l’a construit!
6. Et par la terre et Celui qui l’a étendue!
7. Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée sawwāhā;
8. et lui a alors inspiré sa faiblesse, de même que sa piété!
9. A réussi, certes celui qui la purifie.
10. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt.
11. Les Thamud, par leur transgression, ont crié au mensonge,
12. lorsque le plus misérable d’entre eux se leva.
13. Le Messager d’Allah leur avait dit : « La chamelle d’Allah! Laissez-la boire »
Puis:
14. Mais, ils le traitèrent de menteur, et la tuèrent fa‘aqarūhā. Leur Seigneur les détruisit fadamdama donc, pour leur péché et étendit Son châtiment sur tous fasawwāhā.
15. Et Allah n’a aucune crainte de la conclusion.
Si je vous ai amenés jusqu’à la sourate ash-Shams, c’est pour attirer votre attention sur les trois verbes du verset 14. Traditionnellement, ils décriraient donc un processus de destruction causé par leur péché. Mais déjà, nous voyons que le verbe sawa est utilisé quelques versets plus haut pour décrire le façonnement de l’âme. Premier indice. Deuxième indice: le complément d’objet est un féminin renvoyant à la chamelle plutôt qu’aux Thamud. Si nous sommes arrivé ici, c’est parce que nous sommes passés du Tselem hébraïque au Salsal arabe. Or, nous voyons que le verbe est une racine doublée: damdam. Tournons-nous donc vers la Bible et vers le verbe damah. Nous voilà de retour à l’acte fondateur de Genèse.
Certes, les Thamud ont péché et ont été punis, mais le texte ne décrit pas ici leur destruction. Il s’agit d’un acte qui fait parti du processus de création. Or, rappelons-nous que:
3.59 – L’exemple de Jésus avec Dieu est similaire à celui d’Adam;
Il l’a créé à partir de la poussière, puis Il lui a dit « Sois » et il fut.
Dans les deux cas, nous avons un acte de renouvellement de l’acte de création.
Solution élégante
Afin de mener à bien ce raisonnement, nous allons nous référer à des travaux antérieurs. https://www.stephanpain.com/2023/05/18/pessah-seni/
Dans le Coran, nous est donné le nom d’une communauté de disciples: إِلْ يَاسِينَ . Cette expression est traduit par « Élie et ses adeptes » dans le verset 37.130. C’est un jeu de mot à partir du nom du prophète qui est coupé en deux. Le début est transformé en un mot qui signifie communauté. Tandis que la seconde est rallongée avec une terminaison typique pour désigner un groupe. Ilyas, paix sur lui, donne « Il Yassin », « Ceux de Yassin », sous-entendu « Ceux de Ilyas ». De même nous avons compris que la Parah Adoummah était également un jeu de mot pour désigner une communauté. Cette fois les deux mots sont accolés. Adam, paix sur lui est tronqué. Sa fin est remplacé par ummah. آد أمّة: Ad ummah. Parah se comprend alors dans son sens hébreu normal: fécond. Ainsi Parah Adoummah est la « la Féconde communauté d’Adam« . Celle-ci doit être sacrifiée lors de la Seconde Venue. Sacrifice qui est rapporté dans le Coran, et qui donne son nom à la plus longue et la plus emblématique des sourates. Il s’agit donc bien d’une communauté désignée par une métaphore de vache. Dans le récit des Thamud, il serait question d’une chamelle. La solution élégante pour donner du sens à la sourate ash-Shams et son lien apparent avec un renouvellement de la création est de comprendre que la Naqah est une métaphore pour une communauté.
Pour redonner vie à cette communauté, il faut redonner un sens à son nom. Selon le lexique coranique, naqah serait issu de la racine NWQ. Ce que je suppose ici, c’est que naqah serait d’avantage une translittération de l’hébreu. Nous allons explorer un chemin avec la racine hébraïque YNQ. Cette racine est sur le thème de la maternité et de l’allaitement.
Dans le chapitre 53 d’Ésaïe, paix sur lui, nous avons (version retraduite):
Es 53.2 Il s’élève devant Lui, pareil à un faible rejeton kayyōwnêq, à une racine plantée dans un sol aride. Il n’avait pas de forme ṯōar à lui, ni honorabilité hāḏār quand nous le regardons, et aucune vision mareh qui nous plaise.
