samedi 20 avril 2024

La tour, prends garde!

 

La Tour de Garde est le nom du journal édité par la communauté des Témoins de Jéhovah. Je reste persuadé qu’il y a du bon à retenir dans chaque communauté. Jusqu’à ce jour, je ne m’étais jamais vraiment penché sur le cas de celle-ci. J’ai accepté une invitation à la découvrir. Je suis allé de surprises en surprises. Dans la mesure où la doctrine appliquée nie le principe de Paradis et Enfer, il me semble que nous sommes pas vraiment dans le cadre du monothéisme.
A vrai dire, passés les premiers instants où l’on peut être impressionné par les tenues vestimentaires et le comportement des participants, on commence à être envahi d’un certain malaise d’assister à une sorte de pièce de théâtre. Tout semble artificiel. Bien sur, il ne s’agit là que d’un ressenti.
A la fin de la représentation, le responsable vient s’entretenir avec nous. Il m’énonce brièvement les divers points de doctrine qui font leur particularité et qui vont être confirmé par ce que je vais lire par la suite.  Refus du débat, contrôle centralisé absolu, flicage, uniformité politique, sélection, cooptation, etc etc… La communauté parait si puissamment refermée sur elle-même, il me semble qu’il n’y a pas grand chose à entreprendre. Laissons faire le temps, si cela est possible. Au cours de la conversation, j’aborde une parabole qui me semble essentiel pour comprendre les enjeux messianiques: la parabole des vignerons. Au moment où je développe mon propos, un étrange sourire de satisfaction se dessine sur le visage de mon interlocuteur. Impossible de discerner ce qui a pu provoquer cela. La conversation se prolonge. Je ne peux m’empêcher d’être surpris par les inconsistances en connaissances bibliques. En réalité, si l’on analyse brièvement les enseignements, on réalise qu’ils se concentrent essentiellement sur tout ce qui a  été introduit abusivement dans la Révélation durant les premiers siècles de notre ère. Cette communauté incarnerait à merveille une sorte de boussole à l’envers. Si bien qu’elle peut s’avérer riches en enseignements mais à ses dépends. Elle condense à elle seule, toutes les fausses doctrines, et parvient à en faire un tout à-peu-près cohérent. Je dis bien, à-peu-près, car tout cela ne tiendrait pas 5 minutes face à un théologien sérieux, quelque soit sa confession.
Le paradigme est dualiste. La création, si elle n’est pas présentée comme l’oeuvre du diable, en présente toutes les caractéristiques. Rien de bon n’en provient. La matière est condamnée. Nous nous trouvons en totale opposition avec l’esprit de la Torah, qui fait de la création, l’esprit du Créateur qui s’incarne dans la matière. Lorsque le croyant monothéiste prétend que le monde est une prison ou que Satan règne ici-bas, cela ne signifie pas pour autant que l’incarnation dans la matière est une malédiction. Cette doctrine a été supportée pendant plusieurs siècles par des groupes important tels que les Cathares. Cela signifie simplement que ceux qui s’adonnent au mal ont la particularité de n’avoir aucun scrupules pour accéder au pouvoir et à l’argent et se retrouvent tout logiquement en haut de la pyramide sociale. Il ne faut pas tomber dans l’extrême et considérer le monde comme se limitant à une lutte de classe. Cette vision est matérialiste. Bien sur, des gens riches ou puissant peuvent oeuvrer pour le bien, bien qu’ils ne sont pas majoritaires. L’essentialisme n’est pas de mise.  De même , la pauvreté n’est pas synonyme de vertu. De ce paradigme adopté par les Témoins découle un ensemble de doctrines qui emprunte sa morale aux écritures. L’aspect sacerdotal est inexistant. Le culte se limite aux lectures des enseignements en commun. Une chansonnette évoquant des thèmes bibliques dans la modernité pour conclure la séance. De fait, voilà des chrétiens qui ignorent le coeur de l’évangile, à savoir l’eucharistie. La prière en commun, l’adoration.

