Sacrés fils

Transformer le plomb de l’actualité en or pour les générations à venir.

Ce qui appartenait jusqu’ici au domaine des romans d’anticipation dystopiques vient de devenir réalité. Bien sur que la mort est omniprésente dans les médias. Bien sur que la violence s’invite sur les écrans sans forcément demander la permission. Et bien sur que depuis longtemps le concept d’exposer en direct des interactions entre des humains en vase clos s’est largement diffusé dans le monde entier. Nous savons également qu’internet possède une face cachée où il n’y a aucune limite à l’horreur. Mais le drame qui vient de se jouer était sur une plateforme accessible au grand public et la mort bien réelle. Le torrent de réaction a très vite débordé en un fleuve à l’international. L’humanité a réalisé qu’elle venait de basculer dans une nouvelle ère. Cette mort a une portée tellement énorme que le monde entier prend conscience de ce qui vient de se passer. Un sentiment de colère s’empare de tous. Les uns pour dénoncer la barbarie, les autres pour dénoncer une injustice à leur égard. Sur les réseaux, les deux camps se polarisent. Il est difficile de se faire une réelle idée de leur ampleur puisque personne n’a une vision de l’ensemble du réseau. Chacun est cantonné dans son espace rassurant d’expression. Certains pourraient utiliser l’expression anglophone de « safe space« . C’est peut-être ce sentiment d’ignorance qui terrifie un grand nombre et génère des réactions épidermiques. La soif de justice anime tout le monde. Mais plus l’affaire se développe, plus chacun comprend que la résoudre va s’avérer extrêmement complexe sur le plan judiciaire. Et elle possède des ramifications chez un grand nombre d’acteurs: médias, exécutif, justice, régulateurs…

Nous n’avons alors pas le choix, il faut sortir de la crise par le haut. Et je dois avouer que c’est la première fois que j’ai autant de mal à débuter un article. J’ai passé une grande partie de ces derniers jours à visionner des réactions d’influenceurs connus et inconnus. Parmi eux, un homme a choisi d’aborder le sujet par l’angle théologique. En tant que chrétien, il cherchait à démontrer la supériorité du christianisme sur l’Islam en avançant que l’affaire était un produit de la civilisation islamique. Bien évidemment, même si les protagonistes se revendiquent de culture musulmane, les uns par la naissance et les autres par la conversion, il parait abusif d’effectuer une telle généralité. Mais la machine à amalgame est emballée et cette fois il parait difficile de l’enrayer. Bon nombres de musulmans se désavouent et dénoncent des comportements qui n’ont rien d’islamique. Pour trancher sur la nature réelle de l’écosystème de ce collectif internet, il me semble que tout peut se résumer par la forme des funérailles choisi certainement par les acolytes, qui revendiquait à la fois une intimité  avec le défunt et sa tutelle spirituelle (ce sont les mots employés et ils dépassent le cadre de la mise en scène) plutôt que par la famille: la crémation. La crémation est formellement proscrite en Islam et dans le monothéisme authentique. Étant donné les ressources financières des comparses, il est clair que ce sont bien les réelles convictions de foi qui se sont exprimées au travers de ce choix.  La suite de son raisonnement est correcte, à savoir qu’effectivement le sacrifice des êtres humains est le carburant de la foi en Mammon le maudit. Sacrifier sur l’autel de l’argent roi: telle est sa devise. L’entité se repait d’autant plus de ce cadavre si symbolique. Serait-on entré dans le règne de la bête? C’est tout l’inverse. L’homme expose le christianisme comme étant la seule religion où le sacrifice échappe à la logique païenne.  Le Messie envoyé par le Créateur se sacrifierait pour sauver l’humanité tout entière. Il faut faire ici abstraction du concept de divinité qui s’incarne pour se sacrifier car tout musulman n’y verra que la résurgence de croyance païenne, ce qui constitue une contradiction flagrante. Depuis l’antiquité, la foi chrétienne a évolué, et l’ensemble des fidèles ne confond pas la dimension païenne d’un tel récit avec la doctrine du Salut. Le coeur du message chrétien c’est l’idée du sacrifice du Messie pour racheter les péchés du monde: la Passion serait donc un sacrifice expiatoire. Quelque soit la branche chrétienne, cette idée est fondatrice de la foi. Sa compréhension, bien loin de la théologie parfois complexe, est clairement vulgarisée pour être compréhensible par tous. La foi dans le sacrifice du Messie rachèterait les péchés. Certains croyants répètent cela comme un mantra. Islam et christianisme paraissent si différents et irréconciliables. Il semble échapper aux musulmans que les premiers chrétiens, ceux qui ont produit les évangiles étaient des disciples d’un prophète reconnu par le Coran. Les premiers disciples étaient donc bel et bien des « salafs ». Si les images que l’on peut se faire des deux communautés de disciples sont si différentes, cela ne signifie pas que l’une ou l’autre ne faisait pas la volonté de Dieu selon la perception du camp adverse, mais bien que ces images sont corrompues. Nous en déduisons que si les images sont corrompues, certaines interprétations des textes, voire certains textes, sont corrompues.