– Le mot vision, similaire au nom donné à la colline du sacrifice d’Abraham, paix sur lui, fait référence à la vision prophétique: les enseignements transmis déplaisent. L’aspect esthétique, l’allure, le charisme du Messie n’est absolument pas le centre de préoccupation ici. Contrairement à ce qu’affirment ceux qui entendent déformer la Parole. Mais c’est peut-être le mot Mareh, proche de Moreh, qui dérangeait?
https://www.stephanpain.com/2024/02/02/222/
Si nous reconstituons le récit derrière les passages liés au Thamud, nous comprenons qu’une communauté des disciples du Messie, ayant reçu l’Esprit est contrainte de fuir les persécutions des autorités romaines, des chefs de communautés juives, des sorciers qui s’emparent des disciples du Messie et en déforment les enseignements. Convenons que cela fait beaucoup et que l’exil est la meilleure des solutions. Le territoire nabatéen semble remplir les conditions. Pétra est une région troglodyte un peu particulière dans laquelle, il est possible de s’installer en marge. Seulement voilà, l’accès à l’eau est cruciale dans cette région. Aussi, le prophète Salih, paix sur lui, en charge de cette communauté, doit négocier avec les locaux afin que la communauté puisse avoir accès à l’eau un jour sur deux. Certains Thamud ne l’entendent pas de cette oreille et envoient le pire d’entre eux en leur nom afin de barrer l’accès à la Naqah, la communauté chamelle d’Allah. Si nous relisons tous les passages coraniques, comprendre que Naqah désigne une communauté fonctionne correctement. Sauf pour la sourate ash-Shams, comme nous venons de le voir. Trois verbes posent question dans le verset 14:
– fa‘aqarūhā: עָקַר, ‘QR, ‘aqar peut signifier ‘couper les moyens’ (de subsistance ici).
– fasawwāhā indique que Dieu va les remodeler à la suite de cet incident, afin qu’il ne se reproduise plus. Ils vont donc gagner en maturité. ṯō’ar signifie forme. Es 53.2 indique que le Yoneq est sans forme, donc par extension, ceux qui le suivent. Il est donc logique que l’action principale menée par Dieu est de les modeler.
– Il faut comprendre damdam comme la racine doublée de damah (hébreu): ressembler/comparer. Je prendrais hāḏār dans le sens d’honorable comme but à atteindre. fadamdama ʿalayhim: une action qui est menée en rapport avec les Thamud. Il s’agit d’une ressemblance améliorée, une double ressemblance. On peut alors comprendre que la Naqah va se fondre parmi les Thamud pour se réapproprier leur codes, voire même se faire passer pour eux. Ils deviennent ainsi honorables. Ainsi, les conditions nécessaires sont satisfaites à ce qu’ils soient dépositaires du Bo divin et s’acheminent durant un temps long jusque vers Sion pour l’instant de Badr.
Mais après avoir arpenté le chemin lié à la racine YNQ qui s’est avéré fructueux puisque le Messie est lié lui-même à cette racine, nous allons nous diriger vers la racine naqah qui signifie: être vide, clair, pur (Nifal): être nettoyé, purifié, être clair, libre de toute culpabilité, innocent, être libre, être exempt de châtiment, être libre de toute obligation.
Ainsi, de la même manière que la vache Parah est un nom féminin construit à partir du verbe parah, fécond, la chamelle Naqah est un nom féminin construit à partir du verbe naqah, être purifié. La Communauté des rejetons est un concept intéressant, mais il parait plus juste qu’il s’agisse des purifiés.
Voici une nouvelle traduction. La rime en ha qui est une marque de cette sourate, est un féminin relatif à la Naqatallah. Il faut lire en ce sens. Par exemple, au verset 2, Dieu récite ses versets à la Naqah la nuit à la clarté de la lune.
Sourate ash-Shams, 91
1. Par le soleil et par sa clarté!
2. Et par la lune quand Il lui récite!
3. Et par le jour quand Il se révèle à elle!
4. Et par la nuit quand Il l’enveloppe!
5. Et par le ciel, et par celui qui l’a structurée!
6. Et par la terre, et par celui qui l’a étendue!
7. Et par l’âme, et par celui qui l’a façonnée;
8. et lui a alors inspiré sa faiblesse, de même que sa piété!
9. A réussi, certes celui qui la purifie.
10. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt.
11. Les Thamud, par leur transgression, ont crié au mensonge,
12. lorsque le plus misérable d’entre eux se leva.13. Le Messager d’Allah leur avait dit: « La (communauté) purifiée d’Allah! Laissez-la boire »
14. Mais ils le traitèrent de menteur et l’en empêchèrent.
Leur Seigneur l’a rendue semblable à eux (et usurper leur identité) pour leur péché,
et Il l’a façonnée.
