samedi 20 avril 2024

Ecrire avec la Lumière

Dernières modifications le 8 mai·4 minutes de lecture

La photographie serait-elle une passion susceptible de me détourner de la voie droite? Difficile question. Il est vrai que j’ai délaissé mon boitier reflex pendant de nombreuses années ainsi que mes archives. Et puis voilà que la photo resurgit dans ma vie. Est-ce un bien ou un mal? S’agit-il là d’une épreuve? En nommant l’album dédié à mon matériel: photographie: écrire avec la lumière, n’étais-je pas là en train de légitimer mes propres actes? Et par delà également assumer le fait que je puisse inciter d’autres croyants à suivre mes pas.
Nous sommes dans un temps où il faut faire face à ses propres démons. Il n’est donc pas question de se dérober.

A vrai dire, je ne me souviens plus bien de ce que je faisais lundi après-midi. J’étais surement dans mes archives photos quelque part perdu au milieu de mes disques durs. Je devais penser à ce parallèle que j’avais établi entre l’étymologie du mot photographie et la description qui est donnée dans le Coran du Livre. Je me disais qu’il aurait été pertinent d’ajouter un verset contenant les mots livre et lumière dans la description de l’album. J’entame alors la lecture du Coran à l’endroit où je m’étais arrêté. Sourate an nur. Joli clin d’oeil. Pas de quoi en écrire un article. Il faut bien comprendre qu’à chaque fois que je suis persuadé d’être témoin d’un signe, je ne le rapporte pas. Il faut que cela soit pertinent et puisse servir d’enseignement en dehors de ma propre destinée.

J’ai donc poursuivi d’un coté ma lecture du Coran et de mes disques de l’autre. En alternance. Une idée m’est alors venue en tête: réaliser une mosaïque à l’aide de tous les portraits réalisés dans ma vie. Alors bien sur, ma vie ayant été ce qu’elle a été, il se trouve qu’en fouillant dans mes archives, je devais tomber nécessairement sur des photos pas vraiment recommandables pour un moment de jeune. Et ce, même en prenant les précautions nécessaires. Le terrain est miné. Je passais plusieurs heures mardi matin à éplucher les dossiers et à en extraire, transférer et calibrer chaque image. Fatigué puisque je m’étais attelé à cette tache juste après fajr, je m’allongeais pour finir ma nuit. C’est alors que j’entendais un bip. Le courant venait de se couper. La coupure de courant dura environ une heure et demi. C’est extrêmement rare en région parisienne. Je ne pouvais m’empêcher de penser que si Allah avait réellement voulu, il aurait très bien pu faire que cette coupure de courant arrive au moment où je travaillais sur l’ordi. Rappelez-vous cette fameuse vidéo du rav Ifrah et cette coupure de wifi alors que je m’envoyais une allumette enflammée dans l’oeil.

En tout cas, me disais-je, courant ou pas, il y aura Coran. Rien ne peut m’empêcher de lire. Arrive donc la salat de Dhor, j’en suis à la sourate 35: al fatir. Les versets s’enchaînent normalement, jusqu’au moment où je récite celui-ci:

25. Et s’ils te traitent de menteur, eh bien, ceux d’avant eux avaient traité (leurs Messagers) de menteurs, cependant que leurs Messagers leur avaient apporté les preuves, les Ecrits et le Livre illuminant (wa bil kitabi l-mounir).

C’est alors qu’un voile couvre ma voix. Je repense immédiatement à une vidéo que j’ai vu quelques temps plus tôt dans la matinée où il est question d’un imam qui perd sa voix durant la récitation et qui est remplacé. Je continue à réciter mais le voile ne disparaît pas. Et si ma voix devait s’éteindre comme ça, juste après ce verset, que devrais-je comprendre?

Il me fallait réaliser simplement que ma réflexion sur le fait que rien ne pouvait m’empêcher de réciter était fausse. Il ne s’agit que d’une miséricorde. En ces temps de confinement, où la récitation individuelle est l’un des seuls actes d’adoration possibles, j’aurais alors perdu tout moyen. Je me suis dit que si ma voix devait rester voilée ou s’éteindre, il me fallait l’accepter. Le voile est parti avant la fin de la sourate. Je savais alors que je devais en faire part ici et que je n’avais pas le choix. Qu’importe si cela est à mes dépends et si j’en comprends pas tous les enseignements. J’ai tout de même laissé passer un peu de temps.

Voilà donc qui est fait.

Que la paix soit sur vous.