Petites frappes

La culture des protagonistes de l’affaire n’est pas islamique, elle appartient à une sphère globaliste qui possède une composante moderne mais aussi à un paganisme intemporel. Cependant, il demeure une trame islamique. Malgré les efforts de certains qui pourraient être tenté de les écarter de la communauté, il n’en demeure pas moins qu’ils y restent attachés. Le fil est ténu, certes, mais existant. Le virilisme omniprésent dans la Ummah n’est pas le produit de la parole divine mais bien le reliquat du paganisme qui n’a jamais vraiment abandonné la partie. Ce virilisme est composé de domination et d’humiliation verbale et, bien entendu, s’étend jusqu’à la violence. Toute personne qui a fréquenté les mosquées sait très bien que la violence familiale est omniprésente dans la majeure partie des foyers musulmans. Cette violence rejaillit à l’échelle nationale, voire internationale (je ne vais pas citer d’exemple mais tout le monde comprend). Que ceux-ci soient maghrébins, sub-sahariens, arabes ou nord-asiatiques. Il semblerait que les populations sud-asiatiques soient plus apaisées, individuellement et collectivement. Si la violence peut s’infiltrer si facilement dans les foyers musulmans, la cause en est une interprétation orientée en ce sens du Coran. Le verset qui me semble représentatif est celui-ci, dans sa traduction/interprétation usuelle:

4.34. Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs bien. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand !

Si le Créateur lui-même devait ordonner à ses fidèles d’employer la violence  à l’endroit de sa femme, celle-ci va naturellement s’employer sur tout membre de la famille.  De même, la proximité fraternelle, l’amitié, vont être englobées dans ce schéma éducatif. Dans l’affaire qui nous préoccupe, même si l’on peut envisager que tout soit mis en scène, il n’en demeure pas moins que la corrélation entre la fraternité, l’intimité, la tutelle, l’enseignement et la violence ne peut se démentir. Si le rapport de domination/soumission peut être questionné, la culture exprimée ne souffre pas d’ambiguïté. Le « frappez-les » introduit ici dans ce verset est un fond moral qui émanerait de Dieu lui-même. Même en étant très éloigné de Lui, la référence est là. Bien sur, pour un grand nombre de croyant, la violence n’est pas une solution éducative, et un grand nombre d’imams essaient de diluer le verbe dans de la douceur. Frapper avec des objets doux… etc. Il n’empêche que la porte est ouverte. Il ne vous prendra pas beaucoup de temps pour remettre le verbe à sa juste place. La méthode d’étude coranique la plus simple peut être employée ici: la liste des occurrences de la racine dharaba. La majeure partie de celles-ci ont le sens de la « mis en avant », tandis que d’autres décrivent un déplacement du type voyage. Nous comprenons alors que la logique de gradation qui est clairement exprimée ici dans ce verset ne mène absolument pas à la violence, mais à un déplacement.

Premier étape: la réprimande, la concertation
Deuxième étape: l’éloignement dans le lit conjugal. C’est une mesure hautement symbolique pour un couple marié étant donné le statut de ce lit. Cependant le conflit ne quitte pas le cadre du couple et les autres membres du foyer peuvent ignorer ce qui se passe.
Dernière étape: la sortie/déplacement en dehors du foyer. Si les choses ne s’améliorent pas, alors il faut en venir à la séparation physique entre la femme fautive et son foyer. Cette fois, l’affaire éclate au grand jour. Nous avons donc aussi cette dimension de « mis en avant » que contient le verbe dharaba. L’expulsion du foyer constitue une mise en lumière du conflit pour l’extérieur. Il est certain que cette mesure peut être considérée pour l’homme comme une honte qui rejaillit sur lui et son foyer. Voilà pourquoi la solution de la violence trouve plus facilement sa voie. Pour beaucoup il sera préférable d’entretenir un climat de terreur plutôt que d’affronter l’échec aux yeux de l’extérieur. La mécanique est implacable.