15. Et Allah n’a aucune crainte de la conclusion.
Nous pouvons déduire qu’il y a deux entités: les Nasara, Edom renouvelé, communauté des disciples du Messie à sa première Venue, à vocation universaliste et dont les lois d’Alliance sont restreintes. Elle est basée sur l’Esprit et hérite de la tradition de la Torah qu’elle considère comme obsolète. La Naqatallah, issue des Apôtres, communauté restreinte en nombre, qui n’a aucune vocation universaliste et qui endosse le rôle de protéger les enseignements messianiques authentiques. Elle conserve notamment la prophétie de la venue d’Ahmad, paix sur lui. Arrivée à maturité, elle va prendre le nom d’Ansar alors que sa route s’achève à Yathrib afin d’accomplir la prophétie de la venue du peuple nouveau-né décrite par le Psaume 22.
Nous déduisons de tout cela que l’entité qui a pris la tête de la communauté des disciples du Messie est une entité parasite qui n’a rien à voir avec les apôtres. Ce n’est pas pour autant qu’il soit légitime de quitter la communauté des Nasara sous prétexte d’échapper à son emprise, car celle-ci est entièrement sous décret divin. Les schismes sont aussi des décrets.
Pain sans levain
Les biblistes indiquent que Tselel en éthiopien signifie « Pain sans levain ». (pur/non fermenté) Il s’agirait d’un sens très ancien disparu dans l’hébreu de la Torah. Son sens actuel serait un dérivé de la forme du pain sans levain, c’est à dire plat, ce qui désigne des objets de forme plate, et par glissement une ombre. Plus haut dans cet article, nous avons vu que Tsaltsal dans le lexique hébreu désignait des cymbales, et donc par glissement de sens, les différents bruits qu’elles produisent. Je ne voyais pas le lien entre image/ombre/idole et cymbales/bruit. En fait le lien se fait par la forme des cymbales qui sont plates. Lorsque l’on les utilisent portées à la main, elles sont par paires, d’où le doublement de la racine. Cette explication est très cohérente avec ce que nous devinons comme le sens original de pain sans levain. Dans un autre article, nous avions vu un synonyme: kikkar, initialement également utilisé pour désigner un pain rond et plat et qui dont le sens va s’étendre aux pièces de monnaie ou à d’autre objets ou lieux de la même forme. Connecter l’acte de création de l’homme en décrivant son état de pain sans levain avant qu’il soit tourné comme une poterie et la semaine de Pessa’h qui consiste principalement à éradiquer le levain des maisons est fascinant. Cela montre bien que ce qui est en jeu ici dans le renouvellement de Pessa’h fait parti de l’acte de création. Le Jour du Jugement est un renouvellement de l’Homme. Il me semble que Hatselelponi est le mot qui décrit ce renouvellement de retour vers cet état originel. Traduction littérale: « Le retour du pain sans levain ».
L’hébreu biblique utilise indifféremment tselel et tselem pour désigner la même chose. Des informations supplémentaires recueillies, nous pouvons en déduire que dans la langue pré-biblique, ces deux mots désignaient deux choses distinctes. L’arabe مُظْلِمًا, muẓ’liman désigne l’obscurité. On peut alors en déduire que tselel désignait un pain sans levain blanc, et tselem, un pain noir. Voilà pourquoi c’est Tselem qui est utilisé dans le récit de la création, car l’ombre est noire.
https://www.stephanpain.com/2024/03/09/atelier-de-reparation/
Dans cet article, nous étudions les pains de proposition, leur table, leur disposition. Cette table préfigure le culte chrétien. Or, le nom donné aux pains comporte une anomalie qui fait beaucoup discuter les rabbins: Lehem Panim, Panim est un pluriel. Panim signifie littéralement: « des faces ». Alors que le verset Ex 25.30 précise que les pains doivent être devant Dieu. Or, deux faces d’un même pain ne peuvent pas être devant Dieu en même temps. Mais le Coran, par le doublement de la racine Tsal, explique ce pluriel: le pain n’est pas statique devant Dieu. Évidemment tout cela est de la métaphore. Les 12 pains de la table dans le Miskan symbolisent les 12 Apôtres qui vont devenir les supports d’un renouvellement de la création. Ou bien, le pluriel de Panim indique que ce renouvellement va se reproduire plusieurs fois.
A noter qu’en arabe, ombre se dit ẓila, الظِّلَّ. Le Tsade est passé dans l’arabe en tant que dhal. Voilà pourquoi le mot ṣalṣāl se retrouve isolé dans le lexique coranique.
Le bien et le mal
Je profite de cet article pour insérer une correction concernant des dogmes fondamentaux liés à la Genèse sur le thème de la ressemblance avec le Créateur. Voici le verset en question:
Gn 3.22 L’Éternel-Dieu dit: « Voici l’homme devenu comme l’un de nous, en ce qu’il connait le bien et le mal. Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l’arbre de vie; il en mangerait, et vivrait à jamais. »
Dieu est Un. Il ne peut donc inclure l’Homme en lui. Le pluriel divin ne correspond pas à un pluriel céleste. Les créatures de l’invisible font parti de la création. Elles sont toutes autant ignorantes à ce stade de l’histoire que l’Homme. Aussi, voici une traduction littérale du début du verset:
L’Éternel-Dieu dit: Voici: l’homme devient comme un (être) (qui) depuis Nous (va) vers savoir (le) bien et (le) mal.
Dans un français normal:
Gn 3.22 L’Éternel-Dieu dit: Voici, l’homme est entré dans un devenir où il tend à ressembler à un être qui, procédant de Nous, s’oriente vers la connaissance du bien et du mal.
L’erreur commise par les traducteurs est de relier « Comme un » et « depuis Nous ». Il s’agit d’avantage d’impulser à l’homme un mouvement de connaissance tout le long de son histoire. (dans lequel nous nous inscrivons en ce moment-même)
La suite:
et maintenant, il sort en tournant sa main et prend aussi depuis l’arbre de vie et mange et vit vers le savoir.
Traduction du sens:
Et maintenant il étend sa main pour prendre depuis l’arbre de vie et manger de sa subsistance de connaissance et orienter sa vie vers une quête du savoir permanente.
Nous comprenons que l’arbre de la connaissance et l’arbre de vie sont un seul et même arbre. La vie en Dieu provient de la connaissance. Notons au passage que ce qui est traduit pas éternité, ‘olam, est à chercher dans le Coran. Le ‘ilm est la base du Livre. La quête du savoir a été substitué par une quête de la vie éternelle. Mais attention, le ‘ilm n’est pas la gnose. Le ‘ilm n’est pas caché, les écritures sont disponibles à tous. Il faut juste considérer le travail du diable à brouiller l’information par ses ajouts ou ses altérations du sens. Trier requiert de la sagesse. Et la sagesse s’acquiert au travers de la confrontation avec les épreuves (le Poni) et non par les secrets divulgués par un tiers ou une initiation (le levain).
Inspiration
Le verbe en forme IV traduit par « a inspiré » est ألهم, un hapax dans 91.8. Translittéré en hébreu cela donne: אלהם qui est très proche, sans l’ajout de la mater lectionis yod de אֱלֹהִים. Elohim serait ainsi une vocalisation altérée du mot d’origine qui signifie « Celui qui a inspiré/inspire ». Le mot n’aurait donc rien à voir avec le mot El signifiant Dieu, auquel on aurait ajouté un prétendu pluriel de majesté. Propositions: אֱלֹהֵם (ʾĔlohēm) ou אֵלֵהֵם (ʾĒlehēm) ou encore אֵלְהֵם (ʾĒlhēm).
Conclusion
Quant au lien entre cet article et le précédent (le troisième jour) ainsi que sa date, 19 avril 2025:
11.65. Ils l’empêchèrent.
Alors, il leur dit : « Jouissez (de vos biens) dans vos demeures pendant trois jours (encore)!
Voilà une promesse qui ne sera pas démentie ».
Paix.
Notes:
Ce prénom serait porté par une femme stérile qui aurait eu la visite d’un ange lui annonçant la naissance d’un fils consacré nazirite du nom de Samson. Il est rapporté que les catholiques la considèrent comme une préfiguration de la vierge Marie, paix sur elle. Je reste dubitatif sur la question. Je n’accorde que peu de crédit aux récits des juges. Il est fort possible que ces récits soient des interpolations à partir d’informations isolés. Le mot Hatselelponi ressemble d’avantage à un terme exégétique qu’à un véritable prénom, surtout étant donné l’article ha. Il aura pu être transmis par des sages et entendu au hasard d’un enseignement, et récupéré par un conteur. Mais ce n’est qu’une supposition.
Gn 1
https://mechon-mamre.org/f/ft/ft0101.htm
Es 53
https://mechon-mamre.org/f/ft/ft1053.htm
tselelpowniy
https://www.lueur.org/bible/strong/tselelpowniy-h6753
tse’el
https://biblehub.com/hebrew/6628.htm
Tselatsal
https://www.lueur.org/bible/strong/tselatsal-h6767
demuth
https://biblehub.com/hebrew/1823.htm
yanaq
https://biblehub.com/hebrew/3243.htm
nuwq
https://www.lueur.org/bible/strong/nuwq-h5134
parah
https://www.lueur.org/bible/strong/parah-h6509
‘aqar
https://www.lueur.org/bible/strong/aqar-h6131
naqah
https://www.lueur.org/bible/strong/naqah-h5352
https://biblehub.com/interlinear/genesis/1-26.htm
https://biblehub.com/interlinear/isaiah/53-2.htm
https://biblehub.com/interlinear/genesis/3-22.htm
Q 91.13-14
https://corpus.quran.com/wordbyword.jsp?chapter=91&verse=13