jeudi 18 avril 2024

Jésus est Dieu

mercredi 30 novembre 2016 71 lectures

A l’automne 2012, j’avais débuté deux parcours Alpha en simultané sur le conseil d’Erik donné plusieurs mois plus tôt. Ces deux parcours étaient très différents. Le midi, je me rendais dans l’église sur le parvis de la Défense entouré de cadres en costumes et en pause déjeuner. Le soir, c’était dans la paroisse de Marly à l’ambiance familiale et à la moyenne d’age nettement plus élevée. Un peu avant la fin du parcours a lieu le week-end de l’Esprit saint. A Marly, c’était le prétexte d’un moment plus intimiste et plus long entre les participants dans le même grand sous-sol. Tandis que pour les cadres, il s’agissait de marquer l’instant par les moyens mis en œuvre. Nous avions donc rendez-vous dans un monastère parisien. De la vieille pierre intra-muros et authentique. Mais la foi sait s’habiller de mystère. Elle se niche toujours là où on ne l’attend pas.

Il faut bien se mettre en tête, qu’à ce moment là, je suis converti à l’Islam depuis de nombreux mois. De manière très théorique néanmoins, car je ne suis pas les prescriptions alimentaires. Je ne suis pas le dernier à boire le vin à table et je mange tout ce qui m’est présenté. Porc y compris. L’Islam est avant tout pour moi une question de dogme fondamentaux comme le refus de la Trinité ainsi que la divinité de Jésus. J’entends progresser à mon rythme dans l’acceptation et la soumission aux règles. Ce qui fait que je me fonds sans problème dans le groupe. Personne ne peut se douter. Si je côtoie des chrétiens, c’est pour les comprendre de l’intérieur. J’aurais aimé expérimenté de la même manière avec les juifs. Hélas, ce fut de très courte durée. Ce n’est certainement pas pour répondre à des questionnements théologiques ou à dissiper des doutes. Mes convictions sont profondes et vont même se renforcer. Toutefois si les dogmes chrétiens ainsi que leurs rites ne me parlent pas, leur comportement m’est largement plus agréable que celui des musulmans. J’ai d’ailleurs souvent encouragé des frères à se mêler à des chrétiens pour réaliser cela. Peine perdue, ils trouvent toujours de bonnes excuses, quand ce n’est pas pour traiter les chrétiens de mécréants. Cela dit, les chrétiens ne sont pas en reste pour qualifier pareillement leurs cousins. Ce n’est donc pas dans la tolérance et l’ouverture à l’autre que l’on pourra trancher vers l’une ou l’autre communauté. Le week-end de l’Esprit saint est le pilier principal du parcours Alpha. C’est à ce moment là que la foi de chaque participant fait un bond en avant. Mais, à ce moment là, en tant que musulman, tout ce que je percevais de ce jour spécial était l’affirmation de la Trinité que je pensais condamnée par le Coran. Je l’abordais donc avec énormément de réserve. J’étais clairement sur la défensive, paré à toute éventualité. A chaque énoncé du principe de Trinité, je me répétais en moi-même la Shahada. Me focaliser sur l’Unicité divine avant toute chose. Et puis est arrivé cette prière à l’Esprit saint. L’homme qui venait de prendre la parole, était animé d’une grande foi. Ses paroles d’une grande profondeur. Je n’en luttais intérieurement que bien plus. Cela ne me faisait pas de doute: s’il n’invoque pas le Dieu unique, il ne peut qu’invoquer le diable en personne. Qui pourrait répondre sinon en dehors de Dieu le père? Il n’y a personne à ses cotés. D’ailleurs, je vois bien qu’il se passe quelque chose d’anormal. Il y a comme une sorte de présence. Me voilà bien mal à l’aise. Chacun notre tour, nous sommes invités à sortir pour se retrouver seul et à réfléchir à ce que nous allons confier au maître de cérémonie dans la présence de l’Esprit. Me voilà donc dans le couloir. Je sors mon téléphone et je me mets les écouteurs. J’écoute ce que j’appelais à l’époque “Angel on Kabaa”. Je ne savais pas qu’il s’agissait en réalité de la sourate Laylat al Qadr. Lorsque le verset 4 résonne dans mes oreilles, mon corps est traversé par une onde puissante. La sensation n’est pas du tout agréable. Elle ne l’a jamais été d’ailleurs. Mais ce jour là, c’était bien plus puissant que d’habitude. Je me dis qu’une force invisible maléfique est présente en ces lieux. J’essaie de ne pas montrer ma peur. Il faut faire face. Je serre les poings. Je suis fin prêt à revenir dans la salle. Alors comme ça, ils veulent me faire parler à propos de l’Esprit saint? Ils ne m’auront pas. Je les mettrai face à leur contradiction. Je ne les laisserai pas faire. Je prépare mes phrases. J’affute ma répartie. En réalité, je ne le sais pas à ce moment là, mais le verset 4 est un appel à l’Esprit. 97.4Durant celle-ci descendent les Anges ainsi que l’Esprit, par permission de leur Seigneur pour tout ordre. Il est descendu sur moi. Je suis bien incapable de le réaliser. Je rentre dans la salle et je vais m’asseoir au fond en attendant mon tour. Les autres participants, quant à eux, fondent tous en larmes les uns après les autres. Décidément, me dis-je, le malin est très fort. Il parvient à les faire éprouver de fortes émotions pour les garder sous son emprise dans des dogmes d’associations. Les voilà perdus, condamnés. Terrible constat. Je sers les dents. Je ne pleurerai pas. Hors de question. Je ne suis pas dupe.