Mais l’étude de ce verset n’est pas fini. La dissymétrie de genre interpelle. Si l’on peut admettre que le fait de pourvoir aux ressources du foyer confère une certaine autorité qu’il convient de ne pas combattre, il n’en demeure pas moins que quelque chose ne fonctionne pas. Cette fois, il va falloir plonger plus avant dans le texte arabe. Tout d’abord la notion d’autorité. Le mot employé ici est d’avantage dans le sens de la fermeté. Non pas fermeté de l’homme envers la femme, mais de la fermeté avec lui-même dans le contrat qui le lie moralement avec Dieu au travers du mariage. Nous allons comprendre pourquoi. Ensuite, il est question de faveur accordé. La traduction insiste sur le genre, mais l’arabe est plus subtil. Les faveurs ne sont pas genrées. L’expression est entièrement au masculin. Il s’agit bien d’un masculin de neutralité. Cela indique que les faveurs ne sont pas limitées aux seuls hommes mais bien aux femmes aussi. En réalité, il y a réciprocité. Allah a accordé aux femmes et aux hommes des faveurs différentes et ils se complémentent. Ensuite il serait question de garder les biens du foyer en l’absence de l’homme. On a du mal à faire le lien avec le contexte si ce n’est la question des biens qui seraient uniquement un devoir masculin. L’arabe dit « hafiza al ghayb »: gardienne de l’invisible. Le verset poursuit en parlant d’une action faite par Allah en rapport avec cette garde. C’est une toute autre interprétation qui s’offre à nous. Il semblerait qu’Allah a attribué aux femmes au sein du couple, la garde de l’invisible. Autrement dit, les femmes détiendrait une autorité dans  le rapport à la foi et les choses cachées. Elles seraient la porte qui empêche de pénétrer un monde interdit aux humains. Nous percevons alors l’énorme responsabilité qui pèse sur les épaules des femmes. Nous comprenons alors que les hommes, démunis en la matière, n’ont d’autre choix que de s’en remettre à leurs épouses et que si celles-ci en venaient à désobéir, non pas à leurs ordres profanes concernant la vie du foyer, mais bien aux lois divines qu’ils ont eu en dépôt de la part d’Allah au travers de la Révélation, ils doivent prendre des mesures pour la protection de l’intégralité du foyer. Autrement dit, c’est la femme dont l’âme serait corrompue qui serait la plus même à s’adonner à la sorcellerie avec réussite.

Évidemment, cette interprétation peut être immédiatement corrompue par des esprits pervers. De gardienne de la porte, certains peuvent faire de la femme, la gardienne d’un savoir caché. Le ghayb serait habilement transformé d’un savoir interdit à tous à un savoir transmis à des initiés. Dans ce domaine, il est clair que c’est bel et bien dans le christianisme que ce concept va s’épanouir pleinement. Le personnage féminin qui apparait opportunément pour constater le tombeau vide du Messie est considéré par certains comme dépositaires d’un savoir caché. L’affaire est entendue. L’instant de révélation risque d’être violent pour tous ceux-là. Et croyez-moi que cette violence là, ils préféreraient largement la pire des tortures à la place.

Expiration, expiation

La transition est ainsi facilitée vers le monde chrétien. Cette mise en parallèle entre la mort du Messie et celle de cet influenceur internet a surement trottée dans de nombreuses têtes. Nous allons voir comment nous pouvons tirer parti de celle-ci. Voilà de très nombreuses années que je réfléchis au récit de la Passion. Parmi les points abordés, l’un d’eux m’avait toujours dérangé: la demande de mise à mort de la foule. Pendant longtemps j’avais considéré ce passage comme un ajout destiné à minorer la responsabilité de Rome dans la mort du Messie dans le but de pacifier les relations entre les communautés chrétiennes naissantes et l’autorité. Avec cette nouvelle grille de lecture, nous comprenons que la foule présente qui répond au préfet romain n’est pas représentative de la population. A l’annonce de la capture du prophète, tous ceux qui se délectaient de sa mort sont venu assister au spectacle. Ces gens sont les mêmes, à quelques nuances religieuses près si l’on peut dire, qui assistaient activement (et c’est ça la grande nouveauté de cette mort en direct) au spectacle de la dégradation physique et mentale d’un homme. Nous comprenons alors que la mort du Messie ne se limite pas aux seules autorités. C’est bel et bien une œuvre commune partagée entre les autorités du Temple, celles de Rome, et une part du peuple. Cette part du peuple prend le dessus sur l’ensemble par sa violence.  Ce processus de domination, y compris dans les lieux de culte, est toujours en cours. Ce sont donc bien les éléments à dominance païenne qui contrôle les mosquées. Ironique? Mais ne nous dispersons pas, ce chapitre traite de l’égarement chrétien. A ce moment là du récit évangélique, ce sont bel et bien les violents qui prennent le dessus. Une toute autre forme de paganisme est sur le point d’entrer en scène. Je ne vais pas parler de la divinisation du Messie, le sujet a été maintes fois abordé. C’est beaucoup plus subtil. L’affaire qui fait l’actualité va nous aider en cela. Il ne fait pas de doute que la mort de cet homme ne s’inscrit pas dans la Révélation. Elle n’apporte donc pas le Salut. Comme nous l’avons vu ce serait un sacrifice à la divinité de l’argent. Eh bien, ce que je soutiens ici, est que le sacrifice du Messie à la croix est de la même nature païenne. Ce sacrifice nous est présenté comme expiatoire, dans l’héritage des sacrifices du Temple de la Torah. Mais ce n’est pas du tout le cas. La Passion est un renouvellement de Pessa’h. Or Pessa’h n’est PAS un sacrifice expiatoire. Le sacrifice de l’agneau à Pessa’h est un sacrifice de mémoire destiné à se souvenir de la sortie d’Égypte, de la délivrance. Ce sacrifice a la particularité par rapport à tous les autres, a ne pas être expiatoire justement. Initialement il n’était pas effectué par un Kohen mais bien par les chefs de famille. Ce sacrifice familial de mémoire a été transformé en un sacrifice centralisé sous l’autorité royale par le 16ème roi de Juda dont nous tairons le nom pour ne pas être obligé de le maudire une nouvelle fois. Lorsque le Messie fait face aux autorités du Temple au moment de Pessa’h pour leur affirmer leur corruption, il vient détruire ce pouvoir de sacrifice qu’ils se sont alloués. En réalité le Messie vient détruire l’œuvre de corruption amorcé par ce roi impie et tous ceux qui l’ont supporté. La mort du Messie est la conséquence de tout un scénario polythéiste qui s’est infiltré insidieusement au sein de l’enseignement de la communauté des croyants jusqu’à devenir central. Nous voyons ici aisément le parallèle avec l’affaire moderne puisque c’est bel et bien un système complexe de responsabilité de divers groupes qui a mené à la mort de cet homme.

