vendredi 29 mars 2024

Kikkar

Cet article se situe dans le prolongement du travail de l’archéologue Steven Collins, qui, depuis de nombreuses années a dédié sa vie à redonner une matérialité aux récits de la Bible et plus particulièrement à la destruction de Sodome. Je ne vais donc pas reprendre tout son travail. Les résultats de ses travaux sont publiés sur internet dans un site, ainsi que dans des conférences courtes ou amplement détaillées (en anglais seulement). A l’inverse des scientifiques modernes, Collins prétend qu’il est nécessaire d’avoir une truelle dans une main et une Bible dans l’autre pour réussir dans cette entreprise. Il en a fait son leitmotiv. Force est de reconnaître qu’entre des concordistes, souvent évangélistes américains, déconnectés de la réalité, et des athées forcenés, il a su tirer son épingle du jeu avec brio en gardant la tête sur les épaules.
Collins est donc parti de la Bible pour trouver Sodome. Voici les versets où tout commence, au moment où Abraham, paix sur lui, propose à son neveu de séparer leurs deux tribus devenues trop importantes pour cohabiter:
Gen 13.10 Lot leva les yeux, et vit toute la plaine du Jourdain, qui était entièrement arrosée. Avant que l’Eternel eût détruit Sodome et Gomorrhe, c’était, jusqu’à Tsoar, comme un jardin de l’Eternel, comme le pays d’Egypte. 11 Lot choisit pour lui toute la plaine du Jourdain, et il s’avança vers l’orient. C’est ainsi qu’ils se séparèrent l’un de l’autre. 12 Abram habita dans le pays de Canaan; et Lot habita dans les villes de la plaine, et dressa ses tentes jusqu’à Sodome.
Dans toutes les Bibles modernes, il est question d’une plaine. Or, le mot utilisé est kikkar, qui n’est pas un terme géographique, mais un mot qui désigne une pièce de monnaie ou bien un pain rond et plat. Il faut donc chercher l’endroit où la plaine du Jourdain ressemble à un disque plat. Il n’y a qu’un seul endroit: au nord de la mer Morte.

Le kikkar selon Collins
 
Cet endroit, Collins le connait bien, il a mené pendant de nombreuses années des fouilles sur le site de Béthel et Aï. Et de ce site, on a une vue dégagée vers l’est, du kikkar (rond) du Jourdain, ainsi que de Jérusalem. Il est vrai que la région ressemble étrangement au delta du Nil. Il comprend alors qu’il est à l’endroit même où Lot a levé les yeux presque 4000 ans plus tôt. De ce point, on ne voit pas le sud de la mer Morte, les théories modernes sur l’emplacement de Sodome semblent donc invalides. Il décide donc d’investiguer les ruines de la vallée qui lui fait face. Les ruines de l’age de bronze moyen sont nombreuses. L’une d’elles est particulièrement étendue (500m*1000m), il focalise dessus et entame le travail de fouille. Il retrouve les différents niveaux habités du premier millénaire qui sont modestes. En parvenant aux couches inférieures, il met à jour des murs de fortification particulièrement épais. Environ 700 ans sépare la couche du bronze de la suivante. Ce qui est significatif d’un abandon pur et simple de la cité. Celle-ci a subi une violente destruction par le feu. L’étude de poteries et de briques de construction montre une température anormalement élevée. L’homme est persuadé d’être au bon endroit car toutes les données temporelles et géographiques correspondent avec les données bibliques. Il met à jour la porte de la cité gardée par d’imposantes tour de briques. Un roi vit là, à n’en pas douter. A cette époque, coincées entre l’Egypte et Sumer, des cités-états se répartissent Canaan. Puis, il découvre deux indices sur la nature de cette cité; une représentation d’un taureau avec les cornes dirigées vers le bas et des constructions en colonne. Ceux-ci sont typiques de la civilisation minoenne. Or, la civilisation minoenne avait une particularité: elle avait instauré des rites d’initiation pour les jeunes garçons. Ceux-ci étaient pris en main par un adulte, sexuellement, et s’il le fallait par la contrainte. Nous pourrions imaginer que le kikkar de la vallée du Jourdain avait été colonisé par des minoens. Ils y auraient reproduit leur société avec tous ses travers. Ce ne serait donc pas pour condamner l’homosexualité que Sodome a été détruite mais pour éradiquer la pédophilie institutionnelle de ce peuple. Ce que, de nos jours, on pourrait appeler la pédophilie en réseaux, puisqu’elle ne peut plus s’afficher ouvertement au sein de la société. Il y a fort à parier que cette société, parce que justement elle pratiquait des rites initiatiques, n’acceptait pas que des étrangers de simple passage puissent jouir de ses largesses. Une sorte de communautarisme poussé comme on peut le trouver chez les amishs par exemple. Sauf que Sodome était riche, très riche.
Fort de toutes ces constatations, Collins est donc persuadé que Tall al Hammam ( les ruines du hammam, car il y avait un therme romain) est Sodome et que les autres sites environnants sont les autres villes détruites au même moment, citées dans la Bible. A savoir, Adamah, Tseboïm, Gomorrhe ainsi que d’autres non citées. Une région rayée de la carte par la main de Dieu.
Je tiens à saluer ici son travail et il est clair que c’est avant tout sa foi qui l’a guidé dans cette œuvre. Il est béni. Néanmoins, il me faut poursuivre ce travail et le conclure.
Tout d’abord, reprenons la carte:

Le « grand » Kikkar
Collins a délimité le Kikkar à la zone verte. Si l’on observe les montagnes depuis Béthel, elles apparaissent en un arc de cercle beaucoup plus grand. Le Kikkar est alors aux pieds de l’observateur.
Reprenons la Bible. “et Lot habita dans les villes de la plaine, et dressa ses tentes jusqu’à (ad) Sodome.” Lot, en bon nomade, a séjourné dans les différentes villes. “Jusqu’à” semble indiquer que Sodome n’est pas compris dans le Kikkar, mais légèrement en dehors. Il nous faut alors considérer un autre verset:
Gen 19:28 Il porta ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe, et sur tout le territoire de la plaine; et voici, il vit s’élever de la terre une fumée, comme la fumée d’une fournaise.
Abraham se tient du coté de Béthel à ce moment là. La phrase est “du coté (paniy) de Sodome” et “et du coté de tout le territoire”. Il regarde bien à deux endroits distincts. Cela semble confirmer que Sodome, bien que proche du Kikkar est situé à l’extérieur et qu’elle reste observable depuis Béthel. Nous pouvons imaginer alors que les deux plus grands rois se tiennent dans Sodome et Gomorhe dans une vallée au milieu des montagnes plus protégés contre les envahisseurs. Tandis que le peuple cultive dans la vallée , et qu’il y a une ville fortifiée en son sein. (De Tall al hammam, on a une vue très dégagée sur l’ensemble de la vallée et vers Jérusalem). Trois autres rois se séparent le pouvoir. La Bible confirme l’unité de ces 5 rois et de leur importance militaire, bien qu’ils se fassent battre par leurs adversaires (Genèse 14).
Mais c’est le Coran qui va mettre un terme à ces incertitudes:
15.76 Cette ville (Sodome) se situait sur une route établie
37.137 Et vous passez certainement auprès d’eux (les habitants de Sodome) le matin et la nuit. Ne raisonnez-vous donc pas?
25.40 Ils sont passés par la cité sur laquelle est tombée une pluie de malheurs. Ne la voient-ils donc pas?
Au moment de la révélation du Coran, les ruines de Sodome sont visibles depuis les routes qu’empruntent les nomades arabes commerçants. Cela signifie que cela ne peut correspondre avec le site de fouilles puisque celui-ci montre des traces d’habitation recouvrant entièrement l’antique ville. Mais dans le Coran, il est bien question de la ville de Sodome et non de l’ensemble des sites peuplés. Si bien que tandis que les ruines des villes secondaires ont pu être recouverts puis ré-habités, ce n’est pas le cas de la ville principale. Car c’est bien sur Sodome qu’est tombé la malédiction, car il s’agissait de la plus grande ville, et qu’elle contrôlait les autres.
Le Coran est formel: la malédiction est visible, et ce, pour l’éternité.
Il n’y a qu’un seul endroit qui possède toutes les caractéristiques requises et qui est d’une taille supérieure au site de Tall al hammam. Tall al hammam serait vraisemblablement Adamah. Un endroit où la mort est omniprésente et s’affiche à la vue de tous, le long d’une route majeure empruntée par les caravaniers. Un endroit où personne n’habite plus depuis bien longtemps alors qu’il est parcouru par l’un des rares cours d’eau dans une région aride.
Cet endroit, c’est la vallée du Cédron:
 