Une fois rentré, mon attention se porte sur l’organe de propagande du part… pardon, du collège central. La Tour de garde. Il faut bien comprendre que le collège central se positionne comme dépositaire de l’Esprit de Dieu sur terre pour les croyants. Seul son point de vue et ses enseignements sur les écritures ont droit de cité. Et à vrai dire, la composition de ce collège apparaît quelque peu opaque. Etant donné son statut, le journal qui est donc le support de la Parole divine transmise aux fidèles, se place quasiment au niveau des écritures. Le nom donné doit donc avoir une importance particulière. L’explication donnée sur le site officielle n’est pas très convaincante. Une recherche sur le net ne donne rien de probant. Je finis par me tourner vers le chat d’IA. Il me répond Esaie 21.8, en me fournissant quelques éléments d’explication:

21.8 Puis elle s’écria, comme un lion: Seigneur, je me tiens sur la tour toute la journée, Et je suis à mon poste toutes les nuits;

En parcourant le contexte et en considérant les éléments fournis par le chat, je ne suis pas convaincu. Ce passage d’Esaie parait bien anecdotique. Aucun élément décisif du récit ne vient justifier une telle appellation.
Le principe de la tour qui surveille me parait bien trop léger.
C’est alors que la lumière se fait dans mon esprit: je me souviens du sourire du responsable local. J’étais alors en train d’énumérer les éléments propres à la parabole des vignerons. Le Créateur est le propriétaire de la vigne. Le peuple des croyants est la vigne. Les vignerons sont les érudits et les prêtres en charge des écritures. Les prophètes sont les serviteurs qui viennent demander des comptes. La clôture semble être la délimitation de l’Alliance.  Le Messie vient faire rendre compte aux vignerons. Il vient reprendre leur autorité. Leur refus le condamne à mort. Mais il y a un élément de la parabole qui est cité par le texte et qui ne prend pas part à l’explication: la tour.

Mt 21.33 « Écoutez une autre parabole. Il y avait un propriétaire qui planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour ; puis il la donna en fermage à des vignerons et partit en voyage.

Dans l’étude récente sur cette parabole, j’émettais l’hypothèse que la tour symbolisait le pouvoir militaire qui a la fonction de protéger le peuple élu des agressions extérieures. Tout porte à croire, que le collège central, fort de l’idée que le Messie était venu démettre les vignerons de leurs fonctions, s’est imaginé incarner les occupants de cette tour. Non pas, dans une perspective de protection temporelle, mais dans l’idée qu’elle était plus élevée que les dépositaires des enseignements de la foi monothéiste, qui eux, demeurent substituables. Ce vocabulaire, employé à dessein car il rappelle un article récent (les Dieux et les inutiles), nous suggère que les membres de ce collège central se prennent pour des dieux.
Il est toujours possible d’argumenter qu’il ne s’agit que d’une hypothèse. Mais j’invite chacun à mener l’enquête. La conclusion parait assez circonscrite.
Il est à noter qu’un point de doctrine important est le pacifisme radical. Il est ironique de constater qu’ils s’identifient à la tour de la parabole si l’on considère que celle-ci symbolise le groupe de ceux qui sont en charge de la défense militaire, le roi dans sa mission temporelle.

A vrai dire, étant donnée la relativement courte durée d’existence de ce groupe et son image désastreuse, on pourrait se douter de la pertinence à mener cette étude. Les plans du Créateur sont parfois imprévisibles. Il se trouve que ce cours épisode vient éclairer d’un jour nouveau un point primordial qui lui a été étudié et exposé maintes fois ici-même. Le mot tour ne vous dit rien? Non, pas Tur. Son opposé!

Magdala peut se traduire par tour. Arimathée également. (La racine hébraïque רם (RM) signifie hauteur, endroit élevé, et se retrouve dans le nom de plusieurs localités. Ha-Ramathaïm veut donc dire, littéralement, les hauteurs.) Magdala et Arimathée pourrait donc être des synonymes désignant des individus se revendiquant de la tour qui domine le peuple des croyants. De ceux qui sont inamovibles alors que les prêtres et les rabbins se succèdent. Si ces deux-là possèdent la particularité de rester en place, c’est parce qu’ils bénéficient de l’immortalité. C’est à dire qu’ils se réincarnent de générations en générations afin de perpétuer la lignée royale.

En dehors des moyens technologiques modernes à disposition, peu de chose séparent ces gens  de ces stars déconnectées de la réalité qui incarnent de véritables idoles pour une partie de la population. Vous remarquerez que dans l’ombre de ces stars, il y a toujours des bonimenteurs qui ont compris tout l’intérêt de livrer une légende clef en main en échange d’une part sur leur fortune. C’est ainsi que de pseudos experts en ésotérisme deviennent des enseignants en kabbale. Au mieux ce sont de simples escrocs, au pire de véritables sorciers qui possèdent la connaissance de la magie ancienne dont parle le Coran et qui participent à a une magie moderne au profit de leurs fortunés clients. Les outils de la magie moderne sont les drogues de synthèse, les techniques de suggestion sur les foules, l’audiovisuelle, le vidéo-ludique.

Il y a 2000 ans, quelque part entre Damas et l’Adiabène, apparaît un certain Ananias, qui se présente comme un rabbin. L’homme s’est spécialisé dans le prosélytisme des têtes couronnées. Lorsque sa route croise Hèlene, il saisit tout le potentiel: beauté, richesse et statut de noblesse royale. A noter que nous retrouvons ce même nom, Ananias, à l’origine de l’histoire de Paul sur le chemin de Damas, voilà la raison de la mention initiale. A ce moment là de l’histoire, des rabbins échafaudent déjà des théories autour des 10 tribus du royaume de Samarie. Or, la famille royale vient d’Adiabène, qui est le petit royaume centré autour des villes de Ninive et Arbelès. A mi-chemin de ces deux villes se trouvent les ruines de Dur-Sharrukin, qui n’est autre que la ville bâtie par le roi assyrien qui est le responsable de la déportation de l’élite samaritaine, donc l’acteur majeur de cette théorie. De là, à imaginer que la famille royale alors au pouvoir, dont il est impossible à l’heure actuelle de retracer l’origine, serait descendante de la lignée royale d’Israël, il n’y a qu’un pas. Lorsque l’on rentre dans ce genre de supposition, l’imaginaire n’a pas de limite. Il se trouve que le mot Adiabène en hébreu est Hadyab. Ce mot peut être décomposé en Had, Un/unique et Yab qui signifie 12. On peut alors y voir un lien avec les 12 tribus. C’est un peu tiré par les cheveux, mais bien présenté, cela peut ajouter de la cohérence à l’ensemble et pas moins crédible que certaines théories modernes autour des 10 tribus.
Quelles que soient les hypothèses que l’on peut faire pour trouver des arguments, nous disposons de suffisamment de données historiques pour accréditer cette hypothèse. Au fond, jusqu’ici, il nous manquait juste un élément pour relier la famille royale d’Adiabène, sa conversion, son investissement pour le temple, son excellente image auprès des rabbins et la tradition rabbinique d’une part et d’autre part Marie de Magdala, le disciple bien-aimé, la tradition johannique, le millénarisme de la communauté.

La doctrine johannique puise sa source dans diverses traditions polythéistes. La principale demeure le mythe d’_sis. Ce mythe est d’ailleurs, et il suffit de le vérifier en faisant une recherche sur le net, toujours autant d’actualité, pour tous ceux que le monothéisme ne satisfait pas, qu’ils s’adonnent à la magie, à la sorcellerie ou à des fantaisies linguistiques apparemment inoffensives. Si l’évangile johannique présente des spécificités qui trahissent sa nature, force est de constater que l’adversaire a su imposer sa présence. En effet, nous retrouvons un épisode commun à tous les évangiles mais dont les versions divergent nettement. Il s’agit de l’onction à Béthanie. Ce nom semble provenir de la contraction de Beyt Ananias, mais il ne s’agit que de pure spéculation de ma part et je n’aspire pas à creuser le sujet. Si nous faisons une synthèse, voici ce que l’on pourrait dire. Une femme, qui se fait appeler Marie de « haute lignée », s’invite à un dîner avec le Messie et les apôtres. Elle verse des larmes sur les pieds et/ou la tête du Messie, qu’elle essuie avec ses cheveux. Elle le parfume avec un parfum de grand prix après en avoir cassé le vase (Luc). Quelqu’un fait une remarque désobligeante à son endroit. Le Messie la bénit pour son action et évoque sa mort prochaine.

On peut se dire que le Messie n’est qu’un homme et qu’il s’est laissé un peu dépasser par cette femme et son talent d’actrice. Mais on peut aussi se dire qu’il a totalement conscience que cette mise en scène fait parti du plan divin et que même si le récit est déformé dans la tradition, viendra un temps, et celui-ci est venu, où tout sera remis en ordre afin de confondre les coupables. En réalité, si je mentionne cet élément qui parait ne pas servir la théologie messianique, ne prodigue pas d’enseignements pour les croyants et semble totalement hors-cadre, c’est qu’il est un révélateur car il n’est pas une invention scripturaire. Rappelons-nous que, selon le Coran, le Créateur laisse le Diable inscrire ses mensonges et manipulations aux cotés de sa Révélation afin de constituer une pierre d’achoppement pour ceux qui ont une maladie au coeur. Voici donc  ce qui se cache derrière cette scène:
Selon un archéologue allemand, comme rapporté sur la page wiki, _sis serait initialement le qualificatif de la prêtresse désignée pour être la pleureuse placée à la tête du défunt lors d’une cérémonie funéraire. Une légende se serait développée autour de l’une d’elle, surement du fait de sa beauté et de son lien avec le souverain alors en charge. Cette légende aurait évolué en divinisation selon un processus classique dans l’histoire. En Égypte ancienne, les pleureuses ne coupaient pas leurs cheveux, mais elles les dénouaient et les laissaient pendre librement en signe de deuil. Dans des bas-reliefs, nous pouvons constater des pratiques liées à ces cérémonies: le fait de se prendre les cheveux dans les mains comme pour les arracher, le fait de briser des vases et enfin de oindre les corps de parfum.

 

Bris de vases lors des rites funèbres. The Memphite Tomb of Horemheb

 

Scènes de funérailles dans le mastaba d’Idou.

Source:
https://journals.openedition.org/rhr/6043
https://unsouffledhistoires.com/2022/02/11/le-parfum-dans-legypte-antique-entre-rituels-magiques-et-cultes-divins/

Des textes écrits sur des murs de pyramides rapportent cette onction d’_siris par _sis. Le parfum participe à la régénération du corps.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Textes_des_pyramides
Toutes ces pratiques sont étrangères à la Torah.
Dans les évangiles de Marc et Mathieu, cette scène se passe juste avant la Cène. Les 4  récits établissent un clair lien avec la mort du Messie.
Le bris de vase est un rite d’exécration, c’est à dire de malédiction de l’ennemi.
https://journals.openedition.org/mondesanciens/158#tocto4n2
Dans le cas de l’association de ce rite avec le rite funéraire, c’est le nom de l’ennemi du défunt qui est mentionné afin d’assurer la victoire de ce dernier par delà la mort. Toutefois, dans le cas d’un sacrifice, le nom inscrit est celui de la victime. Celle-ci est liée. Dans le cas qui nous préoccupe, le rite s’effectue avec une personne vivante, il s’agirait donc bien d’un sacrifice: le bris de vase consacre l’exécration à l’égard de la personne du Messie. Les liens seraient donc symbolisés par les cheveux qui entravent les pieds. Pieds, qui dans la Bible, symbolisent l’acte sexuel ainsi que nous le trouvons dans: Il (David) dit à Urie : « Descends chez toi et lave-toi les pieds. » (1 Sam 11,8)
Si les Apôtres ne savent pas à quoi ils assistent et sont dans le déni de ce qui est sur le point de se passer, il semblerait que cette femme adresse un message clair de sa pleine compréhension et du rôle qu’elle désire incarner. Tout porte à croire qu’elle s’imagine dominer la situation. Que le Messie ne pourra rien pour entraver son action. Le Messie est donc bien face à son pire ennemi. L’acte est une déclaration de guerre d’une rare subtilité.
De par son rang social, elle a été informée de la décision prise par les prêtres à l’instant même où leur réunion a pris fin. Nous pouvons même supposer qu’elle agit en collaboration avec eux. Il est possible qu’elle ait influencé la décision. Enfin, il est tout à fait envisageable qu’elle pense faire parti du groupe de la Tour et qu’elle domine ainsi à la fois Sanhédrin et Ordre romain. Ainsi tout ce petit monde, Messie compris, ne serait que des acteurs contribuant à la gloire de la famille royale d’Adiabène, voire sa divinisation.

Mais:

Mt 23.12
Quiconque s’élèvera sera abaissé,
et quiconque s’abaissera sera élevé.