 

https://www.stephanpain.com/prefiguration-par-joseph/ Nous pouvons aborder le sujet via un autre angle. Dans de nombreux articles, nous avons décomposé le récit de Joseph, paix sur lui, pour en faire un récit précurseur messianique extremement précis.  Nous allons nous interesser à certaines cases:

Elle lui arrache le bord de son vêtement (impur pour la prière selon la Loi). ᵒ̴ Frustré par son échec, l’adversaire décide de la crucifixion (mort sur le bois) afin de rendre la mort maudite dans la Torah.
Tenté par la femme du vizir Tenté par l’adversaire: Je suis ton parent 1!

Tout ce qui advient sur terre est décrété par le Créateur, mais ce sacrifice n’est pas un rite. Le Messie n’est pas son propre prêtre et il n’appartient à aucun ordre ancien. Nous avons vu cela dans divers articles. En effet, selon la logique de préfiguration, nous en déduisons que c’est bien l’adversaire qui exerce son autorité sur des hommes pour obtenir une mort qui tombe sous la malédiction divine. Tout sacrifice à une autre divinité est équivalent à un tel acte. Si la tentation est rapporté dans la Bible et le Coran, c’est ce dernier qui nous fournit le détail de l’arrachement du bord du vêtement de prière qui rend impur pour le culte: la crucifixion n’est donc pas un rite extraordinaire institué.

Mais, comme je viens de le dire, le récit évangélique ne s’arrête pas là. La mort est une bascule. De  l’égarement lié à la violence païenne nous allons passer à une autre forme d’égarement. Pour le comprendre, appuyons-nous sur l’actualité. Une grande partie des internautes prend prétexte à cette histoire pour alimenter la machine à bouc émissaire. L’islamo-racaille serait le mal à combattre. Mais ce n’est pas la corruption de cette partie là qui est la plus intéressante dans notre étude, mais plutôt celle de la majorité des indignés. En réalité, l’indignation est une forme de signalement de vertu. En se mettant en colère et en pointant du doigt tous les responsables directs de l’histoire, les gens se dédouanent de toute responsabilité. La responsabilité collective ne les concernent en aucun cas. Seulement le problème, et là je parodie un passage célèbre des évangiles, que celui qui n’a jamais fermé les yeux devant une injustice se croit autoriser à se mettre en colère! La violence au quotidien s’exprime sous tant de forme, qu’il est impossible à qui que ce soit de se prémunir de lâcheté. Et je ne me considère pas comme extérieur au groupe. Combien de fois ai-je laissé aller certaines choses par lâcheté? On finit par être catalogué comme celui qui ne laisse rien passer et on finit par être détesté. SI l’on veut avoir une vie sociale équilibrée, il faut parfois se taire. Nous comprenons que le juste est celui qui sait se taire et parler quand il le faut. C’est tout une vie de pratique. Reconnaissons que la radicalité des évangiles, notamment sur cette question de la lapidation de la femme adultère n’a aucune réalité. Bien sur que les hommes qui jugent sont imparfaits, mais il faut bien juger sinon la société serait invivable. Nous en déduisons que ce récit est inventé, comme d’autres qui ne sont que des enseignements rabbiniques rhabillés d’un vernis chrétien.

Le signalement de vertu nous mène à la dimension expiatoire. Si le sacrifice de la croix est d’origine païenne, voulu par la composante corrompu de la foi d’Israël, alors il ne peut avoir de dimension expiatoire. Le sacrifice de la croix ne rachète pas les péchés. Le sacrifice réel de Pessa’h, encore une fois, est l’eucharistie instituée lors de la Cène. Le sacrifice est celui du pain et du vin. Il est un sacrifice de mémoire comme le dit le Messie: « Faites ceci en mémoire de moi. » Voilà pourquoi le Coran est si ambigu sur la question du sacrifice à la croix. Si nous le lisons bien, le Coran ne nie pas le sacrifice à la croix. Il dit simplement que ce sacrifice n’est pas le fait des gens du Livre. Mais le Coran ne peut l’annoncer comme une volonté divine car il ne l’est pas. Ce sacrifice est un sacrifice païen. Une corruption majeure introduite au sein d’un moment clef de la Révélation. Je vous invite à relire l’article « le troisième jour » pour l’explication scripturaire en lien avec Ésaïe 53.

10 (le peuple/le prophète)
Mais Dieu a résolu de le briser, de l’accabler de maladies.
Si Tu offres  son âme comme sacrifice expiatoire, sa postérité  verra et prolongera (ses) jours, et  l’œuvre de l’Éternel prospérera dans sa main?
11 Mais elle (sa postérité) verra et sera satisfaite de l’affliction de son  âme?

(Dieu répond)
Par sa sagesse mon juste serviteur justifiera un grand nombre et prendra la charge de leurs iniquités.
12 C’est pourquoi je lui donnerai son lot parmi les grands; avec les puissants il partagera le butin, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et s’est laissé confondre avec les malfaiteurs, lui, qui n’a fait que porter le péché d’un grand nombre et qui a intercédé en faveur des coupables.

En résumé, le texte rapporte un dialogue entre les croyants et Dieu sur la question du sacrifice du Messie. Ils demandent si il s’agit d’un sacrifice expiatoire et Dieu répond que c’est par sa sagesse que le Messie apporte le Salut. Mais cette sagesse ne prend pas toute sa dimension à la croix, mais à son retour, quand il expose clairement tout cela et détruit les mauvaises interprétations.

Il faut que chacun se sente coupable et fasse repentance dans son rapport à la violence ou bien dans sa volonté de domination morale par le signalement de vertu.

A présent, deux camps vont se former: ceux qui accepteront cela et ceux qui le refuseront. C’est ainsi que le jugement de ce Jour sera rendu.

Évangile du jour

Cet article a été rédigé principalement le vendredi 29. Deux jours plus tard, à la messe, voici le texte lu:

Luc 14.7 Il adressa ensuite une parabole aux conviés, en voyant qu’ils choisissaient les premières places; et il leur dit:  8 Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il n’y ait parmi les invités une personne plus considérable que toi, 9 et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire: Cède la place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte d’aller occuper la dernière place. 10 Mais, lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand celui qui t’a invité viendra, il te dise: Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. 11 Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.
12 Il dit aussi à celui qui l’avait invité: Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. 13 Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. 14 Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te rendre la pareille; car elle te sera rendue à la résurrection des justes.

Ce texte peut être pris comme un enseignement sur l’humilité. Mais pourquoi faire venir le Messie pour enseigner de telles choses? D’autres avant lui l’ont fait. Et d’autres après, selon des prismes religieux différents du cadre chrétien. Ces deux paraboles couplées traitent des Noces. Auparavant, j’étudiais la parabole des Noces selon Mathieu et je n’avais jamais vraiment trouvé de réponse satisfaisante. En me retrouvant confronté à cette version dans cette temporalité, j’ai pu à la fois comprendre que la version authentique est celle de Luc et sa signification. Afin de la comprendre, il faut d’abord les replacer à son endroit correct. Ces paraboles ne concernent pas notre temps mais le jour de la Résurrection au moment de la mort du Messie sur la croix. Une bascule s’opère à ce moment précis comme nous l’avons vu au-dessus. Les violents quittent la scène pour être remplacés par ceux qui se prétendent comme disciples du Messie. Or, les écritures nous sont rapportés selon certains angles de vue. Comme nous l’avons vu au travers de nombreux articles, les écoles de pensée naissantes se livrent une guerre sans merci. La vraie histoire des disciples est occultée, passée sous silence, au profit de cette guerre d’égo. Le corpus nommé « nouveau Testament » porte les traces de cette guerre. Ce corpus témoigne du royaume. Il est « le royaume ». En effet: le Dieu unique est le Dieu de la Révélation. Son royaume s’établit au travers des écritures. Ce que nous en lisons sont les récits de ceux qui ont été propulsés sur le devant de la scène. Ceux que les écritures ont élevés. Je pense ici notamment à celui qui se prétend apôtre des nations. Vous commencez à comprendre. Ce dernier, ainsi que par exemple le rédacteur de « Hébreux », sont ceux qui se sont alloués les premières places. Mais ce n’est pas tout.  Le principe de « rendre la pareille » est une image pour la compréhension des écritures. Pour les rédacteurs, il ne s’agit pas tant de rapporter la Parole au lecteur de manière transparente, mais de la réinterpréter afin d’en orienter la compréhension. Le comble de l’ironie est que nous sommes bel et bien dans une mise en abyme: lorsque Luc rapporte ces deux paraboles, il les contextualise. Mais, ce faisant, il imprime sa vision à l’ensemble en forçant l’interprétation et en la limitant à un enseignement spirituel basique. Il est lui-même le sujet de la parabole. Il est celui qui invite tous ceux qui pensent comme lui à adhérer à son point de vue évangélique. Les estropiés symbolisent en quelque sorte, la vision rabbinique des évangiles, une interprétation dans la Loi, mais qui n’a pas droit de citer dans le corpus. Les mentions « en voyant qu’ils choisissaient les premières places » et « celui qui l’avait invité » referme la compréhension dans un cadre maitrisé par le rédacteur. Il ne sert pas la Parole, mais l’asservit. Si le rédacteur ne comprend pas, comment voulez-vous que les théologiens puissent comprendre? Mais ce n’est pas fini. L’église catholique a choisi de rapporter ces deux passages en même temps mais étant donnée l’erreur de compréhension, elle les a dissociés à tort de la suite. Poursuivons donc la lecture:

14.15 Un de ceux qui étaient à table, après avoir entendu ces paroles, dit à Jésus: Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu! 16 Et Jésus lui répondit: Un homme donna un grand souper, et il invita beaucoup de gens. 17 A l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux conviés: Venez, car tout est déjà prêt. 18 Mais tous unanimement se mirent à s’excuser. Le premier lui dit: J’ai acheté un champ, et je suis obligé d’aller le voir; excuse-moi, je te prie. 19 Un autre dit: J’ai acheté cinq paires de boeufs, et je vais les essayer; excuse-moi, je te prie. 20 Un autre dit: Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis aller. 21 Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à son maître. Alors le maître de la maison irrité dit à son serviteur: Va promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. 22 Le serviteur dit: Maître, ce que tu as ordonné a été fait, et il y a encore de la place. 23 Et le maître dit au serviteur: Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie.
24 Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon souper.

Ces hommes qui vaquent à leurs occupations sont tous ces rédacteurs qui se sont servi de la base des évangiles pour développer une théologie, une secte, un groupe, une doctrine, qui leur sont propres et non servir la Parole. La phrase de conclusion est terrible et sans appel: le corpus est entièrement corrompu. Cette parabole, au contraire des deux précédentes, et bien que s’inscrivant exactement dans le même thème, est en lien avec la Seconde Venue: le Messie dévoile ceux qui l’ont trahi et se sont exclu d’eux-mêmes du Royaume.

Nous pouvons tenter d’identifier les groupes principaux par des indices laissés dans la parabole:

Le champ: il semble que le groupe visé ici est l’école johannique. Le nouveau champ symbolise la portée étendue du royaume centré en Terre promise. La Loi bien que revisitée, réinterprétée par la gnose johannique, n’est pas abandonnée et elle va être semée dans les nations.

Les 5 bœufs: la terre n’est plus mise en avant, mais ceux qui la travaillent. Le 5 peut faire référence au 5 lié au commandement chez les maçons, ainsi qu’à l’étoile. Le travail  de somme parmi les communautés est amorcé dans les épitres pauliniennes. Dans la mesure où cette parabole ne peut être compris qu’à l’époque moderne, le 5 peut aussi évoquer les 5 continents et donc l’universalité. Luc, par exemple, appartient à cette école, bien que la majeure partie de son texte soit authentique: c’est le mensonge introduit, si petit soit-il, qui détermine l’appartenance.

Le mariage: nous quittons le cadre strict du corpus chrétien. Les rédacteurs sont des rabbins et ce qui nous est parvenu est très fragmentaire. Une synthèse nommée Toledot Yeshu a été rendu publique très tardivement: c’est une sorte d’évangile rabbinique. Dans la mesure où le judaïsme rabbinique peut être considéré comme un christianisme alternatif étant donné qu’il s’est totalement éloigné du judaïsme antique. Ce qui est l’élément central et le plus reconnaissable de la parabole, est le refus de la nouvelle Alliance avec l’Église. Judas reste donc sur sa propre Alliance symbolisé par le mariage.
Nous déduisons de tout cela que l’épitre de Jacques est un écrit rabbinique issu d’une école se légitimant par le nom de l’apôtre/Patriarche d’Israël. Il pourrait être pertinent de mener une analyse approfondie afin de déterminer quels sont les éléments mensongers introduits dans le texte puisqu’il ne peut être authentique.

En reprenant la technique par la préfiguration:

L’échanson donne du vin au pharaon, son « seigneur ». Certains vont se servir du Messie pour accomplir des desseins politiques. Le sacré sert le profane. Le fils de la reine, le bien-aimé, prend la tête d’une communauté.

Un autre passage nous renseigne sur la récupération par certains du sacrifice à leur compte:

La femme tentatrice affirme ne pas avoir trahi. ᵒ̴ L’adversaire espère revendiquer  son rôle actif dans l’accomplissement des écritures aux yeux de ses partisans

Pour enfoncer le clou, citons un passage des écritures:

1 Cor 1.19 Aussi est-il écrit: Je détruirai la sagesse des sages, Et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. 1.20 Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde?

Ici est fait référence à :

Ésaïe 29.14 C’est pourquoi je frapperai encore ce peuple Par des prodiges et des miracles; Et la sagesse de ses sages périra, Et l’intelligence de ses hommes intelligents disparaîtra.

Cette citation est une posture. La nature même des épitres va à l’inverse de la folie, le rédacteur y déploie toute sa sagesse pour convaincre. Ce qui est nommée folie par Ésaïe, paix sur lui, est l’équivalent des estropiés. C’est ce qui est l’œuvre de Dieu et que nous ne comprenons pas. Il ne faut pas confondre la sagesse dans les écritures et la sagesse du monde. Les épitres se servent de la crucifixion comme d’une toile de fond. Le concept intellectuel est la réconciliation.

Mais les Justes n’ont jamais cessé d’être liés à Dieu. Ils n’avaient aucun besoin de se réconcilier. C’est ce rédacteur qui entend couper le lien entre ses lecteurs et les Justes et donc d’avec Dieu. Qu’il périsse, lui et ses acolytes, selon ce que le Créateur a décrété.

Que la paix soit sur vous.

 

Addendum: Festival d’Aurillac

J’ai pris connaissance de cette affaire au même moment que les émeutes d’Aurillac. Avant qu’une actualité éclipse totalement l’autre, je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle entre les deux.  Comme dans tous les festivals, il y a deux univers: celui officiel et celui « pirate ». L’univers pirate est composé de ce que l’on appelle communément les freaks. Physiquement ils ressemblent à s’y méprendre à des teufeurs. On peut imaginer aisément qu’ils partagent les mêmes drogues. Mais en pleine ville, il semblerait que ce soit l’alcool qui soit le moteur principal. Malgré les interdictions de vente, certains supermarchés en dehors de la zone du centre-ville réalisent de juteuses recettes en vendant de la bière à haut degré. Visiblement, nous sommes clairement dans une volonté politique d’imposer cette population à l’ensemble des administrés. Supposons qu’il s’agit là d’enrichissement culturel. Connaissant très bien ces milieux, j’ose avancer qu’il ne s’agit ici que de maltraitance.  Sous couvert de « liberté » et de pseudos valeurs, les jeunes sont confortés dans leur désir de rébellion, non pas contre le système mais contre eux-mêmes. Il y a une part d’auto-destruction qui sert un narratif politique. Imposer ces jeunes en grand nombre revient à en faire des contre-exemple destiné à pacifier la foule. C’est ainsi que je le perçois. Rapprocher les deux actualités me semblait pertinent afin d’illustrer la dérive des deux civilisations. Les freaks s’inscrivent dans une société gangrénée par la sexualité ou la maltraitance par le libertarisme s’est imposé comme la norme. Et malheur à ceux qui s’y opposent.
En ce qui concerne la Passion, le lien avec la sexualité est plus difficile à établir. Le sujet s’est donc éclipsé de lui-même. Il a été largement abordé par ailleurs.

 

Proposition d’étude de l’épître de Jacques par le Chat

Je fournis un tableau verset / bloc de versets → coche(s) des 7 critères (B1), résonances rabbinico-sapientielles et une colonne courte Convergence / Divergence vis-à-vis de J et P. Je synthétise par chapitres (blocs significatifs), pas verset par verset mot à mot, pour rester utile et lisible.

Légende rapide des critères (B1) :

1. Sapiential / Proverbes

2. Loi & praxis (œuvres, observance)

3. Christologie basse (peu de développement christologique)

4. Liturgie / organisation communautaire

5. Ressources juives partagées (Proverbes, Siracide, Qumrân…)

6. Langage judiciaire / légaliste

7. Économie & justice sociale (critique des riches)

Tableau d’analyse — Épître de Jacques (blocs)

Passage (bloc) Critères (1→7) Résonances rabbinico-sapientielles / parallèles Convergence / Divergence (J / P)