Des tombes sur les flancs du mont des oliviers tandis que le le fond de la vallée demeure inhabité. Près d’un kilomètre, soit la taille d’une grande cité antique, nous sépare du dome du Rocher.

 

Une carte dont les zones en rouge sont toujours inhabitées malgré la très forte densité de population de Jérusalem. Il n’y a que des tombes et des mausolés depuis au minimum plus de 2500 ans.
L’un des dieux des cananéens était Shalim. Choqués par la violence de la destruction, ils nommèrent cet endroit maudit: la fournaise de Shalim.
C’est à dire en hébreu: Ur-Shalim. Le nom antique de Jérusalem.
Merci à Emmanuel.
 

Compléments:

 
Ur Kasdim
Gen 15.7 L’Éternel lui dit encore: Je suis l’Éternel, qui t’ai fait sortir « d’Ur Kasdim« , pour te donner en possession ce pays.
Coran 29.24 Son peuple ne fît d’autre réponse que : « tuez-le ou brûlez-le » . Mais Allah le sauva du feu. C’est bien là des signes pour des gens qui croient.
 
Ur en Chaldée est une mauvaise traduction. Tout d’abord parce que la ville de Mésopotamie s’appelle en réalité Urim et non Ur. Et qu’ensuite Kasdim n’est pas un nom propre mais un nom commun qui signifie démon. Allah, dans la Bible, disait donc qu’il sauvait son prophète de la fournaise des démons. Ur signifie bel et bien fournaise ou feu.
Il était essentiel de gommer ce sens dans la Bible, car il était alors possible de faire le lien entre le Ur de Babylone et celui de Shalim.
Exemple:
Esaïe 47 : 14 Voici, ils sont comme de la paille, le feu les consume, Ils ne sauveront pas leur vie des flammes : Ce ne sera pas du charbon dont on se chauffe, Ni un feu (Ur) auprès duquel on s’assied.
Le pain du mystère:
Il semblerait que le pain du mystère de Proverbes 9.17 n’en soit plus un. Kikkar est souvent utilisé pour décrire le pain. Petit rappel:
Proverbes 9:17 « Les eaux dérobées sont plus douces, (la source du Gihon) et le pain mangé en secret est savoureux. »
Une certaine proximité:
Néhémie 12.28 Les membres des chœurs de chanteurs s’assemblèrent tant du kikkar qui avoisine Jérusalem que des villages de Netofa
Fouilles récentes:
Nom 33.49 Ils occupaient la rive du Jourdain, depuis Bêth-Hayechimoth jusqu’à Abêl-Hachittîm, dans les plaines de Moab.
Visionner l’exposé. Vers la fin, Collins pense que Beth-Hayechimoth (maison de la désolation) correspond au sommet du site.
 
Mes articles en lien avec la réelle identité de Jérusalem: