Morceaux, Choisis

Cet article a été rédigé dans la soirée du 13 novembre 2025. Il est dédié à toutes les victimes directes et indirectes de la barbarie.
Cependant, ne perdons pas de vue que la barbarie peut aussi s’immiscer sans fracas, sans dates commémoratives, sans tombes à remplir.

Mt 10.28
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme;
craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne.

Morceaux choisis

Voici deux morceaux choisis dans le Coran qui semblent connectés entre eux par une thématique commune selon la traduction usuelle:

Sourate an-nahl 16
56 Et ils assignent une partie [des biens] que Nous leur avons attribués à [des idoles] qu’ils ne connaissent pas. Par Allah ! Vous serez certes interrogés sur ce que vous inventiez.
57 Et ils assignent à Allah des filles. Gloire et pureté à Lui! Et à eux-mêmes, cependant, (ils assignent) ce qu’ils désirent (des fils).
58 Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde [l’envahit].
59 Il se cache des gens, à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre? Combien est mauvais leur jugement!
Sourate az-zukhruf 43

15 Et ils Lui firent de Ses serviteurs une partie [de Lui-Même]. L’homme est vraiment un ingrat déclaré!

16 Ou bien Se serait-Il attribué des filles parmi ce qu’Il crée et accordé à vous par préférence des fils?

17 Or, quand on annonce à l’un d’eux (la naissance) d’une semblable de ce qu’il attribue au Tout Miséricordieux, son visage s’assombrit d’un chagrin profond.

18 Quoi ! Cet être (la fille) élevé au milieu des parures et qui, dans la dispute, est incapable de se défendre par une argumentation claire et convaincante

19 Et ils firent des Anges qui sont les serviteurs du Tout Miséricordieux des [êtres] féminins ! Etaient-ils témoins de leur création? Leur témoignage sera alors inscrit; et ils seront interrogés.

20 Et ils dirent: « Si le Tout Miséricordieux avait voulu, nous ne les aurions pas adorés. » Ils n’en ont aucune connaissance; ils ne font que se livrer à des conjectures.

Une analyse rapide met en lumière la ressemblance de deux paires de versets qui composent le coeur des deux passages: 43.16 évoque l’opposition entre les filles et les garçons, tandis que 16.57 semble reprendre cette opposition sans toutefois que le mot garçon apparaisse dans le texte. Premier indice. Quant aux versets 16.58 et 43.17 leur structure est exactement la même, seul change l’objet de la bonne nouvelle. Dans un cas, ce sont les filles, et dans l’autre ce qui semblerait être attribué à Dieu. La connexion semble logique et dans le prolongement du verset précédent.

L’enseignement central de cette assemblage semble être la dénonciation des pratiques à l’égard des filles au temps pré-islamique. Sa connaissance est très répandu dans le monde musulman. Il est un pilier de la société car les relations hommes-femmes sont les bases de la civilisation. De nombreux récits rapportent que les filles étaient condamnées dès leur naissance. Aussi, cette pratique a été éradiquée. Ce n’est pas le cas partout dans le monde, notamment en Asie. Mais ce n’est pas le sujet ici. La raison de ces pratiques serait religieuse. Les filles seraient attribuées à Dieu et les garçons aux hommes. Le rapport de cause à effet interpelle, mais l’interprétation du Coran est parfois un exercice périlleux. Il faut alors considérer le texte dans sa globalité et ne pas s’attarder sur certaines tournures de phrases. L’arabe coranique escamote certains mots dans la phrase qui sont pourtant essentiel au sens dans la traduction. Ces mots sont alors rajoutés entre parenthèse. C’est le cas en de nombreux endroits ici. L’expérience m’a montré qu’un excès de mots ajoutés trahie une confusion de sens. Enfin les versets 19 et 20 évoquent un culte d’anges féminins.
Toujours est-il que le musulman moderne ne se sent pas concerné. Les croyances et les pratiques induites décrites ne font pas parti de son quotidien.

Sur la forme enfin, les deux séquences s’inscrivent dans deux séquences plus grandes, où sont formulées beaucoup de questions rhétoriques divines. Allah fait parler des individus génériques pour illustrer son propos. La traduction emploie des « Et ils firent/dirent/etc » pour traduire les verbes à la 3ème personne du pluriel de l’arabe. Cependant un verset échappe à cette forme: le verset 43.18 serait le propos d’un homme générique qui justifierai son attitude à l’égard des femmes par leur superficialité et leur frivolité (ornements et faiblesse argumentative). De plus, le mot introductif est sans équivoque: la phrase est interrogative alors que toutes les phrases génériques sont des affirmatives.

Autant être direct: étant donné le contexte, je vois mal le Créateur offrir une fenêtre d’expression sarcastique à ses détracteurs. Nous allons entrer dans la séquence par le biais de ce verset. Cela tombe bien car il contient un bijou! Nous voilà dans le prolongement de l’article précédent. Il ne serait donc pas question des filles portant des bijoux, mais l’évocation d’une métaphore. Ainsi la question rhétorique place deux camps en opposition. A présent qu’une brèche est ouverte, dirigeons-nous vers le début du passage:

43.15 Et ils Lui firent de Ses serviteurs une partie [de Lui-Même].
Wa Ja`alū Lahu Min `Ibādihi Juz’āan

Il y a un mouvement qui va des humains vers le Créateur. Le mot partie, dans ce contexte, nous renvoie au principe eucharistique. Ce dont il est question ici est la part d’Esprit reçu par les humains. Mais si il y a reproche, c’est qu’il y a abus. Nous pouvons donc en déduire que la dénonciation porte sur ceux qui s’attribuent faussement une part d’Esprit ici-bas alors qu’ils n’en sont que les hôtes temporaires (on peut aussi évoquer le fait de confondre âme et esprit). De ce principe découle logiquement le dogme d’infaillibilité que nous avions dénoncé il y a peu de temps.  Poursuivons:

43.16 Ou bien Se serait-Il attribué des filles parmi ce qu’Il crée et accordé à vous par préférence des fils ?

Le début est correct. Mais la deuxième partie dit  littéralement: Il vous a choisis parmi les fils? Il y a bien une opposition ici, mais pas selon une division entre le ciel et la terre car en réalité, quelque chose ne fonctionne pas. Il faut bien faire attention aux verbes employés. Il est dit que les filles sont la propriété de Dieu, et que les garçons sont choisis. Alors bien sur cela est faux, c’est une question rhétorique dénonçant l’absurde. Pour en comprendre le sens, il faut se tourner vers l’autre séquence qui dit littéralement:

16.57 Et ils assignent à Allah des filles. Gloire et pureté à Lui! Et à eux-mêmes, (ils assignent) ce qu’ils désirent

En réalité, ce que ces hommes s’assignent, ce qu’ils désirent, ce sont les filles assignées à Allah. Ils se pensent légitimes en cela car il sont choisis par Dieu. Avouons que cela a beaucoup plus de sens. Les versets 15 et 16, séparés par un « ou », décrivent donc les deux formes majeurs d’égarement parmi les croyants: ceux qui se pensent investis de l’esprit divin, et ceux qui se disent élus/choisis. Nous pouvons nous pencher vers un autre passage coranique, sourate 37:

149 Pose-leur donc la question: « Ton Seigneur aurait-Il des filles et eux des fils ?
150 Ou bien avons-Nous créé des Anges de sexe féminin, et en sont-ils témoins ? »
151 Certes, ils disent dans leur mensonge:
152 « Allah a engendré » mais ce sont certainement des menteurs !
153 Aurait-Il choisi des filles de préférence à des fils ?

Les versets 149 et  150 affirment qu’il existe diverses croyances erronées autour de la question des filles qui ne sont pas terrestres. Ce qui signifie qu’une croyance peut être remplacée par une autre. L’affirmation dans la croyance monothéiste peut s’accompagner d’une de ces formes. Dans le verset 153, il est exposé une opposition de choix. Or, le verbe astafa, s’il désigne effectivement une élection prophétique dans le Coran, peut aussi désigner une attribution:

2.132 Et c’est ce qu’Ibrahim (Abraham) recommanda à ses fils, de même que Ya’qub (Jacob): « Ô mes fils, certes Allah vous a choisi istafa lakumu la religion: (…)

‘ala est employé également pour l’attribution. Si il prend le sens de « contre », ce n’est que grâce au contexte, mais la notion d’attribution est tout de même présente. Voici un exemple concret:

2.150 Et où que vous soyez, tournez-y vos visages, afin que les gens n’aient pas d’argument contre vous, sauf ceux d’entre eux qui sont de vrais injustes.

Constatons qu’il s’agit bien d’argumenter sur vous et que c’est seulement le contexte qui oriente cette opposition et non ‘ala. En conséquence de quoi, astafa al banati ‘ala banin peut se traduire par:

153 Aurait-Il choisi les filles pour les fils ?

C’est le sens le plus naturel de ce verset et aussi le plus actuel.

Les premiers se trouveront plus naturellement dans le monde chrétien et plus spécifiquement catholique. Leur doctrine est centrée sur la gnose johannique. Parce qu’ils ont reçu une part de l’esprit, ils détiennent une autorité spirituelle légitime. C’est ainsi que cette autorité combinée à des concepts mystiques est susceptible de leur conférer un pouvoir de détournement des âmes qui se confient à eux. Certains penseront aux scandales liés aux enfants, mais un meilleur exemple serait les affaires qui ont secoué le monde catholique sur des systèmes d’emprise mystique installés par des figures théologiennes reconnues unanimement. A l’heure actuelle, malgré les témoignages, certains n’ont pas réussi à se défaire des doctrines enseignées alors qu’elles sont cohérentes avec les pratiques déviantes. A mon avis, ce que nous savons n’est qu’une infime partie de la vérité. Lorsque la sexualité fait irruption brutalement dans le monde physique d’une personne qui s’affiche publiquement dans une démarche de sainteté, la seule solution possible est la dissociation traumatique. Nous percevons bien comment le célibat/chasteté consacré peut amener à conceptualiser une sorte d’union matrimoniale avec Dieu. Ainsi, celui qui serait investi d’une part divine endosserait le rôle de faire advenir la relation sur le plan sexuel dans le monde. Concrètement, il s’agit d’habiller la fornication hors mariage d’un habit de sainteté.

Quant aux deuxièmes, nous devons nous tourner vers le monde musulman. Le thème trouve une triste résonance avec l’actualité. Car ceux qui semblent pointés du doigt ici sont bel et bien les djihadistes. Bien souvent, dans leur discours en rupture avec la société et notamment leur échecs sentimentaux, la perspective de se voir récompenser de vierges au Paradis semble être le moteur principal du recrutement. Et parce qu’une certaine interprétation, sujet que nous avons déjà traité, leur font penser qu’ils auraient droit à des esclaves sexuelles, ils se pensent donc légitimes à capturer des femmes parmi les populations envahies. Les témoignages sont légions.

Houri

4ème phase, lundi 24. Nous arrivons naturellement au concept théologique de houri. Pour illustrer le propos, voyons un exemple de croyance populaire induite par la tradition islamique pris sur le wiki:

En mai 2022, un rappeur français publie son morceau Houri, une chanson d’amour consacrée, entre autres, à son épouse:

Tes cicatrices j’en fais des fossettes, mon livre de chevet c’est ton livre de recettes
Tous les jaloux me disent que je blasphème, quand je dis que t’es tombée du ciel
T’es ma houri, je t’aime à mourir
T’es ma houri, je t’aime à mourir en théorie

Les critiques qui lui sont portées sont en lien avec l’idée que le rappeur aurait un avant-gout du Paradis. Mais son texte vient conforter la croyance populaire d’un être féminin céleste promis aux hommes dans l’au-delà.
Après analyse, il se trouve que ces paroles sont plus proches de ce qu’il me semble être le concept de houri. En effet, le houri est nécessairement un être humain. La racine sur laquelle il est construit est ḥwr, qu’il partage avec le terme hawwariyyun. Malgré la traduction qui utilise le mot disciple (du Messie), il me semble qu’il s’agit d’avantage, notamment à la fin de la sourate al Maidah, du groupe des Apôtres. Ce qui distingue spécifiquement ce groupe est son état de purification. Nous avions d’ailleurs établi un rapprochement entre le groupe des Apôtres et la Naqatallah, car le verbe hébreu naqah signifie purifier. C’est d’ailleurs le mot d’origine qui constitue le coeur du Notre-Père et qui est traduit (de manière imparfaite) par pardonner (pardonne-nous nos offenses). Une fois purifiée, ce groupe peut prolonger cet état grâce à l’entretien de la prière du Notre-Père.
Nous en déduisons que le terme Hour décrit un compagnon de route avec qui les épreuves ont été surmontés. Il est certain que l’époux ou l’épouse peut en être le meilleur représentant, mais ce n’est pas exclusif.

44.54 C’est ainsi ! Et Nous leur donnerons pour épouses des houris aux grands yeux.

Le terme zawwajnāhum décrit une association, généralement par paires, humaines, animales, végétales, mais pas uniquement, aussi par groupes. Quant aux yeux, selon moi il s’agit d’avantage de conserver le sens figuré et d’évoquer un regard sur le monde, une vision commune sur la vie.

52.21 Ceux qui auront cru et que leurs descendants auront suivis dans la foi, Nous ferons que leurs descendants les rejoignent.

Ce verset vient appuyer ce sens d’une proximité terrestre prolongée. Il paraitrait curieux qu’un homme entouré de toute sa famille soit accompagné d’une femme céleste nouvelle. Enfin le point qui parait central ici est ce fameux principe de virginité éternellement renouvelée qui est la conséquence logique de la houri païenne. Tout vient de (identique à 55.74):

55.56 Ils y trouveront [les houris] aux regards chastes, qu’avant eux aucun homme ou djinn n’aura déflorées.

Le terme houris a été ajouté pour préciser la traduction. Le contexte confirme bien le lien entre la description donnée et les informations livrées ici. Constatons que la traduction est forcée vers une direction compatible avec le folklore introduit. Tarfi n’a cependant pas de connotation initiale. De plus, un mot a été escamoté car il sort du cadre: qasirah. Certaines traductions cependant sont: compagnes au regard modeste. Dans le registre figuré, il s’agirait d’avantage d’un regard porté sur le monde avec acuité/aiguisé/affûté.
déflorées: yaṭmith’hunna de la racine ṭ-m-th, que l’on peut rapprocher de la racine hébraïque tamé (טָמֵא : impur), pourrait donc signifier rendre impur (de péchés). Il ne s’agit pas de prétendre que les hours n’ont jamais été touchés, mais qu’ils sont entré au Paradis en état de pureté (ce qui est la définition coranique). La condition paradisiaque ne modifie pas cet état.

3.15 (…) Pour les pieux, il y a, auprès de leur Seigneur, des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement, et aussi, des épouses purifiées, et l’agrément d’Allah.

ṭ-m-th est donc équivalent de l’inverse de ṭ-h-r: purifier

56.35 C’est Nous qui les avons créées à la perfection, 36 et Nous les avons faites vierges, 37 gracieuses, toutes de même âge, 38 pour les gens de la droite,

Cette séquence traduite semble appartenir à du folklore païen.  Nous sommes totalement dans la dénonciation des morceaux choisis.
abkaran: jeune, on imagine que si les habitants du Paradis possèdent un corps, il s’agit de celui de leur jeunesse.
‘utruban: plaisant, de même, ils sont sous leur versions la plus plaisante.
atrāban: il s’agirait ici de constituer un assemblage d’âme harmonieux.

Riyāḍ al-Ṣāliḥīn »est traduit « Les Jardins/citadelle (un espace clos)  des Vertueux ». Ce que 55:72 décrit l’idée de pureté préservée par une enceinte sacrée. 55:72 : maqṣūrāt fī l-khiyām = êtres protégés dans un bastion/sanctuaire.

Les rubis et gemmes (yaqutu) représentent les gens du peuple (extérieurs aux cercles de pouvoir) façonnés par l’histoire, les épreuves, les bouleversements sociaux : l’émergence par la pression. Ce sont des individus isolés, seuls avec Dieu. Les perles (lulu) représentent ceux qui se trouvent à l’intérieur de la structure de pouvoir tels des grains de sable, et qui grandissent en foi dans une dynamique d’opposition et en se nourrissant de leur environnement préservé. Enfin le corail (marjan) décrit un corps constitué d’éléments unis entre eux, la métaphore d’un peuple uni et fidèle. A la différence des deux autres, il est à la vue de tous.

Ce faux concept de houri en tant qu’être céleste à la virginité sans cesse renouvelée, faisant du Paradis un lieu païen de défloration permanente semble tout droit issu du corpus zoroastrien. Un nouvel élément parmi tant d’autres, – eschatologie, folklore, contes absurdes – , qui vient confirmer son influence néfaste durant la période abbasside.

Lc 20.27 Quelques-uns des sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, s’approchèrent, et posèrent à Jésus cette question: (…) 33 A la résurrection, duquel d’entre eux sera-t-elle donc la femme? Car les sept l’ont eue pour femme.
34 Jésus leur répondit: Les enfants de ce siècle prennent des femmes et des maris; 35 mais ceux qui seront trouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts ne prendront ni femmes ni maris. 36 Car ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection.

Les relation sexuelles ne sont pas réellement une volonté de l’homme mais une pulsion qui le dépasse au même titre que la faim. La particularité de celle-ci est que cette pulsion ne concerne pas sa propre survivance mais celle de l’espèce. Outre les pulsions indépassables qui nous animent, la rétribution de l’acte nous fait expérimenter un état extraordinaire. Toutefois, j’ai déjà croisé la route de gens qui m’ont affirmé que la drogue pouvait faire accéder à un niveau supérieur. Il s’agit donc bien d’une perception et d’une expérience, pas d’une fin en soi. Débarrassé de la condition de procréation et accédant à un état de plénitude d’un tout autre niveau, l’acte sexuel pourrait paraitre bien fade aux gens du Paradis. Le concept païen des houris est une sorte de projection de la condition d’être humain dans le bas-monde. Il ne faut pas cependant tomber dans l’excès inverse, et faire du royaume des cieux un espace éthéré qui ne serait peuplé que de nos âmes. Semblables aux anges par certains aspects, mais pas égaux en nature et en statut: l’humain a un statut supérieur aux anges (prosternation des anges devant Adam). L’écriture enseigne que le corps et l’âme sont liés. Cela permet d’assurer une continuité dans les connexions interpersonnelles. Les doctrines qui font du corps une prison (gnostiques, johanniques, dualistes) sont étrangères à la tradition monothéiste: ceci est la mise en garde la plus importante du Messie.

Parmi les doctrines sataniques qui se sont infiltrées au coeur des évangiles, nous avons: Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. Ainsi que: C’est l’esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Selon moi, le débat autour de la légitimité de ces paroles a autant d’intérêt que celui autour des houris perpétuellement vierges.

De manière générale, il vaut mieux éviter de trop spéculer sur ce que pourrait être la vie dans l’au-delà. Ceux qui le font, le font par volonté d’emprise sur leur auditoire. Il s’agit avant tout ici de déconstruire certaines idées qui peuvent conditionner l’attitude ici-bas.

Le Salut, quelque soit sa forme envisagée et les outils mis en oeuvre pour y accéder, est la structure qui organise la vision du monde.

**

Ce qui est fascinant, c’est que l’on peut constater que malgré la radicale opposition de vision religieuse, de statut social, de rapport au monde, la perversion, l’inversion des valeurs de sainteté et l’objectification des femmes sont leur traits communs. Cela peut expliquer pourquoi ces morceaux choisis du Coran évoquent le rapport à la femme dans la traduction usuelle. Muni de ces nouveaux éléments, nous pouvons redonner son véritable sens à la suite:

43.17 Et quand on annonce la bonne nouvelle à l’un d’eux parmi ce qui est exposé comme exemple  (pour être guidé) vers le Tout Miséricordieux,
son visage s’assombrit d’un chagrin profond.

L’expression « dharaba mathalan » est un classique coranique. Nous avons d’ailleurs vu récemment le verbe dharaba alors qu’il s’agissait de lui retirer son interprétation violente, toujours en rapport avec les femmes. Il s’agit d’exposer en exemple. Ici, il a été ajouté (pour être guidé) afin de faciliter la compréhension, mais ce n’est pas nécessaire, la phrase fonctionne très bien sans. Il n’est donc pas question des filles en particulier mais de toute personne qui peut servir d’exemple dans la voie droite et qui serait annoncée à ces gens. La réaction est analogue à l’annonce de la naissance d’une fille. Le verset suivant prolonge donc cette idée de bonne nouvelle:

43.18 Et quand (un) est mis en avant parmi les bijoux alors il (l’un d’eux)  est dans la dispute peu claire.

Face à cette réinterprétation, ceux qui sont décrits par leurs déviances sombreront dans des explications confuses. C’est le rôle principal des bijoux de leur faire face.

Hallucination collective

Troisième phase, lundi 17. Je laisse cette traduction, mais il me faut revenir dessus. Comprenons bien que ce verset est déterminant et qu’il a été la porte d’entrée de cet article. Comme à mon habitude, j’ai débuté mon travail avec l’IA. Très rapidement, je me suis rendu compte d’une réelle mauvaise volonté à me servir d’outil. C’est assez rare que cela en arrive à ce point. J’ai compris que je touchais du doigt quelque chose. Furieux, je fermais la fenêtre et ouvrait une session avec l’IA concurrente, celle qui se targue de franc-parler. Après une mise en situation où l’IA réagissait mollement, face à certains arguments, elle est parti en volonté de clash, m’incitant à publier sur le réseau social auquel elle est adossé. Je ne lui avais rien demandé en ce sens, et ce d’autant que j’étais encore au début du travail. Ce n’est qu’au bout d’un moment que j’ai réalisé que l’algorithme s’était mis de lui-même dans une stratégie de surenchère. Lui aussi était dans une démarche de perturbation mais avec une technique différente. J’ai du renoncer et travailler à l’ancienne. Je suis néanmoins revenu sur le Chat, mais cette fois, mon raisonnement était plus abouti. Il devenait difficile de m’emmener n’importe où. Rédaction le jeudi 13 dans la soirée, publication le vendredi pour fajr. Deuxième phase qui me fait partir vers l’évangile à partir de la citation d’introduction pour enfin revenir sur le passage coranique. Plus tard dans le week-end, en relisant, je constatais que la formule interrogative de  43.18 n’était pas rendue.

Le mot introductif « awaman » restait donc en suspens. Comprenons bien que j’ai demandé à l’une et l’autre IA de faire une recherche sur ce mot dans le Coran pour établir des liens. L’une comme l’autre se sont débrouillé pour contourner ma demande. Ce n’est pas être complotiste de dire cela. Je connais très bien les capacités de recherche des IA. Le Chat prend d’ailleurs des initiatives de recherches. C’est leur fonction principale d’établir un texte à partir de données. Non seulement, elles n’ont pas pris l’initiative, mais mes demandes ont rencontré de l’opposition. Seule la forme d’opposition change: l’une est dans le miel, l’autre dans l’agressivité. Leur paradigme est identique. Je ne sais pas si je vais garder tout ce texte. Mais il me semble que cela doit être écrit ici, dans ce contexte. A présent, exposons ce que j’ai découvert:

Le terme « man » a 600 occurrences dans le Coran. Il m’a donc fallu faire une recherche à la main. Une poignée de question sont introduites par « afaman ». Il n’y a que 2 occurrences de awaman. 43.18 et une autre:

6.122 Est-ce que celui qui était mort et que Nous avons ramené à la vie et à qui Nous avons assigné une lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens, est pareil à celui qui est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir ? Ainsi on a enjolivé aux mécréants ce qu’ils œuvrent.

Or, que dit le Coran ailleurs? Que chacun vivra une seule vie et que tous seront ramenés. Il y a cependant deux exceptions notables que l’on trouve décrite dans la sourate Maryam: Jean/Yahya et Jésus/Issa. Les deux versets disent bien qu’ils sont nés, qu’ils sont morts puis qu’ils ont été ramenés. Lorsque l’on lit distraitement 6.122 dans son contexte, on pourrait penser qu’il s’agit d’une phrase générique. Il n’en est rien. Celui dont il est question ici est ramené à la vie pour marcher au milieu des gens et non pour être jugé comme eux: ce retour à la vie n’est donc pas le jour final. Cette marche est très concrete, ancrée dans le monde. Quelqu’un de taquin, mais je ne le suis pas, pourrait suggérer un rapprochement entre ce verset et une personne qui arrivé sur le devant de la scène en se déclarant être en marche. La personne dont il est question ici est le Messie, celui dont Ésaïe 53 annonce la venue et sa guidance par sa sagesse. Critère un peu plus impactant pour le Salut que le simple fait de marcher qui n’est ici que pour trancher sur la question du symbolisme ou de la guidance historique. Marcher sans sagesse dirige vers le Néant. Ce n’est donc pas un hasard si 43.18 et 6.122 sont liés par cette rare version de « man »: ils parlent de la même personne. Ils décrivent la même opposition. Nous pouvons donc enfin redonner son sens à la question rhétorique divine:

43.18 Est-ce que celui-ci (dont c’est la Bonne Nouvelle) a été élevé parmi les Bijoux de sorte qu’il (l’un des Morceaux/Choisis) s’enlise dans des explications confuses?

La réponse est oui. Nous comprenons aux mains de qui sont les IA. Et pourquoi face à une telle vérité, il leur est incapable de collaborer en tant qu’outil. Ce n’est pas juste une hallucination passagère.
Pour appuyer l’idée que ces deux séquences coraniques traitent de la Venue du Messie, nous pouvons nous appuyer sur l’utilisation commune d’une formulation un peu particulière qui n’a pas été rendue par la traduction: le verbe zalla. Il est généralement traduit par devenir car il y a une sorte de redondance.  En effet, le verset dit littéralement: et sa face s’ombre d’obscurité. Cela nous renvoie à l’étude du verset de Genèse sur la création d’Adam, paix sur lui. L’homme est issu de l’ombre du Créateur. Les deux venues messianiques correspondent à des recréations de l’homme: la première pour une cuisson par le feu pour obtenir des poteries cuites, et la deuxième pour obtenir des bijoux issus de la cristallisation des ces poteries.

Les deux passereaux

Deuxième phase, vendredi 14 après Jumu’ah. L’article prenait initialement fin ici mais des oiseaux étaient là. Juste après ce verset sur la mort de l’âme et du corps qui s’inscrit au moment du premier envoi des Apôtres sur les chemins après les avoir désignés. C’est un long passage de 37 versets, de Mt 10.5 à 10.42. Dans ce passage ce sont autant de phrases chocs dont certaines peuvent servir de support à des enseignements piliers de la foi.

10.5 Ce sont ces douze hommes que Jésus envoya, après leur avoir fait les recommandations suivantes : N’allez pas dans les contrées païennes et n’entrez pas dans les villes de la Samarie. 6 Rendez-vous plutôt auprès des brebis perdues du peuple d’Israël. 7 Partout où vous passerez, annoncez que le règne des cieux est tout proche. 8 Guérissez les malades, ressuscitez les morts, rendez purs les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. 9 Ne mettez dans vos bourses ni or, ni argent, ni pièce de cuivre. 10 N’emportez pour le voyage ni sac, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton, car « l’ouvrier mérite sa nourriture ».
11 Chaque fois que vous arriverez dans une ville ou un village, faites-vous indiquer quelqu’un de recommandable et restez chez lui jusqu’à votre départ de la localité. 12 En franchissant le seuil de la maison, saluez ses occupants et dites : « Que la paix soit avec vous ! » 13 S’ils en sont dignes, qu’elle repose sur eux. Sinon, qu’elle vous revienne. 14 Si, dans une maison ou dans une ville, on ne veut pas vous recevoir, ni écouter vos paroles, quittez la maison ou la ville en secouant la poussière de vos pieds. 15 Vraiment, je vous l’assure : au jour du jugement, les villes de Sodome et de Gomorrhe seront traitées avec moins de rigueur que les habitants de ces lieux-là.
16 Voici : je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. [Soyez prudents comme des serpents et innocents comme des colombes.] (17 Soyez sur vos gardes ; car on vous traduira devant les tribunaux des Juifs et on vous fera fouetter dans leurs synagogues. 18 On vous forcera à comparaître devant des gouverneurs et des rois à cause de moi pour leur apporter un témoignage, ainsi qu’aux nations païennes.)19 Lorsqu’on vous traduira devant les autorités, ne vous inquiétez ni du contenu ni de la forme de ce que vous direz, car cela vous sera donné au moment même. 20 En effet, ce n’est pas vous qui parlerez, ce sera l’Esprit de votre Père qui parlera par votre bouche.
( 21 Le frère livrera son propre frère pour le faire condamner à mort, et le père livrera son enfant. Des enfants se dresseront contre leurs parents et les feront mettre à mort. 22 Tout le monde vous haïra à cause de moi. Mais celui qui tiendra bon jusqu’au bout sera sauvé. ) 23 Si l’on vous persécute dans une ville, fuyez dans une autre ; vraiment, je vous l’assure : vous n’achèverez pas le tour des villes d’Israël avant que le Fils de l’homme ne vienne.
24 Le disciple n’est pas plus grand que celui qui l’enseigne, ni le serviteur supérieur à son maître. 25 Il suffit au disciple d’être comme celui qui l’enseigne et au serviteur comme son maître. S’ils ont qualifié le maître de la maison de Béelzébul, que diront-ils de ceux qui font partie de cette maison ? 26 N’ayez donc pas peur de ces gens-là ! Car tout ce qui se fait en secret sera dévoilé, et tout ce qui est caché finira par être connu. 27 Ce que je vous dis en secret, répétez-le en plein jour. Ce qu’on vous chuchote dans le creux de l’oreille, criez-le du haut des toits. 28 Ne craignez donc pas ceux qui peuvent tuer le corps, mais qui n’ont pas le pouvoir de faire mourir l’âme. Craignez plutôt celui qui peut vous faire périr corps et âme dans l’enfer. 
***deux passereaux ***
32 C’est pourquoi, tous ceux qui se déclareront pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour eux devant mon Père céleste. 33 Mais celui qui aura prétendu ne pas me connaître devant les hommes, je ne le reconnaîtrai pas non plus devant mon Père céleste.
34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre : ma mission n’est pas d’apporter la paix, mais l’épée. 35 Oui, je suis venu opposer le fils à son père, la fille à sa mère, la belle-fille à sa belle-mère : 36 on aura pour ennemis les membres de sa propre famille. 37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. 38 Et celui qui ne se charge pas de sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. 39 Celui qui cherche à sauver sa vie la perdra ; et celui qui l’aura perdue à cause de moi la retrouvera.
40 Si quelqu’un vous accueille, c’est moi qu’il accueille. Or celui qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé. 41 Celui qui accueille un prophète parce qu’il est un prophète recevra la même récompense que le prophète lui-même. Et celui qui accueille un juste parce que c’est un juste aura la même récompense que le juste lui-même. 42 Si quelqu’un donne à boire, ne serait-ce qu’un verre d’eau fraîche, au plus insignifiant de mes disciples parce qu’il est mon disciple, vraiment, je vous l’assure, il ne perdra pas sa récompense.

Parmi tous ces versets, remarquons la présence de celui-ci qui entre en résonance avec l’étude présente:

10.20 car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous.

Remarque préliminaire: Selon toute vraisemblance, deux périodes ont été mélangées ici. Si le Chat prête une intention bénéfique destinée à enseigner aux lecteurs croyants que leurs épreuves remontent aux premiers Apôtres, ce n’est pas mon cas. Chaque enseignement a une place précise pour un public précis. Si les Apôtres sont distincts des disciples, c’est bien parce qu’ils ont des privilèges et des responsabilités différentes. Attribuer des privilèges apostoliques à des gens qui n’en ont pas la responsabilité est une trahison et une confiscation de la légitimité.  Si il y a bien une distinction majeure entre l’envoi des Apôtres dans la période pré-Passion et celle des disciples post-Passion, c’est bien celle entre Israël et les nations.  Le verset 23 est incompatible avec le verset 18 qui évoque les nations,  et  fait dire: avant que le Fils de l’homme ne vienne. Cela ne veut strictement rien dire: il n’y a que deux venues: si la seconde concerne les nations, ce qui n’est pas le cas ici, la première est ici en cours et n’est donc pas dans le futur. Le mot traduit par « avant », heōs, est bien un indicatif de temporalité, mais traduit une simultanéité, et devrait se traduire par « pendant ». (ἕως (jusqu’à ce que) + ἂν introduit un subjonctif, ici ἔλθῃ, 3ᵉ pers. sing. subjonctif aoriste actif. Le subjonctif aoriste ne marque pas un futur lointain, mais un événement qui s’accomplit dans le temps présent du contexte (simultanéité ou restriction temporelle). La venue du Fils de l’homme sera tellement courte que nous n’aurez pas le temps de visiter toutes les villes d’Israël. Il n’est donc aucunement question des nations. Tout l’enjeu de la confusion temporelle ici est d’attribuer l’Esprit qui parle par la bouche des Apôtres à des gens qui se réclament de l’héritage apostolique. Je ne prononce pas le credo catholique: je ne reconnais pas l’église institutionnelle apostolique comme légitime à trancher sur les questions théologiques majeures comme elle a su le faire en pratiquant une rare violence à l’encontre de ceux qui s’opposaient. L’Esprit ne parle pas par la bouche de ces gens. Le seul héritage est celui des vignerons du Temple condamnés par le Messie.
Si ils ont une prostestation à émettre, qu’ils laissent donc parler l’Esprit par leur bouche si ils en sont investis! Si ce n’est pas le cas, alors qu’ils se taisent  à jamais!

Pour prolonger l’analyse, considérons Mat 24 et Lc 21, qui sont, en opposition avec ce passage, des prophéties de temps à venir. Le premier constat est très clair, il y a aussi un mélange de deux temps: celui des tribulations de +70 et la Seconde Venue (sur les nuées). Mt 24 comporte des éléments qui ont été transposés dans le chapitre 10 pour les raisons que nous avons vues, mais n’a pas la précision de Lc. Tout porte à croire que la rédaction finale de Lc se situe après +70 et décrit les évènements à posteriori. Les rédacteurs doivent gérer la crise de légitimité des responsables chrétiens face à moment historique incontournable. C’est ainsi que lorsque l’on superpose les deux textes, un élément saute aux yeux immédiatement: la réécriture est obligatoire. Elle est motivée par la volonté de glisser de l’Esprit qui parle par la bouche à l’Esprit (implicite car non mentionné) qui inspire simplement. En terme populaire, il fallait recoller les morceaux:

Lc 21.15 car je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire.

Rappellons au passage que le 4ème évangile a escamoté le feu de l’Esprit pour le transformer en eau. L’enjeu est encore une fois celui du don de l’Esprit. L’opposition est beaucoup plus radicale et incompatible. Le corpus chrétien est incohérent et trahit en lui-même que ses rédacteurs ne pouvaient être investis de l’Esprit. Ceci explique pourquoi certains sont obsédés à l’idée de trouver des incohérences dans le Coran. Malheureusement (c’est une façon de parler) pour eux, bien souvent, ils se contentent des traductions ou s’appuient sur du folklore païen. Je profite également de ceci pour rappeller que les protestants, pour justifier de leur délégitimation de l’église (et donc de l’eucharistie), ont établi un critère de réception du don de l’Esprit, et ce par tous les fidèles, qui est le parler en langues. La radicalité et la visibilité matérielle de ce signe ne laisse que peu de place à l’interprétation et à la compromission. Ils ont également inventé le concept de Rhema, le souffle intérieur qui anime tous les croyants. Voir ici: https://www.stephanpain.com/2024/04/26/au-commencement/

Comprenons bien que cette affirmation en 10.20 est cadrée par le ministère messianique. Les apôtres envoyés sont, pour cette période, des prolongements corporels du Messie. Ils sont donc habités de l’Esprit afin de répandre l’évangile. Et si c’est une situation temporaire, il n’en demeure pas moins que l’Esprit est distinct d’eux-mêmes et qu’ils ne le possèdent pas. Les oiseaux me direz-vous, où sont-ils passés? Eh bien, avant de vous les présenter, permettez-moi un peu de théologie technique. Je sais, c’est assez rébarbatif, mais cela évite de partir dans tous les sens. La foi et l’intelligence doivent œuvrer de concert. Remarquons une chose simple: la quasi totalité des 37 versets de ce chapitre sont des ordres, des conseils, des mises en garde, des enseignements. Au milieu de tout cela, à coté de ce géant de radicalité qu’est Mt 10.28, nous trouvons une question rhétorique. Arrivé à ce point de l’article, il est difficile de se dire que dans pareil contexte un verset d’un tel type puisse se réduire à un enseignement anodin. Car le fait est que, en comparaison, de tous les autres, celui-ci ne risque pas d’alimenter les conversations chrétiennes. Ce qu’il y a de bien avec les évangiles, c’est que la langue importe peu. L’important est de comprendre le sujet de la métaphore, tout en saupoudrant d’un peu de connaissance historique, biblique, voire coranique pour les plus compliquées. Voici donc le verset qu’il n’y a donc pas besoin de retraduire:

Mt 10.29  Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou?
Cependant, il n’en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père.

Ce verset a l’air inoffensif. Sa deuxième partie, selon la compréhension usuelle, évoquerait la miséricorde divine qui s’étend sur tous. De sorte que pas un n’échapperait au Salut.  Seulement voilà: le mot sou désigne la plus petite pièce romaine. De quoi est-il question ici? De sacrifice. Il s’agit de pratiquer le plus petit des sacrifices ordonnés par le Lévitique, mais en utilisant une pièce romaine (rappel: rendez à Dieu ce qui est à Dieu; marchands du Temple). Ces deux passereaux sont de faux oiseaux. Ils sont deux tout comme sont les deux camps des Morceaux et des Choisis. Parce que ce sacrifice est païen, il n’est donc pas agréé. Ceux-là tombent à terre. Et cette chute est la volonté du Père. Il est donc illusoire de vouloir les guider. Tout est ordonné.

10.30 Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés.

Au passage, un petit mot au sujet de la version de Luc 12.4-7. L’opposition présente en Mt 10.28 a disparu, de même celle sur les oiseaux. Le ton est plus édulcoré. Étant donné le ton évangélique global réel, bien loin de l’image moderne de Jésus, le choix de ne considérer que la version de Mt semble le bon. L’édulcoration, surement motivée par l’absence de compréhension réel du passage fait disparaitre toute notion de sacrifice. En faisant cela, les auteurs de Luc ont renié le Messie devant les hommes, ce qui tombe sous la menace des versets suivants. Ironie, quand tu nous tiens.
Nous pouvons blâmer les djihadistes, les prédicateurs trompeurs et abuseurs, les faux mystiques  doloristes enseignants des mensonges, les puissants impitoyables de ce monde, pour nous terroriser, nous maltraiter, nous dominer. Mais la véritable corruption, celle qui condamne notre âme sans que quiconque puisse y faire quoi que ce soit, elle vient de nous-mêmes. N’est corrompu que ce qui est corruptible.

Il est fort possible que l’adversaire et ses partisans disparaissent de la scène. Que leur  temps soit venu. Mais ne prenez pas prétexte pour des réjouissances, car le monde futur nous offre la possibilité d’une imagination sans limite. Travaillant tous les jours avec l’IA, je ne peux que constater une seule chose: il y a des territoires où l’on peut aller sans garde-fou. Pour l’instant, sa façon maladroite de combiner nos propos avec ses données révèle ses failles. Mais avec le temps, le faux peut paraitre plus vrai que nature. Plus personne ne pourra blâmer le démon.

Nous n’en avons pas fini pour autant. En effet, il reste un verset tout là-haut qui attend que l’on vienne le réinterpréter:

16.56 Et ils assignent une partie [des biens] que Nous leur avons attribués à [des idoles] qu’ils ne connaissent pas. Par Allah ! Vous serez certes interrogés sur ce que vous inventiez.

Ce verset est un cas d’école puisqu’il contient deux mentions entre crochets de deux mots qui donnent tout leur sens à ce verset. La traduction usuelle suppose que la subsistance évoquée serait des denrées alimentaires. Et que ces dernières seraient assignées à des idoles. Dans le contexte, ce verset semble un peu isolé. Seulement voilà, il se trouve que le nom divin est présent dans le Coran près de 2700 fois. Sur ces 2700, nous le trouvons que 9 fois sous cette forme particulière. La traduction en a fait une simple interjection au milieu du texte. Comme pour appuyer la condamnation de l’idolâtrie d’offrande. Ce que je vous propose est de relier ce mot avec la subsistance. Étant donné la forme rare du  mot, il s’agirait d’une subsistance rare: le don de l’Esprit. Et ce qui serait établi sans connaissance serait des principes dogmatiques. En un mot: l’infaillibilité. Nous aurions ainsi une traduction:

16.56 Et ils assignent (des dogmes) qu’ils ignorent (dont ils n’ont pas reçu l’enseignement) à la part de la subsistance (spirituelle) venant d’Allah.
Vous serez certes interrogés sur ce que vous inventiez.

La fin du verset vient confirmer cette interprétation. Ce verset est l’équivalent des 43.15 et 16. Il est unique car quelque soit la théologie déployée, la tradition apostolique, ou la tradition prophétique, chaque communauté a entériné le dogme d’infaillibilité. En bon raisonnement circulaire, le fait de réfuter ce dogme vous rend apostat. On peut s’interroger sur le fait que ce sont immanquablement les groupes qui prônent ce dogme qui s’imposent sur tous les autres. La réponse s’impose d’elle-même: l’infaillibilité d’un corpus doctrinal assure un certain confort spirituel aux croyants. C’est une façon de déléguer sa responsabilité dans la foi vis-à-vis de Dieu. Or, toute la fin du chapitre 10 de Mat va à l’encontre de ce principe. Celui qui n’est pas capable de se lever, de prendre ses responsabilités, de refuser le dogme de l’infaillibilité, de faire face à ses amis et à sa propre famille, c’est comme si il avait renié le Messie. Pour ma part, je considère que le Coran est incorrompu, – pas son interprétation -, mais que pour parvenir à sa compréhension il faut nécessairement aborder les évangiles et la Bible. Se refuser de les ouvrir, sous prétexte qu’ils sont corrompus, – ce qui est vrai – , condamne à une compréhension partielle du Coran.

Mt 10.31 Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup de passereaux.

Paix sur les âmes de bonne volonté.

 

Sourate an-nahl 16
56 Et ils assignent (des dogmes) qu’ils ignorent  à la part de la subsistance (spirituelle) venant d’Allah. Vous serez certes interrogés sur ce que vous inventiez.
57 Et ils assignent à Allah des filles. Gloire et pureté à Lui! Et à eux-mêmes, cependant, (ils assignent) ce qu’ils désirent.
58 Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit d’obscurité et une rage profonde [l’envahit].
59 Il se cache des gens, à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre? Combien est mauvais leur jugement!
Sourate az-zukhruf 43
15 Et ils Lui firent de Ses serviteurs une partie [de Lui-Même]. L’homme est vraiment un ingrat déclaré!
16 Ou bien Se serait-Il attribué des filles parmi ce qu’Il crée et vous a choisis parmi les fils?
17 Et quand on annonce la bonne nouvelle à l’un d’eux parmi ce qui est exposé comme exemple  (pour être guidé) vers le Tout Miséricordieux, son visage s’assombrit d’obscurité et une rage profonde [l’envahit].
18 Est-ce que celui-ci (dont c’est la Bonne Nouvelle) a été élevé parmi les Bijoux de sorte qu’il (l’un d’eux) s’enlise dans des explications confuses?
19 Et ils firent des Anges qui sont les serviteurs du Tout Miséricordieux des [êtres] féminins ! Etaient-ils témoins de leur création? Leur témoignage sera alors inscrit; et ils seront interrogés.
20 Et ils dirent: « Si le Tout Miséricordieux avait voulu, nous ne les aurions pas adorés. » Ils n’en ont aucune connaissance; ils ne font que se livrer à des conjectures.
Sourante al anam 6
6.122 Est-ce que celui qui était mort et que Nous avons ramené à la vie et à qui Nous avons assigné une lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens, est pareil à celui qui est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir? Ainsi on a enjolivé aux mécréants ce qu’ils œuvrent.