samedi 27 avril 2024

Binge watching

Voilà maintenant 4 ans que j’ai en tête le titre de cet article. Tout a commencé au visionnage d’une série qui a remué le monde internet des croyants bien avant sa sortie. Énormément de musulmans mettaient en garde contre l’antéchrist. Une fois sortie, tout cela est retombé comme un vieux flan. En effet, la série  dans sa prétention à imaginer le scénario de la fin des temps, s’était révélée pas vraiment à la hauteur de ses ambitions. Reconnaissons que les acteurs étaient plutôt bons ainsi que la réalisation. Dans une autre perspective de fiction assumée, avec un univers différent par exemple, la série aurait pu connaitre du succès car le scénario pouvait éveiller la curiosité. Mais quant à faire réfléchir sur l’idée du messianisme à l’époque moderne, la fin de la série, bien loin de tenir en haleine les spectateurs, montrait que tout cela n’allait nul part. Comptaient-ils sur les fans de la série pour alimenter le réservoir à idée?  Possible. En tous les cas, la série a surtout été appréciée par les mécréants. Un Messie taillé sur mesure pour l’occidental pétri de bien-pensance. Pas de quoi alarmer les croyants quant à une réelle menace. L’excuse de la situation sanitaire pour justifier l’arrêt de la série n’est pas suffisant dans la mesure où les séries à succès ont majoritairement repris. J’ai vu l’intégralité de la série. J’ai pensé à rédiger un article, mais je me suis ravisé en me disant que c’était lui accorder trop d’importance. D’ailleurs, je ne pense pas qu’il aurait été beaucoup plus long que cette introduction. Si j’ai le courage, je ferai peut-être une analyse plus en détail, mais j’ai mieux à faire il me semble. En conclusion, reconnaissons le bienfait de la démarche de mettre les choses en perspective, cela pourra toujours servir de raisonnement par l’absurde: l’histoire d’un Messie qui récolte des « j’aime » sur les réseaux sociaux à la vue de tous.

Je suis loin d’avoir vu toutes les productions sur le sujet. J’aime assez l’oeuvre de Zeffirelli. Il me semble qu’elle est indépassable. L’acteur est de loin le plus convaincant quant à l’idée que chacun se fait du Messie dans son ministère. Mais ce n’est qu’une idée. Je suis assez friand des scènes des marchands du temple et de la confrontation avec les grands-prêtres. Je serais bien incapable d’avoir une telle attitude devant une foule. Cela me fait fantasmer. Peut-être un jour… 😛 C’est d’ailleurs la rare fois où j’ai trouvé que le doubleur français était plus convaincant que l’acteur. Chacun comprendra que j’ai du mal à voir certaines scènes qui rapportent des mensonges, mais ce n’est pas la faute du scénariste. Un petit coup « d’avance rapide » est alors nécessaire. Ce dernier, comme je le mentionnais récemment, a cru bon ajouter la scène de la réunion extraordinaire du Sanhédrin. On pourrait lui reprocher de ne pas respecter le texte, mais force est de reconnaître qu’elle est très pertinente et a le mérite de mettre les choses en perspectives quant aux querelles de pouvoir qui, elles,  sont intemporelles.

De mon point de vue si particulier, je retiens deux films. Le premier représente le coté lumineux, c’est « la vie de Brian« .  Pour l’anecdote, Brian a été mon pseudonyme à mes débuts sur les chats, c’est à dire internet avant les réseaux sociaux. Aucun rapport avec le film, c’était le prénom de l’auteur du livre sur la marque emblématique de sportives italiennes que j’avais sous les yeux au moment de la création du compte. Vous pouvez lire aussi: https://www.stephanpain.com/2014/09/07/otto-von-nairene/ 
L’histoire d’un type qui se retrouve victime d’un malentendu et aspire juste à être tranquille tout en ne supportant pas l’injustice. L’humour des Monty Python a été à la source de nombreuses carrières. La scène qui dénonce les dérives de la transition de genre et les convergences de lutte a tout simplement 40 ans d’avance. (tapez: Combattre l’oppression symbolique sur le tuyau ) Le deuxième, l’aspect plus sombre, c’est « la dernière tentation du Christ« . Ce film m’a réellement bouleversé tant il est juste quant aux conflits intérieurs et dans le rapport aux autres. Il ne faut pas non plus tout prendre au pied de la lettre au niveau théologique, cela va sans dire. Ce n’est pas un hasard si ces deux films ont été fermement condamnés par les gardiens autoproclamés de la foi. Le point central de ce dernier, c’est le rapport à la femme aimée. Un homme n’est rien sans une femme, même avec le Créateur sur le dos. Sephora, Khadija, Fatima étaient des femmes exceptionnelles. Sans elles, ces saints hommes n’auraient peut-être pas eu la volonté. Je dis peut-être car tout cela ne sont que des spéculations. Vous pouvez connaitre tous les hadiths par coeur, vous ne saurez jamais vraiment ce qu’ils éprouvaient.
A l’occasion de la rédaction de cet article, j’ai revu ces deux films. Je tiens à compléter mon propos. Il est clair que ces films ne s’adressent pas à des croyants à la foi vacillante. Il faut bien se mettre en tête que si chacun possède un style différent, l’un la dérision et l’autre le drame psychologique, les doctrines exposées sont similaires. Ils s’attaquent bel et bien à la communauté des croyants, et spécifiquement aux chrétiens. L’un et l’autre ciblent le rapport du croyant à la figure christique en l’humanisant. En cela, ils sont très pertinent, et c’est cela que je voulais mettre en avant. On ne progresse jamais mieux dans sa foi que dans les épreuves et dans sa compréhension de la Loi dans sa critique acerbe par un ennemi déclaré. En réalité, une attaque frontale armée d’une critique pertinente fondée et intelligente, est bien plus constructive qu’un discours mielleux apparemment ancré dans la foi et les écritures, mais qui s’avère perverti par une mauvaise doctrine qu’une poignée seulement parviendra à percevoir. Sans vouloir être désagréable, il se trouve qu’un personnage sévit sur le net en commettant des vidéos et un livre afin de dénoncer l’Islam en se présentant comme un apostat. J’ai tenté plusieurs fois de me pencher sur ses propos, comme j’ai pu le faire avec d’autres et cela s’est avéré fructueux. Avec lui, ce n’est pas le cas. Il n’y a rien à en tirer. Le prix à payer est que ceux dont la foi est faible, et qui sont le coeur de cible, se laisseront emmener par la critique et trouveront une caution intellectuelle à leur éloignement. Faut-il le combattre? Non, c’est peine perdue. Seul Allah guide. Si ces films n’existaient pas, ces gens là trouveraient d’autres sources pour les justifier, certaines sont incontrôlables car totalement décentralisées. Nous pouvons remarquer un lien qui unit les deux films fortement, le rapport à la nudité et la sexualité. C’est tout à fait logique, dans le contexte, d’auteurs qui vampirisent le message christique. De la même manière qu’en contexte coranique, ce sera la violence qui sera un marqueur de la dénaturation du message originel.
Être croyant, ce n’est pas se retirer du monde, mais se confronter à lui et accepter les critiques les plus virulentes. Apporter une réponse juste, saine mais ferme dans un climat serein est la meilleure réponse.
Un dernier mot sur le sujet. Dans mon article de fin décembre sur la gnose, je rapportais l’exposé d’un gnostique moderne sur sa doctrine. Il y a quelques jours, il a sorti une nouvelle vidéo qui traite de « Le sens de la vie« . Il montre que le groupe de comiques anglais s’inscrit dans sa propre tradition spirituelle dans une courte scène du film. En effet, il adhère à l’idée que l’âme n’est pas insufflée à la naissance mais qu’elle anime l’être qui entreprend une démarche d’introspection. Présenté ainsi, nous reconnaissons aisément la démarche maçonnique. Nous en déduisons que si l’âme descend à l’age adulte, cet événement doit se produire à un moment précis qui correspond à l’aboutissement d’un travail. Cela ne peut être que lors d’une cérémonie d’initiation. Cette doctrine est étrangère à la Révélation. Celui qui professe cela ne fait pas parti des gens du Livre. Aucun compromis n’est possible.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais écrire quelques mots sur d’autres productions audiovisuelles. J’ai revu les « 10 commandements ». Outre les acteurs principaux, très occidentalisés, j’en suis resté sur ma faim. Quand on pense à la débauche de moyens, il est dommage de constater que l’histoire a été tronquée à ce point. Pour on ne sait quelle raison, la période jusqu’à la montée au Sinaï pour entrer en ministère prend une place démesurée par rapport aux quelques lignes dans la Bible. De l’histoire on ne retient que l’aspect épique, avec de grandes images de magie divine. Mais tout l’aspect psychologique dans son rapport à la foi d’un peuple plus ou moins uni autour d’un groupe dans   un monde polythéiste antique est gommé. Le sujet est à peine effleuré, et pourtant  il est intemporel. Observer les mécanismes dans un contexte différent, permet de projeter notre propre situation en perspective. Le film s’arrête au moment où justement, le peuple est en train de s’autonomiser. Il est sur le point de gérer l’aspect sacerdotal de la foi. Comprendre les fondements du sacerdoce, c’est aussi s’armer pour le réformer soi-même. Un film est sorti il y a quelques années sur l’histoire. Je ne vais pas le nommer. Je ne l’ai pas vu, je me suis contenté d’extraits. Ce que j’ai vu m’a suffit. Tous les défauts du film des années 50 ont été amplifiés. Nous avons droit à une longue course poursuite en char avec une débauche d’effets spéciaux. Hors sujet. Je n’ai pas vu le dessin animé des années 2000. Par contre, j’ai aperçu une espèce de chose autour des rois mages. Il ne restait absolument rien de l’évangile. Il n’était qu’un lointain prétexte pour dérouler de la propagande idéologique moderne appuyé sur un univers de magie. Comme quoi, il y a une cohérence.
Pour ceux qui ne l’ont pas vu, un incontournable: le Message. A croire qu’il y a 50 ans, le monde était plus connecté que maintenant. J’ai vu la série turque qui porte le nom d’un des compagnons, celle avec moult épisodes. Elle n’a rien à envier aux studios américain en terme de budget. C’est intéressant mais elle n’aborde la révélation coranique essentiellement que sous le prisme guerrier, et c’est  lassant parce que répétitif. Etant donné l’état de la Ummah à notre époque, je ne suis pas vraiment étonné du succès rencontré. C’est une sorte de réécriture de l’histoire afin de servir un narratif de victimisation. Cela peut paraitre paradoxal, mais démontrer que les croyants guidés par le Créateur sont invincibles, tend à démontrer que face à eux ne peut que se présenter les forces du mal. J’ai aperçu des productions modernes sur le sujet de l’empire ottoman. Inutile de dire que c’est dans la même veine, et que cela exalte le coté guerrier et redresseur des torts de la veuve et de l’orphelin par procuration des musulmans modernes assis confortablement dans leur canapé avec un sandwich à la main livré par un migrant.

Comme vous devez vous en douter, si j’en viens à aborder ce sujet, c’est que je tiens à dire un mot sur la série qui connait un réel succès populaire en ce moment même à sa 4ème saison, cette fois auprès des chrétiens. Internet est rempli de témoignages de retour à la foi plus ou moins en rapport avec sa diffusion. La prétention de la série n’est pas le divertissement, mais bien l’enseignement. L’enjeu ici étant la vie éternelle d’un très grand nombre, ce n’est clairement pas une responsabilité  à prendre à la légère. Assumer cela, c’est accepter la critique. C’est même salvateur. Une critique scénaristique ne peut être sérieuse que si elle se fait en ne se laissant pas manipuler par l’émotion, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Alors quand je lis que les scénaristes ont demandé la validation d’érudits, soit ces gens mentent, soit ils sont incompétents. Je ne suis pas désolé d’être aussi rude. C’est ainsi, que cela vous plaise ou non. On ne joue pas avec les écritures. Lorsque je parviens au terme d’un travail conséquent à établir que telle ou telle phrase a été inventée, voire un mot ajouté, voire une simple lettre qui va tout changer, ce n’est certainement pas pour constater que certains vont allégrement inventer des récits complets avec de nouveaux personnages. Autant vous le dire, au moment de la première rédaction de ces lignes, je n’avais pas dépassé le premier épisode. Ce qui n’était déjà pas mal dans la mesure où quand j’ai pris connaissance du concept, je m’en suis totalement détourné. A ce sujet, je pense que raconter l’histoire des personnages secondaires aurait été très pertinent si le Messie n’était jamais apparu et que l’on avait pas essayé de singer/réinterpréter les écritures. C’est d’ailleurs justement le point fort de « la vie de Brian », puisque Brian est clairement le Messie mais selon une vision débarrassée de son carcan politico-religieux dans le mauvais sens du terme. Malgré cela, je constatais qu’en comparaison avec la série de 2020, celle-ci occasionnait une masse de commentaires élogieux, certains venant de gens se présentant comme religieux, voire des membres du clergé catholique. Ce qui a déclenché le besoin d’entamer la rédaction de cet article a été la découverte récente d’un extrait comportant la scène de la lecture du rouleau d’Esaie, paix sur lui, devant toute  la synagogue pour signifier l’entrée en ministère public. La scène s’achevait sur la phrase « je suis la Loi de Moise« . Les spectateurs adoraient cette phrase choc comme si l’évangile se devait de s’inscrire dans la culture de la joute verbale expresse, je cesse les anglicismes, tant à la mode sur les réseaux sociaux. J’étais outré. Comment pouvaient-ils autant pervertir les écritures? Que l’on se plaise, à des fins d’évangélisation, à donner un relief à toute la myriade de personnages secondaires, afin que les gens puissent s’identifier aux acteurs de cette extraordinaire histoire, je pouvais adhérer à cette démarche. Mais que l’on en vienne à modifier des paroles afin de servir je ne sais quelle volonté scénaristique, c’est une autre histoire. Nous ne sommes pas en train de parler d’un sujet secondaire. Il s’agit d’une déclaration concernant le lien du Messie à la Loi révélée. C’est tout le rapport entre deux communautés pluri-millénaires qui est engagé. C’est également un point de divergence majeur entre chrétiens et musulmans, puisque le Coran est avant tout un cadre légaliste qui vient épauler le message évangélique. Donc non, ce n’est pas un sujet à prendre à la légère. Il ne suffit pas de répondre que le but de la série est de travailler les coeurs et que le littéralisme est réservé aux psycho-rigides. D’ailleurs, c’est le message qui est martelé dans ce premier épisode avec le personnage ridicule de Mathieu. Si j’affirme cela, c’est d’abord parce que le personnage est bien trop caricatural, mais surtout parce que dans l’antiquité bien plus qu’à notre époque, les charges « étatiques » étaient psychologiquement éprouvantes. Un hyper-sensible est incapable d’assumer la charge de participer à imposer une fiscalité injuste sans finir par développer des pathologies physiques trahissant sa dissonance interne, le rendant indisponible à sa fonction. Que l’on se rassure, c’est cette scène de phrase choc à la synagogue qui a provoqué la scission entre les spectateurs. Une minorité a cessé d’y accorder du crédit. Les autres ont été confortés dans leur vision pseudo-progressiste, d’une Eglise qui doit ployer sous les injonctions du monde profane. Mais le plus important est à venir.

Bien souvent, tout se joue au premier épisode. Et tout bon épisode mise sa trame scénaristique sur la scène d’introduction. Je parle ici en tant que réalisateur de clips et amateur de cinéma. Premier plan: un homme psalmodie. Une mention apparaît alors: Magdala 2 BC. Voilà, ça y est nous y sommes. Je crois que tout est dit. Cette série n’est pas sur le Messie. C’est elle qui est choisie. L’absence de genre en anglais permet de dissimuler la supercherie. C’est elle que l’on va voir tout le temps. Oh, ne tombez pas dans les travers d’une grille de lecture féministe, mais ai-je seulement besoin de le préciser? Une femme ou un homme, c’est exactement pareil face au péché. Il se trouve que c’est une femme qui est le plus efficace ici dans son rôle de disciple de l’adversaire. Oui, autant être direct car eux le sont aussi. Elle est présentée sous le nom de _ilith. Il suffit de voir à quoi ce nom renvoie. Dans les livres apocryphes gnostiques, elle est la rivale primordiale d’Eve, tout simplement. Elle entend prendre sa place auprès de Adam, paix sur lui. Ce nom va revenir tout le long de l’épisode. Il me semble que je dois insérer ici ceci. Si la délivrance des démons est le sujet principal, nous devons tout de même nous pencher sur la scène de possession. La femme est défigurée et les cheveux en pagaille. On ne se remet pas instantanément de ce genre de situation. Il est dit qu’elle ne garde pas souvenir de ces moments, c’est dire si l’emprise est forte. Pourtant ses cheveux apparaissent très bien peignés dans les scènes à la taverne. Cela peut sembler un détail, mais j’ai les cheveux longs et après avoir travaillé du plâtre, je me suis retrouvé avec des paquets de noeud sur la tête. Il m’a été impossible de les défaire et c’est au prix d’une perte d’une partie que je suis enfin parvenu au bout d’un temps assez long à récupérer une chevelure lisse. Cela suggère que le personnage que nous voyons dans la scène de l’exorcisme avec le prêtre, n’est pas le même que la rencontre entre le Messie et la femme. Le personnage effrayant, dans une image très travaillée, dit alors: « Nous n’avons pas peur de vous. » La question ici est: qui parle réellement ici? Qui vient de s’immiscer dans cette série à caractère religieux? Comprenons bien que je n’accuse pas les créateurs de la série d’être des satanistes. Gardons bien en tête que nous sommes des êtres imparfaits et que nous avons des failles. Le diable s’immisce toujours dans les failles pour les exploiter. Pour aller au bout de l’explication, nous pouvons imaginer que l’une des failles serait un attrait pour l’occulte et les images effrayantes.

Ne sachant pas vraiment où déposer cette information, je viens de découvrir dans un exposé réalisé par des réformistes détracteurs de la foi catholique qui exposent tous les travers de l’univers autour de la série, un extrait tourné avec une caméra domestique où l’acteur principal qui joue le Messie annonce qu’il a prêté serment dans une loge. Je vais vous mettre la transcription de ses mots en anglais:

« Five years ago i was knighted by the order of the Salem…uh Sovereign military order of the temple of Jerusalem. I lost my mind for a second. Essentialy the knights templar. (…) They asked me to join their ranks »

Il y a cinq ans, j’ai été fait chevalier de l’Ordre de Salem… euh Ordre souverain militaire du temple de Jérusalem. J’ai perdu la tête pendant une seconde. Essentiellement les templiers. Ils m’ont demandé de rejoindre leurs rangs »

Salem ne me fait pas du tout penser à une ville, mais plutôt à une congrégation de sorcière. La vile de Salem est dans le Massachusetts.

La femme que nous voyons est une femme du 21ème siècle. Je ne suis pas spécialiste de l’aspect social de la Judée antique, mais il me semble que si une femme n’avait pas un tissu sur la tête, elle devait au moins attacher ses cheveux. Une femme avec les cheveux au vent et aussi soignés ne pouvait clairement que être une prostituée puisque les femmes du peuple avaient de quoi s’occuper. Dans « la dernière tentation du Christ », MM est une prostituée de manière assumée. Elle ne participe en rien à la prédication et n’a aucun lien avec les écritures. Elle est beaucoup plus crédible et plus attachante. D’ailleurs, le scénariste la fait mourir, comme si la justice reprenait ses droits dans l’absolu. Alors évidemment, la première disciple du Messie en femme de ménage avec les mains et les cheveux abîmés ce n’est pas très sexy. Parce que sexy, ça elle l’est. D’autant qu’elle passe son temps à la taverne à boire des coups au comptoir. En l’écrivant, je réalise pleinement le ridicule absolu de ces scènes. Bref. Tout ça pour ça, pensez-vous? Juste suggérer aux chrétiens que c’est « cool » de se laisser aller, de faire un peu comme on a envie et que Dieu nous accueille comme si on allait dans un restaurant de sandwich américain rond et gras? Non, trop simple. C’est bien plus profond, vous allez voir. On reconnait le Sheitan dans ses oeuvres: il ne peut pas s’empêcher de détourner les écritures.  En effet, voici le verset central de l’épisode et de la vie entière de ce personnage (il est récité au début et à la toute fin de l’épisode):

Esaïe 43.1 Ainsi parle maintenant l’Éternel, qui t’a créé, ô Jacob! Celui qui t’a formé, ô Israël! Ne crains rien, car je te rachète, Je t’appelais par ton nom: tu es à moi!

Vu que vous êtes arrivés jusqu’ici, vous êtes assez éveillés. On reconnait une variante du sous-titre de cette fameuse  chanson provocatrice de 2021 que nous avions traitée le mois dernier: Appelle-moi par ton prénom.
https://www.stephanpain.com/2024/01/19/tombant-du-ciel/
Vous pouvez enlever les prénoms Jacob/Israël, paix sur lui, il ne sert que de prétexte ici. D’ailleurs la séquence insiste bien là-dessus car toute la tension de l’épisode est tournée vers la diction de ce verset complété par le prénom usuel  de cette femme dans les évangiles. Au passage, si vous ne l’aviez pas noté, Mariah a le même sens que Moriah, à savoir désobéissante. Cette fois, il semblerait que ce soit l’Éternel, par l’intermédiaire de son Messie, qui s’adresse à l’adversaire par l’intermédiaire de sa chère disciple. L’adversaire fantasme d’un rachat de son être.
Ecoutez, c’est bien simple. Je n’ai rien à voir là-dedans. Je ne prononcerai pas ces paroles à qui que ce soit. Que l’adversaire se débrouille lui-même avec le Créateur. Je me désavoue totalement d’être intercesseur le concernant. En tant qu’expert des écritures, je n’ai rien lu qui va dans le sens d’un tel rachat. Quant à ceux qui le suivent, le message parait assez clair. La question qui doit préoccuper chacun est: la porte de la Miséricorde est-elle fermée oui ou non? Du point de vue rabbinique, on peut aussi se poser la question d’un conseil des Sages qui statuerait sur le sort qui lui est réservé.

Sur ce, je vous laisse. Si l’envie me prend je poursuivrai l’analyse, mais rien d’obligatoire. Vous savez que j’aime bien publier et corriger et compléter ensuite.

Un dernier mot cependant. Il est clair que la plupart d’entre vous n’auront aucun mal à s’identifier à moi dans la mesure où je suis clairement l’européen de base. La majorité d’entre-vous l’avait déjà compris. En réfléchissant à ce sujet pendant toutes ces années, je me suis dit que nous étions dans une sorte de concours. Tous ceux qui seront meilleurs que moi seront au Paradis. Il ne s’agit pas d’un concours d’érudition, je vous rassure. Cela explique le sens du verset 43.77 du Coran. Je ne suis pas taillé comme un videur, mais il semble que je suis à l’entrée. Ça me va. Si vous me lisez et que vous avez le coeur chaud, c’est bon signe. Vous avez « passé la porte ».

Ajout 17/2: Alors que je regardais la suite, mon regard tombait sur un objet qui était sur mon bureau depuis dimanche. En effet, j’ai ressorti mon manteau épais en cuir. Comme j’avais remarqué les traces de saleté laissées par la génuflexion sur mon jean, j’ai fouillé dans mes poches juste avant l’eucharistie car j’y laisse toujours des serviettes ou des mouchoirs en papier. Je tombais alors sur une serviette d’une pâtisserie parisienne qui devait être là depuis de nombreuses années. Le nom de l’établissement m’était familier en tant qu’étudiant des écritures. Voici l’objet en question.


Carette. Sur le moment, je n’ai pas vraiment pris cela comme un bon signe. Le mot Kareth m’est venu immédiatement en tête. C’est un mot à double sens. Il signifie à la fois faire Alliance ou retrancher de l’Alliance. Tout cela, je le savais déjà. Comme je n’aimais pas trop ce que je lisais, je l’ai remis dans ma poche pour  plus tard. Mais, une fois connu, un signe ne peut pas disparaître. La serviette est restée à coté de moi pendant ces quelques jours. Alors que je regardais la scène où les romains en bateau débusquent les juifs qui ne respectent pas le Sabbat, et j’avoue ne pas vraiment en comprendre le sens ni à trouver cela crédible, mon regard tombe sur la serviette. Je t’appelais de Esaie 43.1, c’est Qarati du verbe Qara conjugué au passé. Un Q et non un K. Mais il y a une date: 1927. Je voyais bien qu’il fallait que je cherche un 19.27. Alors j’ai cherché. Et j’ai fini par trouver rapidement un 19.27 qui donnait un sens au mot Kareth. Mais comme cela ne me plaisait pas, alors j’ai continué à regarder l’épisode. Je me suis alors endormi au bout de quelques secondes. Qu’à cela ne tienne, je reviens en arrière. Peine perdue, je me réveille de nouveau un peu plus tard. A présent, ça tire. Impossible de lutter. Je n’ai pas d’autre choix que de rédiger cette note. Est-ce que cela vient répondre à la question que je posais? Je vais cliquer sur publier en disant Bismillah et je reviendrai  confirmer si cette pesanteur en moi a cessé. Cela devient vraiment insoutenable. Voilà il s’agit du verset 19.27 de Luc:

Luc 19.27
Quant à mes ennemis qui n’ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et mettez-les à mort devant moi.

Après avoir fait cette mise à jour, je me suis vidé d’un coup. C’est ainsi, je ne peux rien faire de ma propre volonté.

Ajout 18/2:

EX 12.19 Pendant sept jours, il ne se trouvera point de levain dans vos maisons; car toute personne qui mangera du pain levé sera retranchée de l’assemblée d’Israël, que ce soit un étranger ou un indigène.

Constatons que ce retranchement se trouve en bonne place de l’application de la loi de Pessa’h. Si vous vous posez des questions quant à ce Kareth, c’est à dire ce retranchement des gens du Livre, voici un élément de réflexion. Il se trouve que parmi les lois du Sabbat il en est une qui est âprement discutée: la loi de tri des aliments. En voici l’énoncé:

Trois conditions
Lorsqu’un aliment et des déchets sont mélangés, il est interdit de les séparer par le procédé du ‘tri’ sauf dans le cas où les trois conditions suivantes sont remplies :
1) Il faut séparer l’aliment du déchet et non pas le déchet de l’aliment.
2) Le tri doit se faire à la main et non pas à l’aide d’un instrument désigné à cet effet, comme par exemple un tamis.
3) La séparation a pour but une consommation immédiate et non pas plus tardive. (3, 256)
Il s’en suit que celui qui enlève un déchet d’un aliment, même s’il le fait manuellement et en vue d’une consommation immédiate, viole l’interdiction de trier. De même, celui qui prend un aliment et en laisse le déchet pour le consommer plus tard transgresse l’interdiction de trier. Trier au moyen d’un instrument désigné à cet effet sera également prohibé même si l’on sépare l’aliment du déchet et qu’on le consomme tout de suite.

Je rappelle ce verset du Coran, qui est essentiel dans notre situation:

4.159 Il n’y aura personne, parmi les gens du Livre, qui n’aura pas foi en lui (le Messie) avant sa mort. Et au Jour de la Résurrection, il sera témoin contre eux.

Le Kareth signifie, en clair, être retranché des gens du Livre et ne plus pouvoir accéder à l’au-delà. J’avais abordé la question du tri dans un précédent article. Je concluais par: Ce tri ne procède pas de l’élimination physique mais de l’élimination de l’âme. Voir:
https://www.stephanpain.com/2022/05/04/2-femmes/

Ajout 19/2
La suite de la série comporte la scène de la pêche miraculeuse. Comme je l’explique, cette abondance de biens matériels n’est pas destiné à constituer une preuve de légitimité mais à favoriser les conditions pour se livrer à sa tâche de disciple entièrement. Voici à présent Mathieu 19.27

Mathieu 19.27 Pierre prit alors la parole et dit : « Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi. Que se passera-t-il pour nous ? »

La réponse:

28 Jésus leur répondit : « Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur son trône de gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes et vous jugerez les douze tribus d’Israël.

Il faut traduire douze tribus en la totalité des communautés de croyants. Ce 19.27 est aussi un Kareth, dans le sens où il s’agit d’être retranché de la vie d’ici-bas. On pourrait argumenter que ceux qui passent un voeu auprès du clergé catholique font le même marché et troquent leur vie d’ici-bas contre l’au-delà. Oui mais un tel contrat ne peut s’établir que dans la vérité divine révélée absolue. La vérité du clergé catholique n’est que relative. Elle n’est qu’un contrat passé entre humain. Cela rejoint la thématique abordée dans le précédent article sur les actes sanctifiés. Seul le Messie peut trancher (c’est le sens du mot Kareth) quant à la légitimité d’un contrat qui engage sur les liens entre la vie ici-bas et dans l’au-delà. Nous comprenons sans ambiguïté, que le haut-clergé catholique est un haut-lieu d’aisance.

 

Paix sur vous et bon courage.

 

Annexes

https://en.wikipedia.org/wiki/Kareth

Liste des incohérences notées au fur et à mesure du visionnage

  • Capharnaum au temps des évangiles comptait 1000 habitants. La ville qui sert de cadre à la série est bien plus grande. Les images nous renvoient à une cité majeure. En conséquence, le personnage de Mathieu, si effectivement il pouvait être dans un confort au dessus de la moyenne, ne pouvait certainement pas correspondre au personnage décrit ici vivant dans une riche et grande maison avec des serviteurs. Il n’aurait certainement pas eu besoin d’être aidé pour traverser le marché en se cachant. Cela peut paraître anodin, mais cela change totalement l’ambiance. La série n’a donc pas pour but de reproduire l’histoire mais à plonger le spectateur moderne dans un environnement familier.
  • La ville possède un quartier rouge. Qu’est-ce donc que cela? Doit-on en déduire qu’il s’agit d’un quartier de prostitution? Anachronisme. Quel est le but poursuivi ici?
  • Il est clair que si une femme avait agressé un homme et était soupçonnée de possession, la seule réaction plausible des soldats de la garnison aurait été de la jeter en prison si les habitants n’arrivaient pas à gérer la situation et non de missionner eux-même un grand prêtre pour pratiquer un exorcisme.
  • MM vit seule. Quelle est la source de ses revenus? Où est sa famille? Si elle est prostituée, cela n’est pas dit, ni même suggéré.
  • La possession est très caricaturale. Généralement les possessions entraînent des comportements déviants qui se mêlent avec le comportement global de la personne. Elle ne se souvient pas des crises de possession.
  • En prononçant le verset en vue de l’exorciser, le prétendu Messie suggère que le « je » se confond avec sa propre personne, lui conférant un statut divin. Introduction d’un point théologique majeur basé sur de la pure fiction
  • Alors qu’aucun apôtre n’a été choisi (du moins aucune scène ne va en ce sens à ce point là du récit), elle prononce: « son heure parmi les hommes n’est pas encore arrivé ». Cela suggère qu’elle détient des informations sur la Passion avant tout le monde.
  • Le personnage de Nicodème trouve curieux que l’exorciste ne tire aucun honneur en restant anonyme réduisant l’acte à de la magie.
  • Si Mathieu est si particulier, il est peu probable qu’un romain le missionne pour espionner
  • Dans le miracle de la pêche, Simon proclame le rabbi comme Messie. Les évangiles ne nous disent pas cela. Ce n’est pas pour sa qualité de Messie que les apôtres ont suivi. A ce sujet, cette abondance en nourriture, traduisant un certain confort matériel, ne devrait pas être un sujet de réjouissance, car en réalité il ne s’agit là que d’inscrire les apôtres dans une dynamique de totale dévotion à leur guide. Et cela implique d’autres choses, à savoir de renoncer à leur vie ancienne, notamment leur vie familiale. Ce qui fut valable il y a 2000 ans, l’est encore d’avantage de nos jours dans la mesure où la vie dans nos grandes métropoles est totalement hors-sol et rend impossible de vivre simplement de la terre. Si nous réduisions le miracle de la pêche à une simple « démonstration de force » en vue de prouver la légitimité du Messie aux yeux de ses disciples, nous ne faisons que renforcer la soumission aveugle et non consentie et en faisons de la magie.
  • La pêche miraculeuse. 4 hommes sortent une tonne de poisson à 4 avec un modeste filet dans 40 cm d’eau. Tout ça sous le regard d’une trentaine de personnes assises sur la plage à une dizaine de mètres. Tout cela est très démonstratif.
  • Interrogé sur le Messie, Jean, paix sur lui, n’a aucun doute et semble savoir des choses que même les apôtres ignorent.
  • L’épisode 5, de presque une heure, est orienté quasi exclusivement autour de la fête. Les fournisseurs du vin accordent énormément d’importance au fait qu’il y en ait en abondance pour leur réputation. Ils s’attribuent la faute du manque par rapport au nombre d’invités. Toute la tension de l’épisode est donc tournée vers la consommation du vin le meilleur. Il est clair que l’opposition vis à vis de l’Islam est le but profond ici alors que l’évangile en fait un épisode court et pas vraiment déterminant. Ce qui est normal puisque le but était différent: une simple introduction à la gnose. voir https://www.stephanpain.com/2016/01/06/les-noces-de-cana/
  • Discussion entre deux rabbins au sujet de Jean, paix  sur lui. Jean est accusé d’avoir utilisé Esaie 40.3 dans un sens physique plutôt que spirituel afin de démontrer qu’une divinité se serait incarnée dans la chair. La façon dont la chose est tournée laisse sous-entendre que la citation d’Esaie et la déclaration sur les sandales sont interconnectées. Les sandales confèrent une présence physique à leur porteur. Esaie annonce la venue de l’Eternel. La seule et unique raison évangélique de la condamnation de Jean est son accusation de fornication portée au roi de Galilée. Mensonge et manipulation.
  • Bon point: où il est question de prier dans des lieux secrets. En mettant les choses en perspective, le scénariste a placé dans la bouche d’une personne du peuple une simple question: « Comment faire alors que je ne me sens pas à l’aise dans ma prière à coté de gens qui ont une grande maitrise des écritures? » Nous comprenons alors qu’il n’est pas question que la prière  soit seulement dans des lieux secrets.
  • Épisode 7: le serpent. L’introduction nous renvoie à un épisode très court du ministère mosaïque (Nombres 21: 4-9).
    3.13 Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Constatons une chose: le Messie est né d’une mère, il n’est donc pas descendu du ciel. Le fils de l’homme qui est dans le ciel n’est pas le Messie, mais l’adversaire lui-même. Cette théologie s’appuie sur l’interprétation biaisée introduite dans la Septante du porteur de lumière qui descend du ciel, elle-même prolongée dans l’apocalypse.
    3.14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé,
    Les chrétiens voient ici une analogie avec la croix. Il serait suggéré que de contempler le Messie en croix à la manière des hébreux dans le désert, apporte la guérison. Mais on peut aussi comprendre que si Moïse, paix sur lui, aurait élevé le serpent en son temps, de même il doit être élevé en ce temps et contemplé par ses disciples. Le serpent doit reprendre sa juste place.  Ceci fait écho aux écrits gnostiques que nous avions vu dans « les Sans Roi ». Là, c’est le serpent qui se place au-dessus de l’arbre de la connaissance pour l’offrir à Adam, paix sur lui. 15 afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. 16 Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.
    « Donné »: Il n’est pas mentionné de crucifixion ici. Le fils unique, monogene, peut très bien faire référence directe à la description donnée par Josèphe dans ses antiquités judaïques de la naissance du fils de la reine rouge. Le texte se poursuit d’ailleurs en ne parlant que de la lumière en ce monde. Et celui qui est descendu du ciel en est porteur selon une certaine interprétation. Il est ironique de constater que le seul passage qu’ils s’appliquent à retranscrire plutôt précisément d’un épisode entier des évangiles, provienne d’une source parasite gnostique. Mais on peut aussi y déceler une certaine cohérence et une fois de plus raisonner par l’absurde.
  • Dans le dialogue avec le centurion, il est dit que Mathieu fait un travail qui s’oppose à Dieu car il collecte les impôts. Or, il s’agit d’une erreur car cela rentre en contradiction avec le fait de déclarer que ce qui est à César revient à César.
  • Cela n’a rien à voir avec le récit, mais je ne comprends pas cette manie de faire bouger la caméra tout le temps, surtout dans les scènes de dialogues où les personnages sont statiques et relativement calmes. Certains passages m’obligent à détourner le regard tellement c’est perturbant. Y-a-t-il eu des recherches sur l’effet produit sur le spectateur?
  • Episode 8. Un prêtre aborde le sujet du livre de Daniel, paix sur lui. Cet angle théologique ne sera abordé qu’au moment de la confrontation avec le Sanhédrin, c’est à dire juste avant la Passion. Il n’est donc pas question d’une rumeur d’un homme qui laisserait entendre qu’il serait le Créateur incarné.
  • Un chien ne peut pas comprendre pourquoi il est abandonné. Pour lui, il n’a pas de responsabilité dans l’intérêt supérieur qui le transcende. Il ne peut être en mesure d’accepter ou non le statut de prophète d’un humain, ni d’un disciple investi entièrement. C’est tout à fait le sens du Khilafah accordé à  l’homme. Un animal reconnait dans son maitre l’autorité qui lui a été conféré et la responsabilité qui en découle. En échange, il remplit son rôle selon ses capacités et éprouve des émotions. N’étant pas sous contrat, il ne peut être jugé à la fin. Etant donné que les périodes de ministères laissent peu de place au libre-arbitre, il est peu probable que l’un des protagonistes ait du abandonner un chien. Et non, un chien ne se contente pas des parents de son propriétaire. Cela ne marche pas ainsi.
  • L’épisode de la Samaritaine.  Pour lire mon avis sur le passage initial: https://www.stephanpain.com/2015/10/29/la-femme-adultere/  Ici, nous avons une synthèse de l’égarement. Il semblerait que l’intention scénaristique soit ici de racoler sur les terres du féminisme moderne car je n’ai pas bien compris pourquoi ce personnage aurait un privilège de savoir aux dépens des autres habitants. Autant être clair, si le seul intérêt de faire apparaitre cette femme au bord du puits de Jacob, paix sur lui, est de lui démontrer que l’homme qui lui parle est le Messie en lui montrant que l’on détient des informations sur elle sans la connaitre, alors cet homme peut très bien s’avérer être un sorcier. En effet, il est extrêmement simple pour quelqu’un qui a conclu un pacte avec des entités invisibles de recueillir des informations sur des humains que ces entités détiennent. Si quelqu’un usait de ce stratagème avec moi pour tenter de prouver qu’il détient une autorité spirituelle sur moi, j’aurais toutes les raisons de me méfier de cette personne. Manipulation par l’émotion, encore une fois. Et si les auteurs de la série exposent ainsi une foi basée sur de la magie, c’est que leur outil audiovisuel en est une forme aboutie. Sinon pour en revenir au sujet principal de cet épisode qui est en réalité la divergence théologique entre Juifs et Samaritains, à savoir le support physique du culte qui est le temple, nous sommes bernés. Il serait question de dépasser la question du temple, et en donnant au culte une dimension purement spirituel. L’ennui, c’est qu’une phrase revient souvent dans l’évangile gnostique, à savoir « le salut vient des Juifs », ce qui montre que la divergence entre les deux groupes ne se limite pas au lieu d’adoration. Contradiction majeure de la théologie développée. En réalité, les auteurs  de l’évangile se trahissent, car si rien ne justifie cette affirmation c’est que la raison est à chercher ailleurs que dans le texte. Ici c’est l’introduction du concept d’eau et d’esprit. Le sujet est intéressant, mais l’aspect matériel du culte n’a en rien disparu. J’en veux pour preuve, à l’intérieur du christianisme, la divergence entre les catholiques et les protestants sur la présence d’iconographie dans les lieux de culte. C’est bien la foi qui se matérialise. Elle n’est en aucun cas purement spirituelle. Le fait est que si ces deux confessions se sont entretuées démontre superbement que cet épisode de la Samaritaine et le concept qui lui est lié est totalement en dehors de la Révélation. Dans l’article « Miskan », j’explique que si le culte abandonne la centralité du temple, c’est parce que les fautes d’idolâtrie matérielles ne peuvent plus être réparées par le culte. Le judaïsme rabbinique s’inscrit totalement dans cette évolution cultuelle. A ce que je sache, l’eucharistie est un culte matériel. Il faut déduire de tout cela, que les véritables auteurs de ces textes pratiquent un culte qui n’est pas décrit dans ceux-ci. Est-il pour autant, purement spirituel? Permettons-nous d’en douter sérieusement.
  • Saison II. D’après ce que je comprends, il ne m’est plus possible de visionner simplement les épisodes et j’avoue ne pas avoir vraiment envie de débourser de l’argent. C’est clairement une question de principe. Je pense que cette expérience est une bonne leçon pour comprendre pourquoi les croyants sont nommés les gens du Livre (ahl al kitab).  Je viendrai peut-être laisser quelques commentaires sur des extraits. Mon but initial n’est clairement pas de faire une analyse linéaire, mais bien de saisir la substance, l’esprit de la série. Pour cela, il m’aurait fallu tout regarder, soit faire du binge watching. Je me rends compte que j’ai été trop perturbé par la forme et que j’ai bien peur que la synthèse ne soit pas si pertinente à effectuer. Tout ceci est une sorte de raisonnement par l’absurde pour démontrer que tout ce qui a pu être entrepris pour vulgariser, imposer, simplifier, étoffer, et qui a pu partir de bonnes intentions, au cours de l’histoire de la Révélation, n’a en réalité servi qu’à servir les mauvaises intentions du malin. Il est logique que ce soit systématiquement l’évangile gnostique qui demeure la référence chez les créateurs de contenu de fiction basée sur les écritures. Nous voilà au 21ème siècle, et le temps est venu de faire table rase de toutes ces légendes afin de revenir au coeur des enseignements: le Livre.
  • Si je devais désigner la personne qui a pu tomber amoureuse du Messie et que cela fut réciproque, je pencherais sur Marthe. Oubliez bien sûr l’épisode johannique, elle n’est décrite que dans Luc. Tout simplement parce que sa soeur écoute les enseignements tandis qu’elle s’affaire dans la cuisine afin de se concentrer sur autre chose. Le Messie, en bon homme qui se respecte et qui a du mal à comprendre la psychologie féminine, lui reproche son manque d’attention à ses enseignements. Je ne serais pas étonné si le texte qui a été la base du corpus n’ait pas été révisé par Marthe. Tandis que de l’autre coté, nous savons qui encadrait le corpus ennemi. Je l’ai assez martelé. Comprenez bien que étant donné la durée du ministère et le peu de perspective offerte pour la vie familiale, l’accomplissement de cet amour naissant ne pouvait absolument pas se concrétiser. Aucune volonté ici de prôner le célibat, ou d’affirmer qu’une essence divine empêche la vie de couple. Je crois que ce qui me ruine l’âme le plus dans les débats entre chrétiens et musulmans, c’est quand j’entends les chrétiens s’enorgueillir de la supériorité de leur religion, et donc d’eux-mêmes, lorsqu’ils assènent à leur interlocuteurs que celui dont ils sont les disciples a donné sa vie pour eux.
    Dans le cadre de ma revue des classiques au printemps 2023, j’ai donc revu « le Message ». Le Prophète, paix sur lui, n’y apparait jamais et pourtant il est omniprésent. Je me souviens qu’aux toutes premières images, alors que les cavaliers galopent dans le désert avec cette  musique intemporelle, j’ai pris alors conscience de tout ce qui allait se dérouler ensuite, un grand déchirement m’a traversé le coeur et je me suis mis à pleurer. Paix sur vous.