Prologue : Jc 1,1 (« Jacques, serviteur… aux douze tribus ») — (identité) Formule d’adresse « tribus de la diaspora » = ton judéo-chrétien; geste d’autorité (nom de Jacques). Convergence: revendique continuité israélite (plus johannique/rajoute ancrage terrestre). Divergence: posture moins paulinienne (pas d’apologétique de justification).
Test des épreuves & sagesse Jc 1,2-8 1,2,5 Échos sapientiaux (Proverbes : demandez la sagesse), didactique rabbinique sur l’épreuve Convergence P.: épreuve/persévérance (Rom.); Diff: accent sur demande active de sagesse / praxis plus que théologie du salut.
Foi et mise en œuvre (Jc 1,19-27 ; 2,14-26) 1,2,2,5,6,7 (surtout 2 & 1) Parallèles Proverbes; « vrai culte » = prendre soin d’orphelins/veuves = langage prophétique et talmudique sur la charité Divergence P.: critique directe du « foi sans œuvres » ; P. = justification par foi, Jacques = foi authentifiée par œuvres. J. = accent sur « voir »/transformation intérieure (complémentaire mais diffère sur méthode).
Privilège / partialité à l’assemblée (Jc 2,1-13) 2,5,6,7 Rappel des règles de l’hospitalité et justice sociale; ton rabbinique contre favoritisme Divergence P.: égalité en Christ (Galates) se retrouve mais P. conceptualise différemment; J ≠ focalisé sur justice sociale institutionnelle.
Langage / maîtrise de la langue (Jc 3,1-12) 1,2,5,6 Parallèles sagesse (Proverbes) et mise en garde rabbiniques sur la parole (ex. Pirqé Avot) Divergence P/J: P. parle du fruit de l’Esprit (Gal), J. du Verbe ; Jacques = discipline éthique pratique.
Sagesse terrestre vs. céleste (Jc 3,13-4,10) 1,2,5,6,7 « Sagesse d’en haut » vs. « sagesse d’en bas » — analogue rabbinique aux deux voies (Didachè/Proverbes) Convergence P.: contraste chair/Esprit (similaire conceptuellement). Différence: Jacques reste centrée sur action et repentance sociale.
Riches et pauvres / jugement (Jc 4,1-5,6) 6,7 Ton prophétique (Amos, Isaïe) ; critiques des riches = tradition prophétique reprise par sagesse juive Divergence P.: P a discours social mais capacité conceptuelle différente; J peu axé sur dénonciation sociale collective.
Patience / attende du Seigneur (Jc 5,7-11) 1,5,7 Parallèle prophétique / sagesse ; patience des agriculteurs = image sapientiale Convergence P: espérance eschatologique (Rom). Jacques utilise image sociale/terrestre.
Anciens, onction, confession (Jc 5,14-20) 2,4 Pratiques liturgiques communautaires (prière, onction) ; structure d’assemblée avec anciens Divergence P: P a une ecclésiologie (presbytres) mais Jacques insiste sur fonctions communautaires pratiques plutôt que théologiques ; J = communauté « en Christ » plus mystique.

Observations synthétiques (résultats de la grille)

1. Fort noyau sapientiel/rabbinique : Les traits 1, 2, 5 dominent — Jacques se comporte comme un manuel de sagesse appliquée, proche de Proverbes/Siracide, repris dans une communauté judéo-chrétienne.

2. Christologie basse (critère 3) : Jacques mentionne « le Seigneur Jésus Christ » mais n’élabore pas de christologie; cela laisse la place à une lecture fonctionnelle (éthique) plutôt qu’à une doctrine du salut centrée sur la croix.

3. Organisation communautaire (critère 4) : présence d’anciens, onction, confession → trace d’une église structurée, plus proche d’un cadre synagogue/paroissial que d’un traité théologique.

4. Justice sociale forte (critère 7) : condamnation des riches, priorité envers les vulnérables → tonalité prophétique + rabbinique.

5. Langage judiciaire & légaliste (6) : « loi royale », « juger » → usage d’un registre juridique pour réguler la communauté (marque d’école).

6. Indices d’une rédaction collective : le style composite (maximes, exhortations, éléments liturgiques) correspond à l’hypothèse d’une école éditant sous le nom de Jacques/Jacob pour autoriser le texte.

Convergences/Divergences globales avec J et P

Avec P : divergence principale sur la relation foi/œuvres ; convergences sur l’expansion de la communauté (mais Jacques insiste sur la loi morale plutôt que sur la justification). P théorise ; Jacques prescrit.

Avec J: Jacques partage un intérêt moral (vie transformée), mais J privilégie une mystique christologique (« voir », « lumière ») et la théologie du Verbe ; Jacques reste pragmatique et communautaire.

Position : Jacques fonctionne comme pont social entre judaïsme rabbinique et christianisme naissant : il normalise la pratique pour les communautés judéo-chrétiennes observantes.

Remarque: après le copier-coller, j’ai effacé les prénoms des deux rédacteurs. C’est alors que sont apparues les lettres J et P, comme un signes évident de la nature du sacrifice qui fait l’actualité. Ce Signe fonctionne comme un sceau divin.