vendredi 29 mars 2024

Réforme

Avis: cet article est à replacer dans le contexte de ma compréhension de 2015.

 

Le mot réforme évoque naturellement le protestantisme dans la religion chrétienne. Pourtant l’Islam a connu lui aussi un mouvement de réforme depuis les 200 dernières années. Cette réforme là est beaucoup plus insidieuse et n’a pas provoqué, apparemment, de scission physique. Toutefois, le fait que des mosquées communautaristes soient érigés parfois à de très courtes distances, trahit cette scission. Le plus symptomatique, ce sont les mosquées turques. Quand on constate les difficultés et l’argent nécessaire pour une construction, on est en droit de s’étonner que plusieurs projets soient lancés simultanément, là où la démographie et le niveau social ne le justifient pas pleinement. Vaste sujet, que je ne vais pas développer mais qu’il convient de prendre en compte dans le sujet qui nous préoccupe dans cet article

 

Je serais tenté de dire que pour comprendre la nature et les erreurs des réformes du christianisme et de l’Islam, il convient de se placer du point de vue opposé. Quoi de mieux que la prise de recul et l’analogie? Commençons donc par le plus facile: la réforme protestante. Il est clair que la réforme protestante, si elle correspondait à un mouvement critique initial, a été largement surexploitée à des fins politiques. Ce n’est que grâce à une lutte de pouvoir intense entre deux entités économiques en Europe, que les idées de Luther ont pu avoir un si grand succès. Nous savons bien qu’en réalité, la majorité des gens ne s’intéressent pas vraiment à la théologie et sont bien en peine de réaliser pleinement toute l’escroquerie du haut clergé. La réforme a prétendu revenir au texte. Elle s’est attaqué au culte des saints, aux indulgences et à toutes ces dérives instituées par le pouvoir maçonnique qui s’était emparé progressivement du message christique jusqu’à le posséder complétement à partir du 4 ème siècle.En théorie, cette volonté de revenir aux sources aurait du mener les croyants vers la vérité. Nous savons qu’il n’en est rien, et ce, pour une raison bien simple: une réforme profonde n’est valide que si elle est déclenchée par la venue d’un prophète. En effet, seul un prophète guidé par Dieu est apte à trier le bon du mauvais ou à créer une perturbation qui révèle les hypocrites. Le dernier prophète réformateur en date est Jésus. Il était chargé de réformer le culte des enfants d’Israël en profondeur. Prétendre mener une réforme ensuite ne peut mener que vers encore plus d’égarement. Car si effectivement, la réforme protestante a nettoyé le culte chrétien d’une grande partie de son polythéisme, elle ne s’est jamais attaqué à la source. Tout simple croyant musulman peut percevoir cela et constater que la réforme n’a jamais remis en cause la divinité de Jésus, ni la trinité. Non seulement cela, mais le protestantisme a introduit de nouvelles dérives notamment en matière d’usure et de perméabilité à la pensée libérale décomplexée. Parce que la France était resté hostile à ces idées, le pouvoir maçonnique n’avait donc pas d’autre choix que la destruction frontale du régime établi. Il est évident que dans la tête d’un grand nombre de catholiques actuels, la chute de l’ancien régime est un peu comme une « mort » de Dieu. Mais Dieu n’aime pas les associés. Il était impossible que le culte catholique demeure. Cette chute apparente fait parti d’un plan sans faille où l’ennemi héréditaire, parce qu’il pense avoir parti gagné, commet des erreurs par péché d’orgueil. Nous savons tous qu’un empire n’est jamais aussi flamboyant qu’à l’instant précédent sa perte.

Pour celui qui a la foi, pour celui qui fait le bien, il n’y a jamais lieu de s’inquiéter.

Tournons-nous maintenant vers l’Islam et essayons de l’analyser avec un oeil chrétien. Les motivations de la réforme islamique sont exactement les mêmes: lutte contre le culte des saints, contre l’idolâtrie, etc etc… Force est de reconnaitre que tout comme les protestants, les réformistes musulmans ont mené un grand travail pour nettoyer l’Islam traditionnel et redonner un souffle philosophique nouveau à la religion. Mais hélas, même motif, même punition. Parce que la réforme n’était pas mené par un prophète, celle-ci est passé à coté de l’essentiel: la place de Muhammad. Bien sur, les musulmans vous soutiendront bec et ongles qu’ils n’ont pas divinisé le prophète. Que le shirk est le pire péché. Et pourtant. Un oeil extérieur perçoit assez vite l’ampleur du désastre. S’ils ne l’ont pas divinisé, les musulmans ont fait de Muhammad un homme tellement parfait, exempt de défaut, à imiter dans tous les aspects de la vie, qu’ils en ont fait un législateur à part entière aux cotés de Dieu. La fameuse sunnah. Ne croyez-pas que les chiites ne soient pas tombé dans le piège aussi. Il ne s’agit que d’une version alternative.

N’importe quel chrétien qui a compris les enjeux et les forces en présence dans les Évangiles, reconnait immédiatement dans les musulmans de toutes confessions, la version moderne des pharisiens. Et il saura se prémunir de cette dérive de la religion.

Hélas, le chrétien, s’il poussait un peu plus loin la réflexion, réaliserait que son propre clergé ressemble étrangement, quant à lui, aux grands-prêtres du Temple de Jérusalem. Des pailles, des poutres et des yeux. Éternelle rengaine.

Le tour de force du Shaytan est d’avoir mis dans les têtes de millions de musulmans à travers les âges, qu’il était essentiel de « prier » sur le prophète pour obtenir son intercession le jour du jugement. Et parce que Dieu aime son prophète, alors « prier » sur ce dernier, rapprocherait d’Allah. Si ce n’était pas aussi triste, cela en serait risible tellement le piège est grossier. Et voilà tous nos bons musulmans qui traitent tous les chrétiens de kafir, alors que eux-mêmes s’en donnent à coeur joie dans le domaine. Que voulez-vous, quand une communauté pense qu’elle est seule à détenir la vérité et qu’elle cesse de rechercher l’humilité, voilà son destin. Il n’y a pas lieu ni de s’en réjouir, ni de le déplorer.

Au final, chacun pourra le constater, les deux grandes religions sont sur le même pied d’égalité. Chacun ne devra son salut que grâce à la miséricorde d’Allah.

Ils se maudiront d’avoir tant perdu de temps à débattre sur les ablutions.

 

Tout mouvement à l’intérieur d’une religion possède son équivalent dans l’autre. Ainsi, le mouvement réformiste évangélique, qui est une version alternative basée sur le prosélytisme actif, s’apparente au mouvement tabligh. L’un est apparu dans l’expansion de la réforme chrétienne vers l’ouest, tandis que l’autre est né de l’expansion de la réforme islamique vers l’est. La nature de l’homme est partout la même sur la surface de cette terre. Et dire que certains parviennent encore à hiérarchiser les races.

Des peuples élus, il y en a autant que de peuples…

Ah oui, mais au fait, je n’ai pas parlé de judaïsme. En effet. Le judaïsme? Qu’est-ce donc que cela?

 

J’espère avoir clair et concis. Il n’y a pas lieu en vérité d’écrire un roman et de tout vouloir décortiquer. Une simple prise de recul, de l’humilité et on réalise pleinement la situation. Le message des Évangiles n’a pas pris une ride. Aimez le Dieu unique et faites le bien. C’est tout.

 

Quand on passe un examen, on a pas le droit d’avoir ses cours. Une feuille et un stylo.

Bienvenue parmi nous.

 

 

Note

Pour se justifier de « prier » (sallallah) sur le prophète, ce verset est cité hors contexte:

33.56 Certes, Allah et Ses Anges « prient » sur le Prophète; ô vous qui croyez « priez » sur lui et adressez [lui] vos salutations.

 

Or, la sourate 33 est une sourate qui s’adresse directement à Muhammad dans son comportement avec ses femmes, ainsi qu’à ses dernières spécifiquement. Même si Allah précise que les enseignements demeurent valables, il est évident que certains sont caduques à la mort des protagonistes.

Si nous remontons quelques versets plus haut, voici ce que Dieu dit:

33.43 C’est Lui qui « prie » (yusallee) sur vous, – ainsi que Ses Anges -, afin qu’Il vous fasse sortir des ténèbres à la lumière; et Il est Miséricordieux envers les croyants.

L’action de « prier » préconisée au croyant, Dieu et ses anges la font aussi. Et la condition sine qua non pour sortir quelqu’un des ténèbres est qu’il soit vivant. Une fois que la personne est morte, son destin est scellé. Il est défendu d’invoquer en faveur d’un mort.

L’action de « prier » n’était valable que pour ceux qui ont côtoyé Muhammad, afin de le supporter dans sa mission. Une fois mort, cette prescription n’est plus valide. Par contre, les croyants se doivent de placer le salam sur lui exactement de la même manière qu’ils le feraient pour n’importe quel prophète. Dieu lui-même, passe la paix sur Ses prophètes dans le Coran. De plus, aucune distinction ne doit être faite entre les messagers, il est donc logique de prononcer alayhi salam après la mention de Muhammad et non sallallah alayhi wa salam ou autre chose. Muhammad n’a plus besoin d’aller vers la lumière, son destin est scellé et sa mission terminée.

Actuellement « prier » sur sa descendance, les ahl al bayt, est un bienfait. Ainsi que sur toute personne sur qui vous voulez que les bénédictions de Dieu soient.

 

Khalifa

Pour finir, il est important de remarquer que cette sourate insiste sur les liens du sang, sur le fait que Muhammad n’a pas eu de fils et que ses femmes sont les mères des croyants.

La seule et unique conclusion qui s’impose naturellement: la personne qui détiendrait la légitimité du pouvoir religieux à la suite de Muhammad ne serait  pas élu  »démocratiquement » par un groupe (khalifa sunnite), ni choisie parmi ses descendants garçons (khalifa chiite)

mais devrait  faire parti de ses descendantes FILLES. 

Si cela vous semble inenvisageable, cela signifie surement que le khalifa n’existe pas.