Vient mon tour. Je rejoins les animateurs. Je suis toujours sur la défensive. Très calmement, ils pénètrent dans mon univers. Les mots visent juste. Me voilà démuni, à découvert. Me voilà à parler de ma mère et de son secret. De cette question qui m’obsède depuis toujours. En quelques secondes, alors que je ne m’y attendais pas, me voilà touché en plein cœur. Ce n’est seulement que maintenant, alors que je rédige ce texte, parce que j’ai voulu illustrer cet article, que je réalise pleinement ce qui s’est passé ce jour là et quelle fut mon erreur. Comprenez bien que j’étais persuadé que le diable était invoqué. Il me fallait m’éloigner du christianisme.

Depuis, j’ai cheminé. Partagé des moments, entendu des histoires, croisé des regards. L’Esprit est avec ces gens. Je le sais. Mais les anges sont dans les mosquées aussi. Ils sont là quand je me prosterne. Parfois. Pas tout le temps.

Il y a quelques temps, un policier a été sanctionné pour avoir manqué de respect au chef de l’état. Comprenez bien qu’il n’y a rien de personnel. Il s’agit bien d’appliquer la loi en rapport avec le chef de l’état. C’est le prestige de la fonction qui est en jeu. Le geste est d’autant plus grave que la fonction de policier exige l’obéissance. De même, quand les chrétiens affirment que Jésus est Dieu, ils s’attachent en réalité à la fonction du Messie. Que sait-on de l’homme Jésus? Il n’est pas décrit physiquement. Nous n’avons aucune idée de son caractère. Aucune transcription de ses émotions, de ses sentiments. Les mots rapportés ont tous un intérêt théologique. En réalité, Yeshoua a disparu. Il ne reste rien de lui. Nous avons vu dans un autre article que la phrase “Mon Dieu pourquoi m’as tu abandonné” n’était absolument pas un cri du cœur mais une explication prophétique placée à point nommée. Le seul véritable moment d’humanité est quand il hésite à boire la coupe de son destin. Et encore, l’analyse a montré qu’il peut s’agir là aussi d’une phrase prophétique clef indépendante de toute volonté humaine. En réalité, ce n’est pas l’histoire d’un homme qui nous est raconté dans les Évangiles, mais celui d’un être virtuel. Un être transcendant qui est l’incarnation du Verbe. En effet, l’histoire est agencée avec une précision ultime par le Créateur. Si l’homme réel possédait un libre-arbitre, il ne reste aucune trace de ses conséquences. Il ne reste que la trame prophétique, la pure prédestination. Je suis intimement persuadé que le support humain aurait pu être n’importe qui. N’importe qui. Même le pire des hommes. Cela n’aurait aucune espèce d’importance, tant l’emprise de Dieu sur la vie de cet homme était grande.

Jésus, Christ, Jésus Christ, tous ces noms ne sont que des concepts théologiques. C’est bien de Dieu, le seul, l’Unique, dont il est question. Le concept de fils ne fait que traduire une incarnation de la Parole. D’ailleurs le Coran ne le dément pas. 4.171 Sa Parole qu’Il envoya à Marie, et un Esprit (Rouh) venant de Lui. Le corps de l’homme Messie n’est qu’un support physique. La relation Père-fils n’a strictement rien à voir avec les conceptions païennes des dieux où ceux-là avaient des relations charnelles et engendraient. D’ailleurs, l’Esprit saint, comme nous en avons eu la preuve dans l’anecdote au dessus, peut se manifester dans tout humain. A des degrés divers suivant l’état de sainteté. (Je suppose). Dans le cas d’un prophète, qui doit exécuter une tache précise, Dieu se ménagera une place adéquate par le façonnement du cœur au travers des épreuves, pour que l’Esprit agisse selon Ses aspirations.

Une parenthèse ici. Il se trouve que la vie de Muhammad, paix sur lui, est décrite dans ses moindres détails. Parfois, on sent bien toute la réaction toute humaine dans une situation contextualisée. Il me semble que libre-arbitre a toute sa place. D’ailleurs, il est rapporté que les compagnons émettaient des avis et que parfois ils étaient contraire au sien et qu’il s’y soumettait. Une partie de la Sunnah est donc inspirée et non révélée. Singer le prophète, sans aucune réflexion consiste à nier cette inspiration, à sacraliser des comportements humains. Cela revient tout simplement à placer un législateur à coté du Créateur. De l’association pure et simple. Ainsi, voilà comme l’on peut inverser les choses. Ce constat, que j’ai déjà abordé ici, est terrible et explique bien des choses sur la situation actuelle.

Quant à moi, avec le temps qui est passé, je me suis appliqué à gommer au maximum tout ce que je suis. Malheureusement, il en reste encore. De ces choses toutes humaines et maladroites qui peuvent blesser. Principalement dans les commentaires ou certaines images. La trame principale, celle des articles, est l’oeuvre de Dieu. C’est elle qui suscitent votre intérêt, provoque vos émotions, vos sentiments. Pas moi. Je n’en suis souvent qu’un simple spectateur. Et s’il reste des traces, elles seront certainement effacées ultérieurement par ma main ou d’autres, s’ils le jugent utiles, si ces écrits sont utiles. Encore une fois, si j’ai pu blesser quelqu’un de quelque manière que ce soit, j’en suis sincèrement désolé. Je ne l’ai certainement pas fait exprès. Des restes de mal. Je paie toujours le prix au comptant. C’est dur mais c’est une miséricorde.

En attendant, j’ai une vie entre les lignes. Je crois. Alors je fais quelques sauts, quelques petits sauts de ligne.

L’élection par Alain Dumont